Chapitre 3 - C'était comment dans le futur ?

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Hawkins, 1986.

Dustin était figé. Son ami était bel et bien là, en vie, allongé sur le canapé.

- Eddie... c'est bien toi ? Comment c'est possible ? Tu étais mort, et tu es re-vivant ?

- Dustin, mon pote, il faut plus que quelques Demobats pour me tuer, répondit Eddie en suffoquant. Par contre, là j'ai sérieusement besoin d'aide. Tu connais quelqu'un qui pourrait soigner ça ?

- Je...je m'en occupe, lui lança Dustin avant de partir chercher de l'aide.

Sur le pas de la porte, il se tourna vers moi.

- Eh, toi, tu peux rester ici ?

- Oui, je reste, vas-y, vite.

Comme si je pouvais aller ailleurs, de toute manière.

Une fois Dustin parti, je m'assis près du canapé où Eddie était allongé. Sa respiration semblait lourde et difficile.

- J'espère que je n'ai pas été trop longue, je suis désolée si ça a été le cas.

- Je ne sais pas vraiment combien de temps tu as mis.

- Je peux faire quelque chose pour toi ? Tu as soif ? Froid ?

- Pourquoi te sens-tu si concernée par mon état ?

Je me mis à réfléchir. Je ne pouvais tout de même pas dire à un mec à moitié mort que je sentais une connexion inexplicable avec lui.

- Si tu meurs, je ne pourrais pas retourner chez moi.

Pas mal. Un peu dure, mais c'est tout ce que j'avais trouvé comme explication en si peu de temps. Eddie tremblait. Il avait vraisemblablement froid, mais n'osait pas me le dire. Les hommes étaient donc aussi peu communicatifs dans les années 80 que dans les années 2000. Certaines choses étaient immuables. Je pris la liberté de fouiller sa maison et dégottai une couverture à lui poser dessus. Il ne dit rien, mais j'aperçus son regard plein de gratitude.

- Eh, divertis-moi, parle-moi de chez toi. Comment est la vie ici et ailleurs, en 2007 ?

- Hawkins n'a pas beaucoup changé. Le vidéoclub et le disquaire ont fermé. Les vinyles n'ont plus la côte et le propriétaire n'a pas voulu se mettre à la page, soi-disant que l'évolution conduirait à notre perte. Si tu veux mon avis, il avait juste trop hâte de partir à la retraite. Le prof de Science, M. Clarke, enseigne toujours au collège et au lycée, d'ailleurs c'est... mon père. Mais ça n'a pas d'importance. Internet prend de plus en plus de place dans notre quotidien. Le monde devient connecté. En 2007, on peut tous l'utiliser sans restrictions ou presque et instantanément communiquer avec d'autres personnes où qu'elles soient sur Terre. On peut aussi utiliser internet sur nos téléphones. C'est étrange, je ne sais pas si je dois parler au passé ou au futur ? Enfin, bref. Dans les années 90, on a eu pas mal de bons films, comme Forrest Gump, Jurassic Park, Jumanji entre autres. En 2000, le Seigneur des Anneaux a été adapté au ciné...

- Le Seigneur des Anneaux ? Sérieusement ? Voilà au moins une raison suffisante pour ne pas mourir avant l'an 2000, dit-il en me coupant. Et sinon... Raconte-moi... les voitures ? Elles volent ?

- Que... quoi ? Non, répondais-je en riant, elles sont bien loin de voler. C'est déjà beau quand elles arrivent à rouler sans tomber en panne.

- Je suis déçu.

- Désolée.

- Arrête de t'excuser.

Pendant un long moment, je racontai à Eddie comment était le quotidien d'un humain moyen au 21e siècle. Assise par terre, adossée au bord du canapé. Je n'avais pas remarqué qu'il s'était endormi, ni depuis quand je causais toute seule. Je me tue, et attendis le retour de Dustin... qui survint peu de temps après. Il était accompagné d'un médecin qui m'était étrangement familier. Il avait les bras chargés de tout le nécessaire pour soigner Eddie.

- Que lui est-il arrivé ? demanda le doc stupéfait.

- Euh. Un loup !

- Un ours ! répondions-nous en même temps

Dubitatif, le médecin se concentra sur Eddie.

- C'est pas beau à voir... Et ça va piquer un peu...

Voir quelqu'un souffrir n'étant pas particulièrement agréable, je me mis à fouiller dans la cuisine, et préparai à manger. Mes talents culinaires n'étaient pas particulièrement développés, mais j'avais le mérite de savoir préparer un bouillon de vermicelles. Dans le salon, je pouvais entendre Eddie crier sur le pauvre médecin.

Je servis un bol à Dustin, à Eddie et au médecin avant de garder le reste de côté.

- Votre ami a besoin d'une transfusion, il se remettra plus vite de ses blessures s'il accepte d'aller à l'hôpital.

- Docteur Chavez, il ne peut pas y aller, je vous l'ai expliqué en venant. Vous ne pouvez rien faire d'ici ou de votre cabinet ? le coupa Dustin.

- Je ne peux pas faire sortir une poche de sang de l'hôpital comme ça Dustin.

Ils se turent, réfléchissant à une solution rapide et sûre.

- Prenez le mien.

Ils se tournèrent tous deux dans ma direction.

- Mon sang, prenez-le, je suis donneuse universelle.

- Tu es sûre ? Ça pourrait fonctionner certes... mais pas ici, allons chez moi, dans un endroit plus stérile. Tu te sens assez en forme pour faire ça ?

- Certainement plus en forme que lui.

Le docteur Chavez nous aida à emmener Eddie dans sa voiture.

Assise à l'arrière, il avait sa tête sur mes jambes. Dans un demi sommeil, il marmonna un "merci", auquel je répondis par un simple sourire.

T.1 Attends-moi | Eddie MunsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant