48 - alors que la lumière est la clé

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Un jour un psy a dit que les enfants ayant grandi dans un chaos avaient tendance à vouloir vivre à l'intérieur à tout jamais, inconsciemment, dans le simple optique de perpétuer ce qu'ils ont toujours connu. Alors, quand quelque chose va trop bien, ces enfants vont engendrer un nouveau chaos, parce qu'il n'y a que comme ça qu'ils se sentent en sécurité et à la maison.

J'ai toujours trouvé ça assez drôle comme paradoxe parce que, toute ma vie, j'ai pensé vouloir fuir ce chaos alors que je ne faisais que m'enfoncer encore plus dedans en choisissant systématiquement des relations qui avaient le pouvoir de me détruire un peu plus fort. Parce que la destruction est la chose que l'on m'a fait passer pour de la sécurité tout du long.

J'ai pris du temps pour le comprendre, mais, malgré ça,  je me suis toujours demandé comment on faisait quand on était soi-même un chaos.

J'ai cherché la réponse en vain. Une question sans la moindre réponse. J'ai continué de vivre, comme si mon chaos avait arrêté de me poursuivre, pensant que la véritable solution était là : l'oubli. Ou bien, le déni.

Sauf que vouloir oublier est une notion en elle-même chaotique.

C'est une pensée viscérale qui vous transperce les entrailles. Vous y croyez tellement fort que vous pensez avoir oublié, vous vous levez le matin du bon pied, jusqu'à ce que, du jour au lendemain, le vent tourne et vous renvoie d'un coup de batte le chaos oublié à la figure.

Alors je me suis traînée avec pour vision de moi-même ce chaos, sans vraiment pourtant chercher à l'accepter. Parce que, c'était ça, ma sécurité ; vivre avec mon chaos accroché aux pieds.

Un jour, j'ai vu un livre tourner sur les réseaux. J'ai dis à une amie que je voulais l'acheter et elle m'a dit qu'elle l'avait, qu'elle allait me le prêter, mais qu'elle, n'avait pas accroché.

Je suis arrivée à la première page avec apriori. Pourtant, lorsque que j'ai finis le prologue, j'ai su que j'aimerais éternellement relire ce livre comme si c'était la première fois et comme si j'en avais perdu le souvenir.

Dans ces pages, le personnage principal voit son soi intérieur comme un immense terrain vague où l'herbe refuse même de pousser. Un chaos, une supernova en train d'exploser pour former un trou noir comme il le dit si bien. 

Comme moi.

J'ai porté mon propre chaos avec ce personnage au fil des pages, comme si avec lui, bien que fictif, c'était plus simple. Puis, il y a eu cette phrase de Nietzsche, là, en plein milieu du livre.

« il faut porter en soi un chaos pour mettre au monde une étoile dansante »

Ça m'a sauté au visage, parce que, cette phrase, semblait ressembler à tout ce que je vivais. Elle vibrait, brillait, brûlait le bas de mon estomac. 

Cette même amie qui m'avait prêté ce livre, lorsque l'on s'est connu et que je lui ai raconté mon histoire, m'a dit :

- tu brilles sacrément pour quelqu'un morte de l'intérieur.

Lorsque j'ai fait plus attention, je me suis rendu compte que c'était quelque chose que l'on me disait souvent, que j'avais une lumière, que je rayonnais et que ce que je traînais était inimaginable en surface.

Alors j'ai enfin compris. Le chaos ne nous représente pas, il fait ce que nous sommes, et s'atténue à force de courage et de temps. 

Alors, j'ai tout compris, tout est encore devenu plus lucide. Je suis retourné au début du livre et je les ai vu, ces sept mots qui m'ont fait dire que ce livre était celui de ma vie :

« et puis l'herbe se remet à pousser. »

Parce que c'est vrai. L'herbe finit toujours par repousser.

Aujourd'hui j'ai 19ans, et ça fait maintenant deux ans que j'essaye de guérir de mon chaos qui a duré douze ans.

Je ne sais pas si un jour je m'en remettrai, mais je crois qu'il y a des choses dont on ne se remet jamais, c'est Nathanaël Adams qui me l'a appris, et je l'accepte. Parce que si je suis un étoile dansante pour les autres, alors,  je devrais réussir à en être une pour moi-même.

J'ai foi en moi.

Pour ce que ça vaut, merci Nine Gorman et Marie Alhinho d'avoir écrit La nuit où les étoiles se sont éteintes. Merci de m'avoir fait connaître Finn, mon égal d'une autre vie, merci de m'avoir fait connaître Nate, Kenna, Kurt et Jaeger avec qui je rêverais d'être amie.
Merci de m'avoir sauvé la vie.

Alors à tous les enfants ayant grandi dans le chaos, qui n'ont plus d'espoir et qui pensent pouvoir mourir demain, rappelez vous toujours qu'il faut porter en soi en chaos pour mettre au monde une étoile dansante.

Nous sommes des étoiles dansantes.

Et c'est ce qu'il y a de plus beau.

Pour ce qui est de moi, je pense que j'avais besoin de l'écrire, parce que, c'est ce qui me fait prendre conscience que je peux de nouveau entreprendre ma vie. Autrement qu'en me considérant comme un chaos vivant. 

Je sais que je ne me relèverai jamais à cent pourcents. Je sais que j'aurais toujours quelque part en moi ce chaos enfoui, comme un puzzle mal finit ; mais je sais aussi que même les pièces les plus complexes d'un puzzle peuvent être reproduites, même de la plus imparfaite des manières. 

Parce que mon cœur brille. 

Alors je reviens le plus vite possible avec de nouvelle histoires, je l'espère, moins chaotiques.

En attendant, prenez soin de vous.

Caroline

Les plumes d'un soirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant