Chapitre 7 - L'horloge

240 20 2
                                    

Hawkins, 2007.

La tension était palpable aux abords de la maison des Clarke. Sirènes et gyrophares dénaturaient le quartier d'ordinaire paisible. Un drame avait lieu en ce moment même sur l'avenue Maplewood. Une adolescente n'était pas rentrée chez elle la veille, son téléphone était injoignable et sa localisation introuvable.

Elsie Clarke n'avait jamais évoqué la possibilité de fuguer un jour. Bonne élève et appréciée de ses quelques amis, mises à part quelques phases de rébellion normales dans son développement, elle n'avait décidément pas le profil d'une ado influençable et dépravée qui quitterai la ville sur un coup de tête pour s'enfuir à Indianapolis.

Non, définitivement, quelque chose était arrivé à Elsie Clarke.

La neige tombait doucement sur la ville alors que Scott et Jen, les parents d'Elsie répondaient aux questions des inspecteurs.

Scott, plus que Jen se souvenait très bien que 24 ans plus tôt, 2 adolescents avaient disparu sans laisser de trace. Il se souvenait du désespoir de Joyce, la mère de Will, il se souvenait de l'enterrement de Barbara, de la dépression dans laquelle était tombée sa mère et du suicide de son père.

Il refusait d'admettre qu'un drame avait pu arriver à sa petite fille.

Deux jours s'écoulèrent avant qu'il ne se résigne à contacter Joyce Byers, toujours installée à Lenora Hills en Californie,

Il la retrouva sans trop de mal sur Facebook. En quelques heures, il parvint à lui parler de vive voix par téléphone.

- J'espère que je ne vous dérange pas Mme Byers. Je crains de raviver de douloureux souvenirs par cette conversation, mais j'ai terriblement besoin de vous parler.

- Oh bonjour M. Clarke... Je vous en prie, faites. 

- Vous souvenez-vous de ma fille Elsie ? Elsie a disparu depuis 3 jours. Elle s'est tout bonnement volatilisée. Joyce j'ai besoin de votre aide. Will avait disparu dans les mêmes circonstances, puis il a fini par revenir. J'ai besoin d'espoir et de quelqu'un à qui parler.

Un silence s'imposa.

- M. Clarke, je prends le prochain avion pour Indianapolis. Pouvez-vous venir me chercher à l'aéroport ? Je vous enverrai les détails du vol aussitôt réservé.

- Merci Joyce, je vous en suis infiniment reconnaissant.

Joyce posa les pieds à Indianapolis 11 heures plus tard aux alentours de 22 heures.

- M. Clarke ! Merci d'être venu me chercher aussi tard.

- Appelez-moi Scott. Et c'est plutôt à moi de vous remercier d'être venue si vite. Vous avez fait bon voyage ? On se met en route ?

Minuit était largement dépassée lorsqu'ils s'installèrent, Joyce et Jen et lui, dans le salon. Le climat était tendu. Pour que Joyce se rende à Hawkins sans perdre une minute, la conversation s'annonçait forcément importante. 

- Écoutez. Je m'apprête à vous raconter la lourde vérité d'Hawkins et son passé. J'ai besoin que vous envisagiez que la science ne peut pas tout expliquer. Je sais que c'est quelque chose difficile à entendre quand on est professeur, et vous promet, je vous jure solennellement que tout n'est que la stricte vérité. Je vais être directe, lorsque Will a disparu en 83, il a quitté notre dimension et s'est retrouvé coincé dans une sombre réplique d'Hawkins. Un dimension ténébreuse, occupée par des monstres face auxquels personne ne peut survivre à mains nues.

Clarke se souvenait très bien de la conversation de la puce et de l'acrobate qu'il avait eu avec les garçons au sujet des voyages interdimensionnels. Ce qui rendit les explications de Joyce moins folles qu'il ne l'aurait pensé.

- Ces monstres dépendaient d'une seule entité et dégagaient une quantité d'énergie incommensurable, rendant possible l'ouverture de portails entre nos 2 plans.
Mais nous sommes parvenus à détruire cette entité, et détruire par la même occasion tous les monstres qui en découlaient, fermant ainsi tous les portails.

- Si je vous suis... Il faut que nous envisagions la possibilité que, d'une part des portails se soient de nouveau ouverts à Hawkins, et d'autre part que notre fille soit coincée dans une dimension parallèle ?

- Oui.

Elle marqua une pause.

- Auriez-vous une photo d'Elsie. Récente si possible ?

Son profil Facebook était plein de selfies en tous genres avec ses amis. Il en envoya une sur le smartphone de Joyce.

Jen, silencieuse jusqu'à présent, trouva finalement le courage d'ouvrir la bouche.

- Qu'allez-vous faire avec la photo de notre fille ?

- Demander à la mienne de la retrouver.

. . .

Hawkins, 1986.

De nouveau réunis dans le salon d'Eddie, Je fis la connaissance de Steve, Mike, Lucas, Will et Eleven.

Apparemment, la fille a des pouvoirs psychokinétiques qui se sont avérés plutôt utiles ces dernières années. Si elle pouvait ouvrir des portails temporels ce serait pas mal aussi.

Les conversations partaient dans tous les sens, à tel point que je perdis le fil des discussions. Seul Eddie demeurait parfaitement silencieux. Il me regardait avec insistance, le même air inquiet et pensif que la veille, quand mon nez s'était mis à saigner.

À l'ordre du jour, il est question de décider si oui, ou non, nous allions révéler mon existence à Joyce et Hopper. Sans grande surprise et à l'unanimité, ils décident de me garder sous secret quelque temps. À moins d'une extrême urgence, personne ne parlerait de moi à l'extérieur du groupe.

Au milieu du brouhaha, et comme sortie de nulle part, j'entendis sonner une horloge. Ce son détraqué m'était familier, je l'avais déjà entendu la nuit dernière, juste avant de me réveiller en pleine crise d'angoisse.

- Vous avez entendu ? dis-je en me retournant brusquement.

- Entendu quoi ? répondirent Mike et Dustin en même temps.

- L'horloge.

Tous se regardent, terrifiés, avant de poser leurs yeux sur moi.

- Qu'est ce que vous avez à me dévisager comme ça ?

- Viens, dit Eddie en m'ouvrant la porte. Allons faire un tour.

Il m'entraîna vers les bois, pour ne pas risquer de se faire repérer par le voisinage.

- Eddie ? Qu'est ce qu'il se passe ? J'ai dit quelque chose de mal ?

- Non... bien sûr que non. - Il marqua une pause -
Putain Elsie, je suis désolé. Tu te souviens quand Dustin t'a raconté ce qui est arrivé à Max, la malédiction de Vecna. Je crois bien que tu as été marquée. Tu as les mêmes symptômes que toutes les victimes. Migraines. saignements de nez, cauchemars puis hallucinations. Il semblerai que tu sois sa prochaine victime.

J'interrompis la marche. Mon souffle se coupa. Comment réagir à une annonce de mort imminente, terriblement douloureuse psychologiquement et physiquement ? Devant ma détresse, Eddie ne put retenir une étreinte rassurante.

- Rentrons, on doit se préparer. dit-il en me souriant tristement.

T.1 Attends-moi | Eddie MunsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant