- Paul, debout !
Le garçon ouvrit les yeux en grimaçant. Comment sa sœur pouvait être si matinale ? Regardant le réveil, il y vit l'heure : 5h00.
- Purée Maurin', tu ne pouvais pas me réveiller plus tard ? grommela Paul.
Sa sœur lui répondit par la négative en secouant la tête, mais celui-ci ne le vit pas. Ses yeux ne voulaient pas rester ouverts d'eux-mêmes. La volonté pour les forcer était trop importante, surtout si tôt le matin.
- On peut pas dire à Jack qu'on arrête aujourd'hui ? continua-t-il. Comme ça je peux dormir jusqu'à midi.
L'adolescente soupira un bon coup. Certes, il n'était pas du matin, mais il allait trop loin. Elle aussi avait eu du mal à se réveiller, et les nombreuses marques de peau pincée pour éviter de se rendormir en était la preuve sur ses bras. Cependant son frère faisait le fainéant, ne faisant pas appel à assez de volonté. Elle hocha la tête, se convainquant toute seule. L'endormi avait besoin de plus de volonté, et elle était prête à lui en donner.
- Je te rappelle qu'on a eu cette conversation avant, et qu'on s'était dit qu'on y allait, lui chuchota-t-elle dans l'oreille. Après, si tu veux que je passe à la méthode forte je peux...
Le jeune homme se raidit dans son lit. Cette dernière phrase avait sonné comme une menace, et il connaissait assez sa sœur pour savoir que la mettre à exécution ne lui poserait pas de problèmes. Mais pourquoi se lever si tôt ? N'était-il pas suffisant d'avoir 30 minutes pour se préparer ? Sa mémoire lui rappela ce qu'il s'était passé la veille, et il grimaça intérieurement. Non, ce n'était définitivement pas suffisant. Courir le matin ? Non merci. Se lever le matin ? Non merci. Ce dernier dialogue intérieur lui en fit même oublier menace de sa sœur. Il repartit dans le pays des rêves, comme si rien ne s'était passé.
Soudain Paul se sentit plus léger, comme s'il était dans les airs. Peut-être cela était dû à son rêve. Etait-il en train de voler ? Ce vol fut de courte durée quand il sentit sous lui une surface dure et froide. Etonné, il essaya timidement d'ouvrir un œil, et y arriva miraculeusement. Sa paupière se souleva juste à temps pour voir la pomme de douche dans sa direction, armée d'eau.
- Aaaaaaaah !
Son cri résonna dans toute la maison. Le jumeau était à présent tout à fait réveillé, et bien trempé. Regardant au-dessus de lui, il vit l'expression moqueuse de sa sœur. Lui qui était d'habitude si calme, sortit de ses gonds.
- Non Maurina, tu vas trop loin ! explosa-t-il. Je veux bien qu'on doive se lever et tout, mais tu abuses. En ayant vécu ça maintenant, je n'ai plus qu'une envie, aller me recoucher ! Si tu y tiens tant que ça, vas voir ton cher Jack toute seule !
Sa jumelle s'y attendait, mais cela lui fit mal quand même. Les paroles de son frère étaient dures alors qu'elle avait seulement tenté de le réveiller. Cela n'était-il pas déjà arrivé quand ils étaient plus petits ? Le sommeil était-il si important à ses yeux ? Le jeune homme en face de lui n'était pas son frère, ce n'était pas possible. Un imposteur s'était mis à sa place. Certes, ils se disputaient souvent. Cependant le Paul qu'elle connaissait n'haussait pas la voix comme ça pour de telles futilités.
- Tu veux vraiment que j'aille voir Jack toute seule ? siffla-t-elle. C'est toi qui n'arrivait même pas à te lever de ton lit tout seul. Est-ce que tu savais que j'avais mis l'alarme 5 fois, et que tu n'as pas entendu ? Que j'ai déjà essayé de te réveiller 3 fois ? Que...
- Et alors, la coupa son jumeau. Tu crois vraiment que c'était une raison pour faire ce que tu m'as fait ? Ca craint tu sais ? Autant j'aurais pu avoir une crise cardiaque à cause de l'eau froide.
Sa sœur ferma les poings, grinçant des dents. Elle tenta d'inspirer et d'expirer, comme la pratique de la boxe lui avait si bien appris. Cependant rien n'y faisait. La rage continuait de monter.
- Sais-tu au moins à quelle température l'eau était, imbécile ? gronda-t-elle. Je l'ai mise à 30 espèce d'idiot. Donc arrête de te servir de tes excuses à la noix pour me casser les...
Sa phrase fut interrompue par la porte de la salle de bain s'ouvrant avec un grand bruit. Ils se retournèrent au ralenti, pour découvrir leur mère et leur père, les bras croisés et le regard menaçant.
- Vous pouvez m'expliquer ce que vous faites ici ? demanda Virginie.
Si sa phrase ressemblait à une question, ce n'en était pas une. L'aura menaçante qui s'échappait de son dos était visible par tous, et ne voulait dire qu'une chose : qu'ils s'expliquent sur le champ et retournent se coucher.
- Hummm... comment dire ? murmura Maurina.
Ses mains, auparavant au col de son frère, le libérèrent, et commencèrent à tricoter des fils imaginaires.
- On voulait partir tôt aujourd'hui encor pour trouver du travail, et Paul, cet idiot, n'a pas voulu se lever. C'est pour ça que je l'ai aidé, mais il n'est même pas reconnaissant et vous a réveillé expliqua-t-elle d'une traite.
Son jumeau la regarda, abasourdi. Il venait de se faire agresser, et c'est comme ça qu'elle réagissait ? Ne savait-elle pas prendre soin des sentiments des gens, en se demandant si ses gestes n'allait pas parfois plus loin que ses paroles ?
- Et vu qu'elle a fait ça, moi, j'ai décidé d'aller me recoucher et de ne pas venir, expliqua Paul d'une voix ferme.
Leurs parents soupirèrent. Cela faisait longtemps que les enfants ne s'étaient pas disputés de la sorte. Cet incident leur rappelait curieusement le dernier où Paul avait malencontreusement fini, une fois de plus, dans la baignoire pour un réveil. Leur premier jour de collège ?
- Bon, vous êtes grands maintenant, soupira leur père. Vous pouvez pas nous laisser dormir ? Faites votre vie, disputez-vous ou tout ce que vous voulez, mais en silence !
Il laissa une petite pause, leur laissant le temps de digérer ses paroles.
- Et vu que je sais que ce n'est pas possible, continua-t-il, Maurina, fais ce que tu as à faire et ne tarde pas. Paul, retourne dans ta chambre. Je ne veux plus vous entendre.
Ils acquiescèrent.
- Maintenant ! précisa leur géniteur. Sinon vous allez encore vous disputer.
Paul lâcha un soupir et se dirigea à pas lents vers la chambre. La vie n'était-elle pas injuste ? N'était-ce pas lui qui s'était fait agressé ? Lui qui retournait à présent dans sa chambre comme un puni ? Le sommeil l'avait à présent quitté, et seul demeurait ce sentiment d'injustice, qui grandissait encore et encore dans sa poitrine. Pourquoi sa sœur avait le beau rôle ? Comment ses géniteurs avaient pu être si favorables avec elle ? Ne voyaient-ils pas sa détresse ?
Sa jumelle, le voyant partir, tenta de le rattraper, mais fut dissuadée par son père. En soupirant, elle renonça. Un sentiment d'abandon commença à naître alors que sa mère refermait doucement la porte de la salle de bain. Pour leur dernier jour, elle serait seule, et cela ne lui plaisait pas. Absolument pas.
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La voiture nous a quittés...
قصص عامةIl était une fois... un départ. Celui d'une voiture que Maurina et Paul, des jumeaux, avaient toujours connu. Ils prennent alors une décision importante : compenser cette perte à l'occasion de l'anniversaire de mariage de leurs parents, dix jours pl...