T.1 Attends-moi | Eddie Munson

Chapitre 1 - The Upside Down

Hawkins, 2007.

"À demain Elsie."

Ces mots résonnaient en boucle dans ma tête alors qu'à travers la forêt, je tentais d'échapper à cette chose qui me poursuivait. Rien à voir avec un loup ou un ours. Non. Une forme humanoïde, mais pas de visage.

Il n'y aurait pas de lendemain pour moi, d'ici quelques secondes, elle finira par me rattraper. Il me l'avait pourtant dit, le prof de sport, qu'un jour je regretterai d'avoir si souvent manqué ses cours. Ce jour, c'était aujourd'hui, je regrettais. Pas pour longtemps cependant. Cette faille dans cet arbre. Sa lueur rouge semblait m'appeler. Au point où j'en étais, l'inconnu m'effrayait moins que l'horrible destin qui m'attendait si je n'y entrais pas.

C'était gluant et froid. À bout de souffle, je fermai les yeux et m'effondrai.

Une rafale de vent glacial me ramena à moi. Il faisait encore nuit, j'avais dû m'assoupir seulement quelques minutes. La chose semblait avoir perdu ma trace. Je me relevai tant bien que mal. L'ambiance était pesante. Je n'étais vraisemblablement plus dans la forêt d'Hawkins.

Le profond silence fut rapidement brisé par un cri strident. Ce son n'avait rien d'humain. Il ne s'arrêtait pas et son écho semblait de plus en plus fort. De nouveau je courus, espérant trouver refuge au plus vite. Le paysage était digne d'une scène post-apocalyptique, des particules blanches semblables à des résidus de cendres me flagellaient le visage. Des racines recouvraient presque l'entièreté du sol, compliquant un peu plus ma course.

Au loin, j'aperçus de quoi m'abriter. Oubliant ces racines au sol, je trébuchai.

- Putain.

Je me retournai. C'était un homme ? Était-il mort ? Il semblait mort. Son corps était couvert de sang. Bordel, cette chose était venue jusqu'ici.

Je m'approchai de lui. Son pouls était faible, mais il était en vie. J'essayai de le secouer pour le ramener à lui. Il gémit mais ne se réveilla pas. Massage cardiaque, j'avais les bases mais je n'étais pas médecin. Bordel, quelle angoisse, pourquoi c'était tombé sur moi ?

- Allez, réveille-toi...

Il revint subitement à lui, haletant, reprenant difficilement son souffle.

- Du...Dustin ? dit-il l'air perdu

- Qui ? Non, Elsie. Tais-toi, respire d'abord, on parlera après.

Le son au loin me rappela la dangerosité de l'environnement. Se cacher, vite.

Tant bien que mal, je traînai le corps de l'homme un peu plus loin, sous quatre tôles en acier. Il avait une de ces dégaines, direct sorti des années 80 le type.

- Est-ce que je suis mort ? J'étais mort, dans les bras de Dustin, sortit-il entre deux gémissements.
- Tu m'as l'air plutôt bien conservé pour un mort. Qu'est ce qu'il t'es arrivé ? Où sommes-nous ?

- L'Upside Down, répondit-il.

- L'Upside Down... Je ne comprends pas ?

- Une dimension alternative, parallèle à notre monde. Tout ce qu'on sait, c'est qu'ici c'est la merde. Tu as quelque chose à boire dans ton sac ?

Mon sac ! Accroché en bandoulière, je l'avais oublié. Je sortis une bouteille d'eau entamée et la lui tendis. J'attrapai ensuite mon téléphone. Pas de réseau. Ça aurait été trop facile.

- Qu'est ce que c'est ? me demanda-t-il dubitatif

- Ça ? Un... téléphone ? C'est un iPhone, il est sorti cette semaine ! Tu n'as rien vu à la télé ? Sur internet ?

- Attends, ralentis, je suis largué. De quel siècle et de quelle planète viens-tu ? Comment un téléphone peut-il être aussi petit ? Tu te fous de moi ?

- Là, c'est moi qui suis larguée. Il n'y rien d'anormal pour un téléphone d'être petit comme ça en 2007.

- 2007 ? On est en 86.

- 2007, fais-moi confiance, celui de nous deux qui a l'air d'être passé sous un 36 tonnes, c'est toi. Perso, j'ai encore toute ma tête. Enfin, si tu veux bien, on essayera de résoudre cette affaire de date une fois qu'on se sera tirés d'ici. Tu sais comment faire ? T'as clairement besoin d'un médecin.

- Chez moi, enfin... Dans son... alternative ténébreuse, il y a une faille, si elle y est encore... C'est pas très loin.

Appuyé sur un bout de bois d'une part, et sur mon épaule d'autre part, nous partîmes pour ce qui me semblait être le bout du monde.