40 - Qu'on appellera plus tard

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PLUS SOUVENT.

Plus souvent. Je devrais sourire plus souvent. C'est ça que me répètent sans cesse les gens, que je ne suis pas assez souriant. Que je devrais être plus extraverti, que je devrais apprendre à vivre, souffler un peu et regarder devant. Et pourtant, j'essaie, je tente de remuer mes lèvres, de faire monter mes joues, de montrer la blancheur de mes dents, mais rien n'y fait, ils finissent toujours par trouver tous ces efforts décevants.

Alors ils me répètent "plus souvent". Je devrais sortir plus souvent. Ils disent que ça me ferait sûrement du bien de temps en temps. Que de toute façon, je ne risque rien dehors, si ce n'est trouver de quoi m'amuser et sentir dans mes cheveux le dit agréable souffle du vent. Et pourtant, quand j'essaie, c'est moi qui finit par trouver ça décevant.  

Et encore une fois, il me disent plus souvent. Je devrais pleurer plus souvent. Ne jamais me voir verser ne serait-ce qu'une larme devient effrayant. Ils trouvent que je manque de sensibilité, et c'est pour eux un défaut apparemment. Mais si seulement. J'aimerai bien pleurer, moi, de temps en temps, j'aimerai bien récolter ces minuscules diamants, mais chaque fois que j'essaie, je croise le regard accusateur et vicieux de tous ces gens.  Me voilà encore une fois, aux yeux de tous, quelqu'un que l'on juge décevant. 

Mais la vérité c'est qu'ils ne savent pas ce qui se cache dedans. Et pourtant, ils devraient tenter d'y regarder plus souvent, voilà ce qui serait, pour moi, moins décevant. Qu'ils toisent ce qui se faufile au creux de mon ventre, qu'ils me disent qu'au final, non, je ne devrais ni rire, ni sortir, ni pleurer plus souvent, que je devrais juste rester avec mes sentiments même si un peu lents. Voilà ce qui pour moi serait si apaisant. Savoir que quelqu'un me comprend. Qu'il me tende sa main et me dise "je ne te dirais jamais plus ce que tu dois faire plus souvent", parce que de ces mots je rêve tant. 

Alors dorénavant, j'ai décidé que peu importe ce que me disent les gens, peu importe ce que me souffle le vent, je prendrai les mots des gens dans mon cœur moins souvent, afin de ne jamais plus entendre ce que veulent à mon égard ces humains sans grande intelligence tentant de me faire croire qu'au final,  je serai mieux autrement. 

Car après tout, je ne suis que Lilian, ce garçon sans rire, sans sortie et sans pleure, cet humain parmi tant d'autre et qui pourtant, sans vraiment compter pour autant, des autres se démarque tant. 

*** 

un petit texte écrit sur le vif, mais j'espère qu'il vous plaira tout de même, même si à mon goût la fin reste un peu vide (je tenterai de le retravailler après à tête reposée (: )

Les plumes d'un soirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant