Chapitre 35

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Maurina se mit au travail. Prenant en photo les documents qu'ils avaient sélectionné. Elle reverrouilla l'ordinateur, replaçant le clavier exactement comme ils l'avaient trouvé, de même pour les chaises... Ses mains s'attaquèrent ensuite au classeur, mais elle s'arrêta un moment pour regarder le document d'achat de TwinTwin. Une photographie était présente. Sa couleur jaune chatoyante, ses beaux phares bien placés, sa petite taille si mignonne... Elle aurait pu continuer de la regarder longtemps si un bruit ne l'avait fait sursauter. Un raclement de gorge. Près. Très près.

La jumelle se retourna lentement, tentant de cacher l'agitation qui la parcourait petit à petit. Elle découvrit son père penché au-dessus de son épaule, regardant attentivement le document que la jeune fille était en train de lire précédemment.

- Bonsoir Papa, chantonna-t-elle avec un sourire crispé.

Son père le lui rendit, tandis que sa mère rentrait elle aussi dans le salon. Ses parents semblèrent se lancer un regard entendu. L'adolescente se tendit. Il était trop tard pour se cacher. Au moins son frère était-il dans la chambre, à l'abri des regards indiscrets. Il ne lui restait plus qu'à trouver une excuse. N'importe laquelle suffirait.

- Elle te manque, pas vrai ? la devança son père.

La jumelle hocha la tête, contente de la tournure que les événements avaient pris. Pour une fois, le quiproquos était une bonne excuse.

- On veut bien te laisser un peu de temps pour faire le deuil mais, tu sais, Maurina, on va devoir passer à autre chose, bientôt. On va commencer à regarder pour une nouvelle voiture. Laissa tomber sa mère.

L'adolescente accusa le coup. Il fallait qu'ils attendent, encore un peu ! Sinon, tout serait fichu. La surprise, la voiture, tout ! Ils ne pouvaient pas faire ça, pas maintenant ! Paul était en train de régler les derniers détails !

- Attendez encore un peu, s'il vous plaît... elle les regarda avec des yeux implorants. Laissez-moi encore une semaine, et après ça sera bon. Vous savez, il faut du temps pour digérer une telle perte...

Sa phrase resta en suspens, tandis que la jeune fille regardait à tour de rôle ses géniteurs, rendant ses yeux les plus suppliants possibles. Un petit battement de cil par-ci par-là pour accentuer, son jeu d'acteur se devait d'être impeccable. Elle avait toujours sû qu'elle deviendrait actrice un jour. Peut-être maintenant était-ce ses débuts ?

De son côté, Paul était rentré dans leur chambre, et la conversation s'était avérée ardue. Il avait bien entendu les bribes de ce qu'il se passait dans le salon, mais le jeune homme ne pouvait pas se laisser distraire. Son interlocuteur nécessitait toute son attention. Après une promesse de 100€ pour pouvoir récupérer TwinTwin, l'accord fut conclu et il se permit enfin de respirer confortablement. 50€ restaient dans leur portefeuille, et il se remerciait d'avoir demandé une avance à leur futur employeur. Le moteur coûtait 200€ dans la même casse automobile qu'était TwinTwin. Ils n'auraient pas de déplacement à faire. Tout était bien qui allait bien finir. Il suffisait juste d'élargir un peu le budget. La sortie du tunnel était toute proche. Il ne restait plus qu'à l'annoncer à sa jumelle et la sortir de la situation embarrassante dans laquelle elle se trouvait.

Il remercia une nouvelle fois la personne à l'autre bout du téléphone. Les jumeaux pouvaient passer quand ils le souhaitaient dans la semaine qui suivait. S'ils ne se montraient pas durant ce laps de temps, le propriétaire de la casse automobile ferait ce qu'il souhaite à la voiture.

- Bonsoir Papa, bonsoir Maman, lança-t-il en sortant de sa chambre.

Sa jumelle lui lança un regard reconnaissant. Elle profita de la diversion pour ranger le classeur et se lever discrètement.

- Je suis d'accord avec Maurina. On ne pourrait pas attendre encore un peu avant l'achat d'une nouvelle voiture ? continua Paul.

Leur père se gratta le menton, tandis que leur mère regardait un point imaginaire.

- Vous savez, les enfants, c'est compliqué en ce moment... expliqua Virginie. Nos horaires diffèrent, on doit se débrouiller au mieux possible mais... une voiture ne se trouve pas en deux minutes. Si on commence à chercher maintenant, peut-être que dans une semaine on pourrait espérer l'avoir. Si on commence dans une semaine, il faudra un minimum deux semaines de plus en covoiturage.

Les jumeaux baissèrent la tête. Ils étaient si près du but ! Ils ne pouvaient pas permettre à leurs géniteurs de commencer à penser à une nouvelle voiture, pas encore. Pas maintenant !

- Vous savez, pour nous aussi c'est dur à admettre, ce départ.

Leur père venait de prendre la parole, interrompant les jumeaux dans leur fouillis d'idées pour réussir à leur faire entendre raison. Peut-être la solution allait-elle être dans la suite de ses paroles ? Du moins, ils l'espéraient. L'espoir fait vivre.

- On a beau être passés au journal télévisé à cause de ce qui lui est arrivé, ça n'en reste pas moins la voiture familiale que nous aimions tous. Notre TwinTwin familiale. Mais il faut aussi être prêts à tourner la page. Je propose un échange. Vous dîtes une semaine, nous on dit 3 jours, qu'en pensez-vous ?

Paul regarda sa sœur, qui le lui rendit. Il avait la parole. Son aisance à l'oral leur laissait plus de chance d'arriver à gagner du temps.

- 6 jours ? proposa le jumeau.

La négociation venait de commencer, et elle allait se jouer serrée.

Une demie-heure plus tard elle était conclue, 5 jours, grâce à l'acharnement de Paul. Maurina et Virginie s'était vite lassées de compter les points, préférant se plonger chacune dans leurs propres pensées. La jumelle imaginait très bien celles de sa mère, qui se demandait comment ils allaient faire pour une semaine de plus, sachant que son père perdait du terrain. Il y avait deux types de négociations : gagnant-gagnant ou gagnant-perdant. Lors de celle qui se déroulait sous leurs yeux, les jumeaux n'avaient qu'un seul choix, en ressortir gagnant, peu importe que la négociation soit équitable ou pas. Paul s'en était sorti à merveille, au plus grand bonheur de sa sœur, qui ne doutait pas de ses capacités.

Le reste de l'après-midi se passa à discuter, aider leurs parents pour le repas, passer du temps en famille. L'accident de Maurina leur avait bien fait comprendre que le temps peut passer très vite, alors autant profiter des autres tant qu'ils sont là. Les jumeaux eurent également l'occasion de parler de leur futur emploi. Après un examen minutieux de l'entreprise et du contexte dans lequel les jumeaux avaient été embauchés, leurs parents semblaient plutôt satisfaits, souriant tout de même à l'inversion de rôle qui allait avoir lieu. Leurs enfants avaient bien grandi. Enfin ils entraient dans la vie d'adulte. Ce fut sur ces pensées que s'endormirent leurs parents, tandis que dans leur chambre, les jumeaux continuaient leur plan.

Heyyyyy! Je tiens ma promesse, on est toujours mardi ! :) Le plan se poursuit, la menace des parents est écartée pour le moment et... jeudi je pars pour un mois dans des lieux où il n'y aura pas forcément de wifi, d'opportunités d'écrire, donc... je vais essayer de garder mon rythme pour ce mois de juillet, mais je ne vous garantis rien. Peut-être que le prochain chapitre sera en août, ou alors il y aura quelques surprises en juillet :) ! Je vous laisse avec toutes ces spéculations 😁

La voiture nous a quittés...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant