- Police, levez vos mains ! Cria l'homme qui venait de rentrer.Les jumeaux pensèrent à lever leurs mains, mais se ravisèrent, attendant que le nouvel intrus soit totalement dans la pièce avant de se mettre à l'acte. Il pouvait très bien s'agir d'une ruse de leurs malfaiteurs pour les rattacher et récupérer leur chef. Mais lorsque le nouvel arrivé pénétra dans la pièce, un revolver devant lui et un uniforme de police sur lui, ils comprirent que les secours étaient vraiment arrivés. Leurs regards se croisèrent, et le policier manqua de lâcher son arme, ses yeux faisant le va-et-vient entre Jack et les jumeaux.
- Vous...vous... c'est vous les otages ? Réussit-il finalement à articuler.
Les jumeaux hochèrent la tête, en levant les mains avec un temps de retard. Après cela s'enchaînèrent les questions du pourquoi du comment et les réponses des jumeaux, qui ne cachèrent rien de ce qui était arrivé. Leurs parents les attendaient non loin et furent heureux de les voir ressortir sains et saufs. La fierté leur monta au visage lorsque les exploits de leurs enfants furent racontés. Ils rentrèrent en famille à leur demeure, et leur mère leur annonça avec emphase qu'elle allait leur préparer quelque chose de bon à manger. Pour les jumeaux, cela ne signifiait qu'une chose : des frites !
- Attends Maman, l'interrompit Paul. On est quel jour, et il est quelle heure ?
Toute question de temps s'était échappée de son esprit, et il comprenait maintenant qu'il était peut-être déjà trop tard pour leur surprise, ou même pour leur travail... Richard ! Il espérait de tout cœur que seulement quelques heures s'étaient écoulées, que leur travail allait reprendre tranquillement le lendemain et que tout était en ordre. Toutefois, la position du soleil haute dans le ciel lui laissait quelques doutes.
La réponse de sa mère confirma ses doutes : 11h43. Cela faisait une nuit qu'ils avaient disparu. La maison avait été mise sens dessus dessous, et c'était grâce aux bracelets GPS qu'ils avaient pu être retrouvés aussi vite. Elle les réconforta cependant quant à leur travail. Richard avait été averti, et il attendait d'avoir de leurs nouvelles. Leur père précisa qu'une petite fille avait pris le combiné en leur demandant de ramener les jumeaux en pleine santé.
Arrivés chez eux, le retour fut plus difficile que ce qu'ils pensaient. La porte d'entrée, le couloir, ces moments de stress pendant lesquels ils savaient que quelque chose clochait. Puis la bagarre avait éclaté, l'arme à la tempe de la jumelle, le jumeau plaqué au sol. Ils revivaient la scène. Comment pouvait-il y avoir autant de souvenir en un seul lieu ? Le frère et la sœur comprirent qu'il ne serait pas si simple de s'en débarrasser. De distinguer paranoïa et réel danger. Pas après ce qu'ils avaient vécu, même s'ils s'en étaient très bien sortis.
La famille était à présent à table, les jumeaux en train de manger quelques frites, le regard dans le vide. Ils n'avaient plus prononcé un mot depuis leur entrée dans la maison.
- Mais... et Jack ? Il va revenir ? Demanda finalement Maurina.
Son mutisme avait assez duré, et elle voulait savoir si cette situation risquait de se reproduire ou si tout avait été traité. Si ce n'était pas le cas, peut-être allait-elle se barricader dans sa chambre quelques jours, pour faire redescendre la pression et se préparer psychologiquement à une prochaine attaque. Maintenant de retour chez elle, elle réalisait à quel point le mode survie lui consommait de l'énergie, autant physique que mentale.
Ce fut leur père qui leur répondit. Jack était le chef du groupe, ce qui leur avait permis de tous les arrêter. Le malfrat et ses compères allaient être derrière les barreaux pour de nombreuses années, et les jumeaux n'avaient plus à s'inquiéter. Leur mère profita de ce regain d'intérêt et de vie chez ses enfants pour leur annoncer qu'elle avait appelé Richard, et qu'il leur donnait l'après-midi pour se remettre de leurs émotions. Le week-end arrivant juste après, le frère et la soeur ne le reverrait que le lundi suivant.
Toutes ces informations les réjouirent, mais ils ne purent l'exprimer à haute voix. Seul leurs cerveaux l'apprirent, et leurs deux muscles respectifs décidèrent que le niveau d'informations était suffisamment important pour se remettre en mode veille. Tout passait comme dans du brouillard pour les jumeaux. Le repas. Le retour vers la chambre. S'allonger sur son lit. Fixer le plafond blanc. Rester immobiles. Le danger était passé, tout leur corps avait dû fonctionner beaucoup trop rapidement, et il fallait à présent récupérer. Pouvaient-ils continuer à récupérer pendant toute leur vie ? La vie... Il s'agissait d'une longue période de temps. Autant de temps pour expérimenter des événements stressants, désagréables et malheureux. A quoi servait la vie ?
Ce dernier questionnement fut comme un électrochoc pour Maurina, qui décida qu'il était temps de reprendre le contrôle de son corps et de son cerveau. Elle sortit de son état léthargique, fixant soudain le plafond blanc avec une intensité renouvelée. Cette expérience lui rappelait bien trop la chambre d'hôpital, seulement deux jours plus tôt.
- Paul, réveille-toi ! Il faut qu'on bouge ! Lança-t-elle soudain.
Son jumeau la regarda, tournant lentement la tête. Il semblait ne pas comprendre. Comment sa jumelle pouvait avoir autant d'énergie, tout à coup ? Que s'était-il passé ? Il était jaloux. Le jeune homme voulait parler, lui aussi, réagir. Vouloir... vouloir... la réponse était ici ! Il attrapa une parcelle de volonté qui traversait son cerveau, qui lui donna assez de force pour s'asseoir sur son lit. Un deuxième brin de volonté, qui lui donna la force de regarder sa soeur dans les yeux. Une troisième cellule de volonté, qui lui donna la force de parler. Une dernière fleur de volonté, qui compléta le bouquet et lui donna des choses à dire.
- Tu crois que ? Commença-t-il, avant de comprendre que sa question n'avait pas de sens. Est-ce qu'il faudrait essayer de penser à autre chose ? Reformula-t-il.
Sa jumelle hocha vivement la tête, contente de voir qu'il était lui aussi sorti de son mutisme.
- Est-ce que tu te souviens ? Lui demanda-t-elle doucement.
Son jumeau hocha vivement la tête. Bien sûr ! Leur quête ! Ils étaient si près du but et avaient été sur le point de déclarer forfait. Cela aurait été tellement dommage. Ils se regardèrent, sourirent, puis se secouèrent mutuellement la tête, comme pour remettre les dernières neurones à la place qui leur revenait. 17h30. Il leur restait assez de temps pour se rendre au garage. Un peu plus pour aller faire un rapide « bonjour » à Richard et sa fille ? Ils estimèrent que oui. Leur volonté était revenue, et ils ne comptaient pas la relâcher de si tôt. L'état végétatif ne leur réussissait pas, ils préféraient laisser cela aux plantes.
Ils passèrent en coup de vent dans la salle à manger. Leurs parents eurent à peine le temps de leur demander ce qu'ils comptaient faire.
- On est partis ! Lança Maurina. On va voir Richard et faire quelques courses au centre commercial, on revient pas trop tard, promis !
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La voiture nous a quittés...
Ficção GeralIl était une fois... un départ. Celui d'une voiture que Maurina et Paul, des jumeaux, avaient toujours connu. Ils prennent alors une décision importante : compenser cette perte à l'occasion de l'anniversaire de mariage de leurs parents, dix jours pl...