New York de jour relevait une atmosphère tellement particulière que la décrire était semblable à l'histoire du coeur. Les mots ne suffisaient pas. Le ressenti lui, à peine. New York de jour, c'était des odeurs, des sons, des tours trop hautes et des appartements typiques. C'était se promener dans la rue mais n'avoir que des gens pressés autour de soi. C'était ne pas attendre que le feu piéton tourne au blanc, tellement les avenues étaient longues à parcourir et pouvoir manger un hot-dog seul dans la rue sans que personne n'y prête une quelconque attention.New York de nuit, surtout ce soir-là, relevait d'une atmosphère tellement différente de celle du jour qu'elle faisait peur de son immensité. Surtout en plein milieu de Central Park, le poumon de la ville, dans lequel même si vous vous tenez au milieu d'une des mégalopoles les plus bruyantes du monde, vous n'entendez pas une seule voiture passer. Central Park se trouvait sous les étoiles du ciel, et les lumières des buildings.
C'était la première fois que Siloé sentait l'air de New York de nuit. Il n'était jamais sorti seul une fois passé 20h. Il se contentait d'observer ses étoiles artificielles depuis la baie vitrée de sa chambre d'hôtel. Déjà pas mal du tout.
Le jeune homme avait rejoint Paul aux abords de la 59ème rue. Les ordres étaient clairs, il devait attendre devant la fontaine Pulitzer, à 21h pile. Siloé s'était pointé quelques minutes à l'avance et le regretta amèrement. Paul, qui lui avait tant dit d'arriver à l'heure, se payait le culot d'arriver en retard alors qu'il faisait là dehors un froid de Pôle Nord.
Il l'attendit une quinzaine de minutes, en matant les taxis passer et ne lui décrocha pas un Bonjour lorsque l'homme arriva enfin à ses côtés. Paul ne s'en formalisa pas, il savait qu'il était en retard.
« Suis-moi ! », dit-il en lui prenant le poignet délicatement.
Paul regarda à droite et à gauche de la rue, puis traversa, Siloé sur les talons. Le garçon, fronça les sourcils lorsqu'ils s'engagèrent à l'intérieur de Central Park, alors qu'ils se coupaient du reste du monde et que le parc en question était trop faiblement éclairé. Rentrer à l'intérieur semblait similaire aux portes d'une pièce noire sans fenêtre.
« Tu m'as fait venir ici pour m'étranger et me laisser pour mort ? »
Paul pouffa de rire et lâcha son bras. L'autre aurait pu partir en courant, il ne le fit pas. Alors il continua à marcher à ses côtés.
« Tuer des gens est contraire à mes objectifs. »
Le parc était tellement obscur qu'il fallait se concentrer pour suivre le chemin en terre et ne pas terminer sa course dans un arbre. Siloé s'attacha à coller Paul au plus près possible pour ne pas le perdre de vue et se retrouver seul.
Ils longèrent le chemin un peu plus de cinq minutes jusqu'à une place illuminée. Paul l'avait conduit à la patinoire de Central Park. Devant lui éclairée par des réverbères, la glace était si blanche et lisse qu'elle contrastait violemment avec le sombre de la nuit. Il se surprit de la beauté qui lui sauta aux yeux. Cet endroit était un faisceau de lumière. Une île de lumière dans la noirceur de la peur.
« Retourne-toi juste un instant. »
Siloé obéit. Derrière lui, l'armée de buildings de la 59ème offrit un spectacle à lui couper le souffle. Il ferma les yeux et inspira l'air à s'en brûler les poumons. Paul analysa les expressions de son visage, le sourire aux lèvres. Il profita du soulagement qu'il voyait dans cet acte de vie. Le garçon qu'il accompagnait exhuma un bien-être enfoui. Il avait de la clarté dans les yeux. Siloé n'osait pas sourire, il n'osait pas en rire. Il se sentit bien oui, il voulut en profiter, mais se sentit bloqué, encore, toujours un peu plus. Il admira encore la skyline un instant puis baissa les yeux au sol. Portant une main à son coeur en évitant de jeter un oeil à Paul à ses côtés. L'avoir amené ici était bien. C'était une belle chose de lui faire vivre ça.
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Du vide et du vent (BxB)
RomancePour Siloé, voir Félix s'en aller sans se retourner, avec la certitude que jamais il ne rebrousserait chemin pour se jeter dans ses bras, c'était comme, ce doigt qu'on pose sur une source qui ne cesse de monter en chaleur... Ce n'était pas encore do...