Chapitre 18 - The darkest dark

178 13 2
                                    

Sur la route d'Hawkins, 1986.

Une pluie torrentielle déferlait sur le pare-brise de la voiture. La faible luminosité du paysage perturbait mon horloge interne. Il était 16h mais il en paraissait 22. Ce mauvais temps jouait sur mon moral. J'étais sincèrement très heureuse que Max ai fini par se réveiller, mais les fins de journées étaient pour moi synonyme de profond mal-être et nostalgie. Ma tête me faisait terriblement souffrir, je n'arrivais même plus à différencier la malédiction de Vecna et la probable commotion qui planait au dessus de moi.

Sauf quand Eddie était là. J'avais terriblement hâte de le retrouver.

- Elsie, ça va ? demanda Steve devant mes soupirs répétés.

- Je crois que j'aurai du faire ce scanner Steve, je me sens vraiment pas bien.

- Merde, eh tu me claques pas entre les mains hein. Tu veux y retourner ?  Eddie va me tuer s'il t'arrive quoi que ce soit sous ma supervision. Et j'ai pas prévu de mourir maintenant.

- Non, je veux retrouver Eddie et contacter le Dr Chavez. Tu le connais ?

- Dad le connait, dit El. Il va le ramener. 

- Arrête-toi sur le côté, je crois que j'vais gerber.

Je sorti de la voiture en trombe, m'appuyai contre un arbre pour me concentrer sur ma respiration. Malgré tous mes efforts déployés pour éviter, je me mit à vomir. Tremblante et en sueur je repris place dans la voiture de Steve.

- Allez on rentre. Magne.

- Eh, on parle pas aux gens comme ça.


- - -


Abords d'Hawkins, 1986.

Il avait raison. L'irritabilité et les sautes d'humeur ne me ressemblaient pas. Le même scénario se reproduisit plusieurs fois sur le reste du trajet. Si bien qu'arrivés à la planque, j'étais trempée jusqu'aux os.

- Allez, une douche, une soupe et au lit, grand-mère. On va faire venir Chavez dès que possible.

Titubante, je passai le pas de la porte en première, suivie par Steve, sa main dans mon dos pour anticiper une chute en arrière. Tout le monde s'était donné rendez-vous pour un débriefing.

Eddie se rua jusqu'à moi.

- Tu es trempée ? Qu'est ce qu'il s'est passé ?

- Écoute mec, elle a pas vraiment la forme. Je sais pas si c'est le contre-coup ou quoi, elle a été malade toute la journée. Ça serait bien de faire venir le Dr. Chavez genre, maintenant.

- Je l'appelle. dit Hopper, prenant la conversation au vol.

- T'as pu voir un médecin là bas ?

- Non... Il voulait me garder toute la nuit, mais personne n'aurait eu le droit de rester.
Steve, raconte-leur pour Max, moi je vais me changer et probablement me taper mon meilleur sommeil depuis des jours.

Sans surprise, Eddie m'accompagna, une serviette de toilette à la main.

Assise sur le bord du lit, je le laissai ôter mes vêtements. Il avait si peur de me faire mal que j'eu l'impression d'être une poupée de porcelaine. Il sécha délicatement mes cheveux, enfila un tee-shirt sec autour de mon cou et m'allongea sous la couette. 

- Ça va mieux comme ça Sweetheart ?

J'adorais la façon qu'avait Eddie de ponctuer d'anglicismes certaines de ses phrases.

- Tu me raconte, comment c'était à Indianapolis ?

- Max s'est réveillée.

- Sérieusement ? Avec de la musique ?

- Hum hum.

J'acquiesçai d'un signe de la tête.
Hopper frappa à la porte.

- Eh, ma grande. Chavez arrive d'ici 30 minutes. Tu tiens le coup ? Il m'a dit de te dire de rester réveillée, de boire beaucoup d'eau et d'essayer de manger quelque chose... Je sais que t'as surement pas faim là, mais, tiens, des gaufres. C'est que El préfère.

