Personne

28 - Trop dur d'attendre

- Isaac. . .

Il essuie mes larmes avec sa main ensanglantée, un sourire faible collé au visage. J'essaie en vain d'arrêter les saignements. J'appelle à l'aide avec tout ce que j'ai, je ne peux pas le perdre aussi.

- Reste avec moi. Ferme pas les yeux, Isaac reste éveillé.

- Je t'aime, Willow. Plus que tout. Plus.

- Ne gâche pas ton énergie, ça va aller d'accord.

- Plus que tout au monde.

Mes larmes redoublent quand je suis écartée par un pompier. Ses collègues s'affairent à soigner mon copain. Je tremble comme une feuille, j'essaie de le rejoindre mais cet abruti de pompier ne veut pas me lâcher. J'ai besoin d'être avec lui.

- J'ai plus de pouls ! cri un pompier. Je commence le massage cardiaque.

- ISAAC !

Tout devient flou, mes oreilles bourdonnent. Tout commence à s'effacer autour de moi. Peu à peu la seule chose que je vois c'est des silhouettes difformes qui bougent. Pendant un moment j'ai l'impression qu'on extrait mon âme de moi. Je ne m'appartiens plus. Soudain, je me vois pleurant toutes les larmes de mon corps en hurlant au pompier de me lâcher. Je suis comme un fantôme qui assiste à tout sans pour autant être vue. Puis je vois les bip sur le moniteur, son coeur est reparti. Le mien aussi.

- Mademoiselle, vous voulez monter avec lui ?

D'un seul coup je suis de nouveau dans mon corps, l'ouïe et la vue parfaitement retrouvées. Je hoche la tête. Mes jambes semblent faites de coton pourtant je monte dans cette ambulance. Je m'installe sur le siège derrière le conducteur, les mains de par et d'autre du visage d'Isaac. J'analyse tout son visage cherchant le moindre signe de son réveil.

- Ne me laisse pas dans ce monde, j'ai besoin de toi. On a tous besoin de toi. Max est sain et sauf. Après tout ce qu'on a vécu ces dernières heures, tout ce stress, on ne peut pas te perdre. C'est clair ? Réveille toi, mon amour.

Pas de réponse. La seule chose qui me rassure sont les bip de cette machine, ça veut dire qu'il est vivant. Qu'il y a une chance.

Après notre arrivée à l'hôpital, ils l'ont emmené se faire opérer. J'ai alors entrepris de rejoindre les autres dans la chambre de Caleb.

- Où est Max ? je demande.

- Oh mon dieu Willow t'es vivante !

Kat me fait un câlin, les larmes aux yeux. Puis je reçois une tape sur la tête.

- Mais ça va pas ?!

- C'était la chose la plus stupide que tu n'ai jamais faite Willow, s'insurge mon amie.

- En effet, je ne vais pas dire le contraire, renchérit Caleb. Mais je comprend pourquoi tu l'as fait. Isaac a débarqué en furie dans la chambre en disant que t'étais partie et que les flics essayaient de tracer ton téléphone.

- Je l'avais mis en mode avion.

- Où sont les garçons ? demande Kat.

- Je pensais que Max serait ici. J'ai réussi à le détacher et même si il voulait pas partir, il l'a fait.

- Il n'est pas revenu. On a pas eu de nouvelles de lui. T'es sûre qu'il allait bien ? demande Caleb, inquiet.

- Mais oui il allait bien, puisque je vous dis que je l'ai vu partir de l'entrepôt.

La porte s'ouvre sur Max, le visage fermé. Kat lui saute littéralement dessus en lui disant à quel point elle a eu peur pour lui. Mais mon ami garde ses yeux sur moi. C'est la première fois depuis que je le connais que son visage reste impassible. Il se dirige vers Caleb mais sa joie de vivre semble revenir, comme si elle ne pouvait pas le quitter bien longtemps.

- Il est arrivé quelque chose à Isaac, c'est ça ?

- Oui.

Ma voix s'est brisée.

- Il est. . .

- Non. Enfin, il est arrivé en même temps que la police. Je courais pour échapper à Peter et il a tiré en l'air. J'étais complètement tétanisée. J'avais jamais pensé qu'il pourrait me faire du mal. J'ai entendu deux détonations. Et je. Quand j'ai ouvert les yeux, j'ai vu. J'ai vu Isaac. Il avait l'air d'aller bien et je. D'un seul coup, il. Il est tombé en hurlant de douleur.

- Il s'est pris le coup de feu à ta place, dit Kat les larmes aux yeux.

- Il m'a sauvé la vie. Il est entrain de se faire opérer.

Un silence assourdissant règne ensuite sur la pièce. Ils essaient d'assimiler ce qu'ils viennent d'entendre. Max lui semblait déjà au courant.

- Max ? Tu savais ?

- Oui.

- Mais je croyais que t'étais parti.

- Tu pensais vraiment que j'allais partir ? Te laisser toute seule au milieu de nul part avec ce taré ? C'est mal me connaître. J'étais caché dans les buissons en face de la grande porte. J'ai vu les flics arriver et j'ai vu Isaac se jeter sur toi pour te protéger. J'ai fais ma déposition à l'agent et il m'a ramené ici.

J'ouvre et referme la bouche à plusieurs reprises, ne sachant pas quoi faire entre m'excuser ou le prendre dans mes bras. Quelque chose n'allait pas. Il était comme indifférent à moi. Ou peut-être juste en colère.

- Viens avec moi, on va les laisser tranquille. De toute façon tu dois faire ta déposition à la police. L'agent qui m'a interrogé t'attends dans une salle de conférence.

Max salue les autres et passe devant moi sans m'adresser un seul regard. Je fais un signe de la main à mes amis puis suit mon ami. Nous marchons dans un silence pesant, c'est insoutenable. Je ne reconnais pas Max.

- Crache le morceau Max. Au lieu de me faire la gueule.

- Je ne te fais pas la gueule.

- Arrête tes conneries. Je vois bien que tu m'en veux. Je ne sais juste pas pourquoi. C'est parce que c'est de ma faute que tu t'es fait kidnappé ?

- Non pas du tout. Tu n'y es pour rien si ton ex n'est pas passé à autre chose.

Il s'arrête puis me fait face, un regard de dédain sur le visage.

- Je t'en veux Willow, parce que t'as failli te suicider pour que je m'en aille. Je sais très bien que tu aurais appuyer sur la détente et c'est ça qui me fou en rogne. Qu'est-ce qui t'es passé par la tête !?

- Je voulais que tu sois en sécurité ! Voilà ce qui m'est passé par la tête !

- C'était débile ! Tu peux pas agir comme si ta vie ne valais pas la peine d'être vécu ! Les gens qui tiennent à toi ne supporteraient pas de te perdre Willow !

- Je suis désolée OK !?

Max semble moins énervé contre moi, la tristesse a remplacé ce sentiment. Quand ses pouces essuient mes joues mouillées, je me rend compte que je pleurais. Il me serre dans ses bras et tout ce que je peux faire à ce moment là c'est lui serrer la taille en retour. Il a besoin de s'assurer que je vais bien physiquement pour arrêter de s'inquiété et moi j'ai besoin de son soutien pour arriver à surmonter l'attente. L'attente qui m'empêche de savoir si mon copain va s'en sortir.

Max est comme mon frère jumeau. Ce serait une partie de moi qui mourrait si il était blessé ou mort. Et ce serait le cas pour lui aussi si quelque chose devait m'arriver. Je ne sais pas comment cette relation s'est tissé mais sa joie de vivre est devenu le pilier de mon rétablissement et je sais que je l'ai aidé pour la mort de sa soeur.

Nous finissons le chemin jusqu'à la salle de conférence et quand l'agent demande à Max de rester dehors je lui dis qu'il n'aura rien de ma part si Max ne m'épaule pas pendant mon récit. Parce que je n'arriverai pas a en parler sans lui.