Chapitre 40

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Le frère et la sœur ressortirent très contents. Ils n'avaient pas été renvoyés, et avaient au contraire reçu des conseils pour les jours à venir. Maurina avait de plus découvert que son jumeau avait demandé une avance sur le salaire, que Richard avait été d'accord de donner, directement par virement sur leur compte bancaire. 300€ d'avance. L'équivalent de deux jours de travail. Suffisant pour leur projet, ils n'avaient pas besoin d'en avoir plus.

Ils discutèrent pendant tout le chemin du retour, finalement heureux de cette journée. Même si certaines choses avaient mal tournées, que les bras de Paul était en compote, et que Maurina apprenait qu'elle ne devait pas prendre les insultes personnellement, leur discussion avec leur patron leur avait remonté le moral. Un autre grand sujet de discussion fut Chloé, et combien elle était mignonne selon Maurina, ou encore Paul surenchérissant que cela ne le dérangerait pas d'avoir une petite sœur aussi compliante que la fillette.

- Comment ça, compliante ? Réagit Maurina.

Sa réaction avait été au quart de tour, et poussa plus d'une personne à se retourner. Ils étaient à l'intérieur du bus les ramenant à la maison, et sa réaction avait été tout sauf silencieuse. Paul soupira, exaspéré.

- Exasctement pour ça, répondit-il. Tu peux être tellement susceptible quand tu veux... Tu n'as pas remarqué à quel point c'était une crème ? Avec son passé, tu aurais giflé quiconque oserait avoir un frère ou une sœur.

La jumelle voulut se sentir offusquée, mais n'y parvint pas. Les jolis yeux de la petite dansaient dans ses pensées, la mettant au défi de contredire la moindre des paroles de son jumeau. Peut-être que ? Elle n'était pas la plus calme des personnes qu'elle connaisse, mais de là à dire susceptible... En réfléchissant à la situation de l'après-midi, elle se mordit les lèvres. La jeune fille se devait d'acquiescer à cette remarque.

Paul croisait les doigts, espérant ne pas avoir trop réveilla la bête qui sommeillait en sa sœur. La vérité pouvait être très dure à entendre, surtout lorsqu'on s'appelait Maurina, était très susceptible et possédait plus de muscles que de neurones dans son cerveau. Du moins, ce n'est pas ce qu'il lui aurait dit en face, il tenait à sa vie. Néanmoins, il pouvait voir que le tout moulinait dans sa tête, ce qui le rassura. Sa jumelle prenait de la maturité, et il en était ravi.

- Mais je suis quand même la plus formidable des sœurs, non ? Demanda innocemment la jeune fille.

Le jeune homme fit mine de réfléchir. Sa réflexion dura trop longtemps au goût de l'adolescente, qui lui donna un coup de coude en rigolant.

- C'est bon, j'ai compris. Tu m'aimes tellement que tu ne sais même plus comment me complimenter, le taquina-t-elle.

Son jumeau se dépêcha d'acquiescer. Exactement ! Les meilleurs moments étaient quand sa jumelle elle-même le sortait de l'embarras, disant à sa place les choses qu'il ne pensait pas forcément. Quoi que ? Sa sœur restait sa sœur, et il ne voudrait l'échanger pour rien au monde. Trop de choses s'étaient déjà passées entre eux. Le reste du trajet se passa dans la bonne humeur, chacun appréciant la compagnie de l'autre. Ils ne savaient pas quand les choses pouvaient changer, alors autant profiter du moment présent !

En arrivant chez eux, ils trouvèrent une maison calme. Très calme. Trop calme. En y réfléchissant pourtant, la situation était normale. Leurs parents étaient encore au travail, et la maison était vide de ses occupants. Les jumeaux se regardèrent. Quelque chose clochait. Ils ne pouvaient cependant pas rester dehors, ou leurs géniteurs leur reprocheraient un excès de paranoïa lorsqu'ils rentreraient. Prenant leur courage à deux mains, ils firent un pierre-feuille-ciseau pour savoir qui actionnerait la poignée. La partie fut serrée, et Maurina finit par l'emporter, laissant à son frère le soin de faire l'action si effrayante.

Le jeune homme respira un bon coup. Il pouvait le faire. Il avait bien survécu à une journée de lavage de vitre, et ce n'était pas une peur irrationnelle qui allait l'empêcher d'aller en avant ! De plus, montrer à sa sœur à quel point il avait grandi pouvait aussi se révéler important. Sa main se posa doucement sur la poignée, tandis que l'autre introduisait la clé dans la serrure. Il l'actionna, la porte s'ouvrit. La maison était toujours aussi calme. La peur ne le quittait pourtant pas.

Sa jumelle le poussa du bout du doigt. Elle ne savait pas ce qui la prenait. D'habitude, elle aurait été devant, à rire des peurs irrationnelles de son frère. Mais aujourd'hui, l'adolescente était bien contente qu'il prenne les devants. Le jeu pour les départager avait joué en sa faveur.

- N'oublie pas de respirer, lui chuchota-t-elle.

Son jumeau acquiesça, en prenant une grande bouffée d'air. Ils entrèrent sur la pointe des pieds. Rien. Maurina referma doucement la porte derrière elle. Le « clac » leur parut affreusement bruyant. Toujours rien. Peut-être n'était-ce vraiment que de la paranoïa, et allaient-ils en rigoler après ? Les jumeaux commençaient vraiment à le penser.

- On nous observe, murmura soudain Paul.

Sa jumelle se tendit. Leurs sens ne leur jouaient pas des tours. Son regard parcourait le couloir de long en large, tandis qu'ils avançaient à pas de fourmi. Que pouvaient-ils faire, dans tous les cas ? En y réfléchissant, elle pouvait passer devant. Les arts martiaux étaient beaucoup plus ancrés dans son corps que dans celui de son frère, et ses mouvements étaient plus fluides. Prenant son courage à deux mains, elle se rapprocha de son jumeau et s'apprêtait à le lui dire quand un bruit l'interrompit.

Un ronronnement se fit entendre, suivit d'un « miaou » tout proche. Très proche. Trop proche. Un chat sortit de l'embrasure de la porte et s'avança fièrement vers le frère et la sœur. D'un seul regard, ils s'esclaffèrent. Qu'est-ce qu'ils pouvaient être nerveux quand ils le souhaitaient ! Pour un oui, pour un non ! La présence ressentie ne devait être autre que le pauvre félin qui ne savait plus où se mettre, ne comprenant pas l'accueil qui lui avait été fait.

- Viens par ici, Bobby, lui lança la jumelle.

Complètement détendue à présent, elle fit un petit signe du doigt au chat, qui préféra continuer sa route, peu coopératif. La jeune fille, d'humeur joueuse, décida de le suivre pour essayer de le toucher au moins une fois.

La voiture nous a quittés...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant