Chapitre 38

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Les jumeaux la suivirent, beaucoup moins certains. Le début de leur journée avait été plus que mouvementé déjà, et ils n'étaient pas sûrs de savoir à quoi s'attendre.

Pour sa part, Maurina commençait à avoir une petite idée, entre Chloé, des éventuels clients et des coups de fils, la journée s'annonçait plutôt paisible.

Paul, quant à lui, n'en était pas aussi sûr. En quoi pouvait bien consister le nettoyage de vitres ? Quelles machines utiliser ? Autant l'idée le fascinait qu'elle lui faisait peur. Mais il était plutôt content d'être à cette place. Il laissait volontiers les pleurs et les discussions entre filles à sa jumelle.

En entrant dans le bureau, ils trouvèrent Chloé dans un coin, la tête cachée derrière un livre, ses reniflements trahissant les pleurs qu'elle tentait de contrôler. Richard, quant à lui, avait eu le temps de s'asseoir sur le bureau et de se saisir de documents.

Durant la demie-heure qui suivit, les jumeaux eurent le droit aux papiers administratifs, à leurs missions, aux informations pratiques et tout ce qui avait attrait à leur futur travail. Les jumeaux donnèrent leur accord pour une durée de deux semaines après un petit échange entre eux, réalisant qu'avoir un peu de sous de côté même après une surprise pouvait valoir le coup.

- Chloé, est-ce que je peux leur dire ? Demanda soudainement Richard.

La petite fille s'était faite si discrète qu'elle avait finalement réussi à passer inaperçue aux yeux des jumeaux, trop absorbés dans leurs nouvelles missions et toutes les choses qu'ils se devaient de connaître. Sa petite tête sortit de derrière son livre, ses yeux encore brillants. Elle hocha la tête, avant de se cacher à nouveau derrière son livre. Un détail attira l'attention des jumeaux qui se mirent à sourire. Le livre était à l'envers. Ils gardèrent cependant le silence. Mieux valait ne pas ajouter à la gêne déjà présente. Richard aussi semblait l'avoir remarqué, mais comme les jumeaux, il l'ignora.

- Chloé m'a raconté que tu l'avais vue à l'hôpital avant-hier, Paul, commença l'homme. D'après le poignet de ta sœur, j'en déduis que ça devait être la raison.

Maurina hocha la tête, impatiente de connaître la suite. Pourquoi Chloé était-elle venue à l'hôpital ? Son frère ne lui avait pas parlé du sujet.

- 2 ans après la naissance de Chloé, ma femme a été diagnostiquée avec un cancer. Elle a lutté pendant 3 ans, et a finalement survécu. Mais elle ne peut plus avoir d'enfants, et tous les ans, il y a une visite de contrôle. Vous savez, elle a appris à être forte, mais voir d'autres personnes qu'elle connaît à l'hôpital à réveillé de mauvais souvenirs. Elle n'arrêtait pas de me demander si vous alliez bien après que je vous ai eus au téléphone.

Paul revit la petite fille à l'hôpital. Elle lui avait parut si encourageante et solide. Il ne connaissait pas tout. Chaque personne avait sa part d'ombre et de lumière, qu'elle souhaitait ou pas révéler aux autres.

Les jumeaux avaient à présent les larmes aux yeux, tout comme la petite fille, qu'ils entendaient pleurer derrière son livre. Elle leur faisait assez confiance pour leur révéler son secret, une de ses insécurités.

- Et donc elle s'en est rappelé encore plus vivement quand elle a su pour nous ? Confirma le jumeau.

Le père se contenta d'acquiescer, les yeux brillants. Le silence s'installa, rompu par les sanglots de la petite fille.

Maurina se décida à prendre l'initiative. Elle comprenait l'histoire, à quel point tout était triste, mais la jeune fille n'aimait pas pleurer.

- Tu sais, Chloé, ce n'est pas en lisant ton livre à l'envers que ça va t'aider à moins pleurer. Même si tu essaies d'imiter la méthode de boire de l'eau l'a tête à l'envers pour le hoquet, je suis pas sûre que ça fonctionne pareil pour les larmes.

L'adolescente espérait que la référence était passée, mais elle n'en était pas sûre. Avec un peu de chance, cela allait redonner le sourire à l'enfant. Ce qu'elle ne s'attendait pas fut que Chloé abandonne son livre et lui saute dans les bras. La jumelle la réceptionna, surprise. Avoir une fillette de neuf ans dans les bras ne lui paraissait pas aussi lourd qu'elle ne s'y serait attendue, à sa plus grande surprise.

- On va être secrétaires toutes les deux aujourd'hui, chuchota Chloé à son oreille. J'ai hâte!

La jumelle acquiesça, avec une petite appréhension tout de même. S'occuper de la petite fille ? Pas de soucis. S'occuper de la clientèle ? Elle allait découvrir si cela lui plaisait ou pas !

Le jumeau regarda les deux filles avec un sourire. Puis il se rappela que lui aussi allait travailler, et de façon bien différente. L'anticipation et le stress reprirent leur place dans son estomac. L'heure des révélations était terminée, et l'heure du travail était venue.

Richard fit signe à Paul de le suivre, comprenant que les filles pouvaient être laissées seules. Sa fille semblait être entre de bonnes mains avec Maurina, et la crise semblait passée.

Le jeune homme le suivit avec un certain automatisme. Chaque pas qu'il prenait, il avait l'impression qu'un autre le poussait à avancer à sa place. Son ventre était noué d'anxiété, mais il ne voulait pas le montrer. Il était un homme, un vrai ! Avec peut-être un nombre réduit de muscles, mais il restait fort.

Les deux hommes s'arrêtèrent à côté d'une camionnette. La vitre avant de celle-ci s'ouvrit, pour laisser apparaître un homme, dans la trentaine, une casquette sur la tête.

- Hello patron ! Vous en avez mis du temps, y a eu un problème ? Demanda le conducteur de la camionnette.

Son regard se posa sur Paul, et il sembla comprendre quelque chose. Une étincelle dans son regard indiquait cela.

- Votre p'tiote a vu notre nouvel accolyte, il a une sœur et elle a fondu en larmes, c'est ça ? Devina l'employé. Moi c'est Joe, j'vais t'aider à comprendre le métier. Toi c'est comment ?

Le jumeau eut un temps d'arrêt, le temps de terminer l'assimilation. Leur nouveau patron venait de le présenter à un de ses employés, qui allait visiblement le prendre avec lui pour la journée. Il connaissait aussi Chloé, et semblait très doué pour lire dans les pensées. Ou du moins les expressions du visage, se rattrapa-t-il intérieurement. La télépathie n'existait pas.

L'échange de politesses se poursuivit, et Richard lui expliqua ses missions avant de le laisser. Il se retrouva seul dans la camionnette avec Joe, qui prenait plaisir à faire la conversation. Le trajet passa très vite, et le jeune homme apprit beaucoup de son nouveau collègue de travail.

La voiture nous a quittés...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant