36- S'aimer soi-même

12 4 0
                                    

LE RÊVE.

Dans cette nuit fade et éteinte, alors que mes yeux clos ne peuvent se résoudre à broyer du noir, la seule issue qui semble me rester est de m'abandonner à mes miles rêves oubliés.

Alors je rêve de danser sous la pluie afin que chacune de ses gouttes avalent ma tristesse, que chaque coup de vent éponge mon trop plein d'émotion et m'enlève ce poids qui trône sans cesse sur mon dos. C'est ainsi que je danserai, que je courrai, afin d'établir un nouveau rêve, encore plus beau et irréel. J'irai donc voir le plus beau film au monde, et je pleurerai devant tout du long tellement je l'aime, émue de voir à quel point son histoire fait écho en moi, au point de bouleverser tout ce que je pensais connaître. Suivie par l'euphorie que m'auront provoqués ces minuscules et irréels instants de folie, je rêverai de sauver des vies, des âmes en peine qui ne savent plus où aller et comment y aller. Et dans ce rêve, cette tache, je l'aurai réussi. 

Et puis, mon rêve change. Voilà que je rêve d'écrire, et d'écrire encore et encore, des milliers de poésies et de livres qui pourraient aider et guider ces êtres qui ne trouvent plus le chemin. Alors j'irai sur la plage, écrire quelques textes futiles tout en regardant le soleil se lever jusqu'à ce que le temps s'y arrête afin que je puisse effleurer du bout de mes doigts ce grand et magnifique tableau que m'offre l'horizon.

En fin de compte, je rêve de choses beaucoup trop belles pour être vraies ; je rêve qu'un matin ne se lève jamais, que l'horizon s'évanouisse, et que moi, allongée dans un endroit quelconque à regarder le vide au dessus de mon visage, je m'efface. Je rêve que le temps me fige, que l'horizon me capture, que mon corps ne soit plus.

Je rêve de m'effacer avec mes rêves, même si inaccomplis ; je rêve d'un endroit où ces rêves pourraient être compris.

Mais jamais la pluie n'avalera ma tristesse, jamais le vent n'épongera mon trop plein d'émotion. Jamais il n'existera un film aussi beau, aussi puissant qu'il puisse avoir le pouvoir de chambouler mon cœur et tout ce que je pensais connaître jusqu'ici. Jamais je ne sauverai de vies, jamais je ne saurai aider des âmes aussi perdues que la mienne. Je ne serai jamais éditée pour mes textes parce qu'ils n'aideront personne à trouver un quelconque chemin temps que je n'aurai pas trouvé le mien.

Il sera à jamais impossible d'arrêter le temps et de toucher de ses mains l'horizon si vaste et si lointain que personne n'a la capacité d'atteindre. Les matins se lèveront toujours, se répéteront sans arrêt, jusqu'à ce qu'un jour, à l'aube, ce soit moi qui ne me lève pas.

Voilà la seule chose possible : un jour, le temps me figera, l'horizon me capturera, je ne serai plus qu'un vague brin de lumière effacé dont personne ne se souviendra.

Parce que nous sommes incroyablement insignifiants, et que le monde qui nous entoure, malgré nos volontés, restera toujours identique à ce qu'il est : composé de matin, de soir, et de temps. Nous sommes la clé de nos rêves, nous sommes la clé de la vie, nous sommes la clé de la mort ; le jour et la nuit, et nous voilà déjà endormis.  

Les plumes d'un soirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant