Chapitre 15

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- C'est bon, je ne pose pas plus de questions indiscrètes. Mais qu'est-ce qui est arrivé à la voiture ? Il y a une grosse rayure sur le côté. Il vous est arrivé quelque chose ? demanda-t-elle, inquiète.

Les jumeaux se retournèrent d'un coup. Une énorme éraflure était visible sur le côté de la voiture, bien droite, ayant par endroit sérieusement attaqué la carrosserie.

- Disons que... On a eu quelques problèmes en venant ici, s'excusa la jumelle. Nos gps sont tombés en panne, donc on s'est arrêtés pour chercher une carte, et on en a trouvé une dans le coffre, on a à peine eut le temps de partir que des gens armés sont apparus. Ils ont réussi à faire ça.

- Oh mes pauvres chous ! Vous avez dû avoir tellement peur ! Je comprends mieux votre attitude maintenant. Il y a un gang qui sévit actuellement dans la région et ils ont dû voir votre belle voiture. Vous savez, ils sont à l'affût de tout. Vous voulez rentrer à l'intérieur pour décompresser un peu ?

Ils déclinèrent poliment. Parler avec elle leur avait déjà fait du bien, rendant leurs inquiétudes obsolètes. Il n'y avait aucune raison que Jack soit un vilain, pas avec des clients aussi attentionnés.

- Par contre, comment peut-on rentrer ? demanda Paul. On n'a plus de moyen de locomotion, vous savez si il y a un train par ici, ou des taxis ?

Elle leur donna un numéro, et ils appelèrent un chauffeur. Entre temps, elle leur tendit une enveloppe, leur précisant que tout le nécessaire se trouvait à l'intérieur. Quelques minutes plus tard leur moyen de transport était là, et ils firent un grand signe de la main avant de partir.

Leur mine inquiète avait laissé place à quelque chose de radieux, et ils se félicitèrent d'avoir réussi leur mission. Ils s'arrêtèrent à la gare la plus proche, payèrent le taxis et descendirent, respirant pleinement l'air frais de la plaine.

La gare était petite, perdue au milieu de nulle part. Une unique voie de chemin de fer en partait, et non loin des vaches broutaient. Combien de trains passaient par cette gare ? Ils préféraient penser qu'il y en avait au moins un par jour, sinon, la note de taxi allait s'élever très vite.

Le chauffeur les laissa devant, seuls avec cette petite station, après qu'ils l'eurent payé.

Les jumeaux s'aventurèrent prudemment à l'intérieur. Du fait de sa petitesse, ils ne trouvèrent même pas de guichet à l'intérieur, seulement un banc et une machine. Ce fut son frère qui acheta les billets, et ils avaient de la chance : il n'y avait qu'un seul train dans la journée, et celui-ci passait une heure et demie plus tard.

En attendant, ils se décidèrent à sortir l'enveloppe. Huit billet les attendaient, d'une valeur de cinquante euros chacun. Ils se regardèrent, émerveillés. Tous les problèmes qu'ils avaient rencontré sur la route leur paraissaient loin à présent.

- On continue demain, pas vrai ? s'exclama Maurina.

Son frère lui répondit par un sourire enjoué. Ils avaient assez psychoté, mais il n'y avait pas de raisons que demain se passe mal. Il avait toujours entendu dire que le premier jour de travail était le pire. Les suivants allaient généralement beaucoup mieux, l'employé ayant eu un premier contact avec ce qui était attendu de lui. Pour eux, il s'agissait de la même chose.

- Oh ! J'envoie un SMS à Maman pour lui dire qu'on sera là pour le repas à 13h30, il ne vaut mieux pas l'appeler dans la gare, au cas où ils feraient une annonce, se proposa Paul.

Sa jumelle acquiesça. Son frère avait vraiment la tête sur les épaules, pensant à tout même lorsqu'ils étaient perdus au milieu de nulle part dans une gare dont ils ne connaissaient même pas le nom. En effet, depuis plusieurs minutes maintenant Maurina tentait de lire l'écriteau contenant supposément le nom de la gare en face de la voie sans succès.

Mais après avoir entendu son jumeau parler de leurs parents, elle revint aux derniers évènements, se désintéressant de son sujet de réflexion précédent.

Ils n'auraient pu s'estimer plus chanceux. Être aussi bien payés pour une demi-journée, c'était un rêve éveillé ! Projetés dans leurs rêves, ils s'imaginaient déjà revenir devant leurs amis à la rentrée, leur racontant ce qu'il s'était passé et se vantant de leur débrouillardise. Oui, les jumeaux n'allaient décidément pas laisser ça tomber.

- El tren número 17 896 que llega desde Barcelona y se dirige a Toulouse entrará en la estación de voz 1.

L'annonce les fit sursauter, interrompant le fil de leurs pensées. Quand sa jumelle lui lança un regard interrogatif, son jumeau fut fier de pouvoir lui traduire, lui disant que c'était à propos du train qui allait entrer en gare.

Une heure et demie plus tard, les jumeaux étaient arrivés, n'ayant plus que dix minutes à pied de chez eux.

- Attends, lança Maurina. On leur dit quoi aux parents ? Hey salut ! Notre matinée de boulot s'est hyper bien passée, on vous a faussé compagnie sans problèmes. Et puis, à une aire, il y a eu un type chelou qui a voulu frapper Paul et quand on s'est arrêtés à un moment pour un problème de GPS vraiment étrange...

- Pause, l'arrêta son jumeau. Tu veux dire quoi par vraiment étrange ? Il y a un truc qui commence à faire tilt dans ma tête.

- Le GPS qui s'affole dans tous les sens... D'habitude, il dit juste signal GPS perdu, mais là, on aurait dit un énorme bug.

- Le triangle des Bermudes, souffla son frère. C'est le même phénomène.

- Mais on est pas aux Bermudes.

- Et si... La zone dans laquelle on était était protégée par une sorte d'onde magnétique, reproduisant l'effet du triangle ? Même quand on est arrivés chez la dame, on n'avait toujours rien. Pas de signal, c'est même elle qui a dû appeler le taxi pour nous.

- Tu crois que c'est louche ? Que Jack savait ça ?

- Il y a souvent une carte dans le coffre, comme ça ?

Tout commençait à prendre sens dans leur esprit. L'adresse qui leur avait été donnée écrite alors qu'ils pouvaient la retrouver en regardant sur le gps. La recommandation de Jack selon laquelle ils ne devaient pas se perdre. La carte présente dans le coffre. La carte ?

- Il y avait des couleurs sur la carte ! réalisa-t-il. Trois couleurs, comme les trois côtés du traingle. Donc en fait tout était prévu ? Dans tous les cas on était obligés d'ouvrir le coffre, de chercher la carte, ce qui a attiré la convoitise des gens armés, qui sont arrivés à toute vitesse...

- Stop. Pourquoi il y avait une carte dans la voiture, déjà ? Et qu'est-ce qui nous a pris de croire qu'il y en aurait une dans le coffre ? Comment t'en es arrivé à cette conclusion Paul ?

- Juste l'instinct, répondit-il évasivement. Bon, en fait, j'y croyais pas du tout. Je voulais juste que tu vérifies s'il y avait quelque chose dans le coffre, parce que transporter juste une voiture... Mais en plus, il y avait un mystérieux colis, et une carte, comme par hasard !

Sa jumelle se prit la tête dans les mains, ses pensées circulant à cent à l'heure. En la voyant, son frère commença à avoir peur. Si elle réfléchissait autant, peut-être finirait-elle par exploser ? Il fallait qu'il arrête cela à tout prix.

La voiture nous a quittés...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant