30- Fermez vos yeux

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INSOMNIE.

Je ne dors pas, allez savoir pourquoi. 

La nuit, tout devient incohérent dans ma tête, tout s'emmêle afin de n'être plus qu'un amas informe de pensées trop sombres pour être dévoilées, de peines trop lourdes pour être pansées ; un amas vague et sans fin de pleurs et de colère enfuis prêt à être dévoilé. Un amas de sortes de poussières qui ne prend forme que lorsque l'obscurité prend le dessus sur la lumière. 

Sensations indescriptibles : est-ce que j'ai mal ? 

Bien sûr que j'ai mal, si mal. Parce que lors de mes récurrentes insomnies, alors que les autres, paisiblement, dorment et rêvent, je repense à ces âmes qui, peut-être, voyagent autour de moi. Sont-elles bloquées ici ? Indignement enfermées contre leur gré ? Ou sont-elles tout simplement les anges qui me sont, probablement, destinés ? Adrian, mamie, papy, est-vous ? Est-ce vous qui essuyez mes larmes qui, sans vraiment savoir pourquoi, font face et dévalent mon visage ? 

Non. Bien sûr que non. 

La nuit semble rapprocher de moi ces étoiles perdues, comme si elle était un appel, comme si, la nuit, les frontières entre nos deux mondes s'effondraient. 

Mes larmes sèchent, s'accrochent lourdement à mes joues,un premier bâillement vient mais mes yeux restent grand ouverts. Alors je contemple le monde à travers ma fenêtre, ce beau petit bout de terre vaincu par l'obscurité ; et au milieu de ces doux bruits et de ce vent nocturne, je ne peux m'empêcher  d'intérieurement crier : "Ramenez mon grand-père ! Ramenez moi ma grand-mère ! Ramenez Adrian ! 

Même si éphémères, ramenez ces êtres ainsi que leurs souvenirs qui, trop vite, s'évanouissent. Ramenez moi ces âmes ensevelis rien que le temps d'une insomnie".

Les plumes d'un soirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant