C H A P I T R E . 19

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Point de vue de Gabriel

J'espérais que cette fête me ferait oublier les vacances que j'ai passées, mais c'est tout le contraire. Surtout quand un groupe d'amis ayant appris que je jouais de la guitare m'a réclamé un morceau. Pas mal de personnes m'encerclent. Mais plus je joue, plus j'entends les réflexions de mes parents.

Concentre-toi sur le positif.

J'ai passé de superbes moments avec ma sœur, j'ai joué quelques morceaux avec Clem, revu Sarah et même son chat, Berlioz. Avec d'autres amis du lycée on est allés au ciné, en soirée, on s'est retrouvés tous ensemble et c'était incroyable. Le problème est que rentrer chez moi le soir était toujours pesant.

— Quel dieu, ironise une voix féminine.

Je n'ai pas besoin de lever les yeux pour reconnaître qu'il s'agit d'Oxana. Il n'y a qu'elle pour critiquer même si je fais quelque chose de bien. Je ne savais pas qu'elle était revenue de vacances, et je savais encore moins qu'elle était invitée à ma propre soirée. J'imagine que je peux remercier Sibyle. Je lève la tête et découvre que pour une fois ses cheveux ne sont pas lâchés. Elle les a coiffés en de nombreuses petites tresses. À chaque fois que mon regard se pose sur elle, je ne peux pas m'empêcher de la dévisager comme si c'était la première fois, parce que sa beauté hypnotiserait n'importe qui. 

— J'ai hâte de t'y voir, répond-je en lui tendant l'instrument.

Une lueur provocatrice illumine son regard et à mon plus grand étonnement, elle vient s'asseoir à côté de moi sur le canapé. Elle saisit la guitare et positionne ses doigts. Je ne savais pas qu'elle en jouait. Quand elle commence à gratter les cordes, je comprends que ce n'est pas le cas. Elle fait n'importe quoi alors je pose ma main sur la sienne pour l'arrêter. Ce n'est pas son genre d'agir comme ça.

— C'est un massacre, me moque-je, t'as beaucoup bu ?

Elle me fait signe que non.

— Pas une goutte.

Puis, elle s'approche comme si elle voulait me confier quelque chose. Ses lèvres effleurent presque mon oreille quand elle murmure :

— J'ai juste envie de m'amuser ce soir.

Elle recule avec un sourire mesquin que je ne reconnais pas. Je ne l'ai jamais vue comme ça.

— C'est pas possible, déclare-je comme si c'était interdit.

— Pourquoi ?

— Parce que "Oxana" ne rime pas avec "s'amuser".

Elle hausse les sourcils.

— Toi qui pense mieux me connaître que moi-même, dis-moi avec quoi ça rime dans ce cas.

Je fais mine de réfléchir, mais la réponse est évidente.

— Avec "être détestable sauf sous alcool".

Cette soirée est pleine de surprises puisqu'elle se contente de sourire.

— Tu m'as presque manqué Gabriel. Tu peux m'insulter autant que tu le veux, je suis immunisée désormais.

Je ne peux pas m'empêcher de me demander si sa réponse a un lien avec son ex. Tous les deux, ils n'ont pas quitté mes pensées depuis nos messages. Peut-être qu'ils se sont beaucoup vus, ou peut-être pas. 

En regardant autour de moi, je réalise que le monde qui me regardait jouer est parti suite à son intervention. Fini le concert.

— Rends-toi utile, reprend-elle, comment on joue ?

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