- Merci chef.

- Rah, appelle moi Jim, ou Hopper, comme tu préfères ok ? Je me sauve, reposes-toi bien.

Hopper laissa machinalement la porte ouverte de 8 centimètres en partant.

La pluie n'avait pas cessé à l'extérieur, et le son des gouttes frappant la fenêtre avec ardeur rendait l'ambiance chaleureuse.

- C'était vide sans toi ici aujourd'hui.

- Tu m'as manqué aussi.

Et ça n'allait pas s'arranger. Chaque jour, chaque heure, chaque minute qui passait nous rapprochait indéniablement des adieux. D'une manière un d'une autre, la mort ou le temps nous séparerait bientôt.

Ponctuel et fiable, le docteur Chavez poussa la porte de la chambre délicatement.

- Bonsoir Elsie, alors ? On a pas la forme ?  Que t'arrive-t-il ?

- Un coup sur la tête.

Chavez me fit passer quelques tests standards avant de poser son diagnostic. C'était bel et bien une commotion. Il me prescrit du repos, beaucoup de repos. Pas facile en sachant que Vecna rodait dans les parages et qu'à tout moment il me faudrait être sur mes deux pieds, prête à me battre.

- Donc les recommandations sont les mêmes que pour toi l'autre jour, dit-il en s'adressant à Eddie. On se réveille toutes les deux heures, acétaminophène si besoin, maximum 1 gramme toutes les 6 heures. Et vous m'appelez s'il y a quoi que ce soit. Il vous arrive des choses bien étranges à vous. C'est comme ça pour tous les jeunes de votre âge ?

Après le départ du docteur Chavez, Eddie vint s'allonger près de moi et m'entoura de ses bras. Il savait que j'avais besoin de ça pour m'endormir sereinement.

Et pourtant, cette nuit là ne fut pas sereine.

J'étais là debout, plantée au milieu de rien. Du noir. Le noir le plus intense, le plus pur qu'il m'avait été donné de voir. Étais-je vraiment en train de rêver ? Je n'étais pas encore sûre de pouvoir marcher. Et si mon premier pas me conduisait tout droit vers une chute infinie dans le vide ?

Habituellement, une ambiance si pesante me poussait à me réveiller, mais cette fois-ci, je demeurai endormie. Alors que j'attendais, persuadée que mes yeux finiraient par s'habituer à l'obscurité, des murmures parvinrent à mes oreilles. Ces voix m'étaient familières. J'essayai d'en déterminer la provenance. Je tournai, dans tous les sens, les voix semblaient m'assaillir de tous les côtés. Les rotations répétées me firent perdre l'équilibre, finissant par me faire poser un pied devant moi. Pas de vide. Je pris un pas, puis un autre. Les murmures se rapprochaient et devenaient plus clairs. Il y avait 3 personnes, peut être une 4eme. Elles parlaient de manière vive, mais ne semblaient pourtant pas se disputer.

À chaque pas, la conversation devenait plus claire et des silhouettes se dessinaient. Les mots m'étaient familiers. Les voix m'étaient familières. Ils parlaient de l'Upside Down, de monstres, de portails.

Des formes, des couleurs, des signes distinctifs. Tout devint plus clair. Là, assit devant un ordinateur, mon père et ma mère. À leurs côtés, Joyce. Je m'approchai, le pas assuré, persuadée qu'ils allaient me voir, m'entendre ou juste me sentir. Que l'espace d'un instant je pourrais les serrer dans mes bras. Leur dire que j'étais en vie, que je rentrerais bientôt à la maison, leur expliquer que j'avais juste une mission à terminer.

- PAPA, MAMAN, je suis là.

Ils demeurèrent impassibles. Ils ne m'entendaient pas, ne me voyaient pas. La scène était pourtant si réelle. Mon coeur se déchira. J'étais si proche et si loin à la fois. Entourée, mais seule.

Ma main se posa sur l'épaule de mon père.

Et le réveil sonna.

T.1 Attends-moi | Eddie MunsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant