20 - Un nouveau départ

205 11 3
                                    

- Tu nous manques papa, dit mon frère pendant que je dépose un bouquet de lilas.

Mon bras s'accroche à celui d'Anthony, sa main se resserre autour de la mienne. Notre héros nous a quittés bien trop tôt. Un souvenir me vient en pensant à mon père.

- Tu te rappelles de la fois où papa nous as emmenés faire du camping la première fois ?

- Oh mon dieu, oui. C'était de loin le pire Week-end de ma vie.

Un rire me vient.

- C'était épique quand t'es tombé dans le lac. Papa et moi on ne pouvait plus s'arrêter de rire tellement ton plat était énorme.

- J'ai eu une grosse plaque rouge pendant une semaine ! J'ai pas trouvé ça drôle moi.

Nous restons là encore une heure, nous remémorant nos meilleurs souvenirs avec notre père. Je culpabilise d'avoir fait attendre Isaac aussi longtemps. Je lui ai demandé de venir avec nous mais il voulait nous laisser de l'intimité alors il est resté dans la voiture.

Quand nous partons après un dernier au revoir, mon coeur se serre légèrement. Je sais que celui de mon frère aussi. Il ne parle jamais de ses sentiments pour laisser les miens s'exprimer avec plus d'amplitude, ce qui lui reste semble être peu. Il souffre autant si ce n'est plus que moi mais il le garde pour lui.

Isaac relève la tête de son téléphone quand mon frère ouvre la portière côté passager. Je m'assois derrière mon frère. Aucun de nous deux n'est en état de conduire. Heureusement qu'Isaac est là. Depuis ma dispute avec Kat, il vit pratiquement avec nous.

En parlant de Kat, nous n'avons pas vraiment parlé toutes les deux. Je veux pas rester en froid avec elle, c'est ma meilleure amie. Mais ma fierté me dit de ne pas faire le premier pas parce que ce qu'elle voulait c'était m'obliger à lui parler d'un traumatisme alors que je ne le voulais pas. Quand on parle du loup. Mon téléphone vibre, son nom s'affiche.

- Allô ?

- Salut Willow. Je. . .

Un silence suit, elle ne termine pas sa phrase. Je ne compte pas lui mâcher le travail. Je lui ai déjà un peu pardonnée mais j'attend quand même d'entendre ce qu'elle a à me dire.

- Est-ce que je peux passer chez toi pour discuter demain ?

- Oui, ramène le café et tu serais à moitié pardonnée.

Elle rigole timidement. Katerina et timide ne sont vraiment pas deux mots qui s'associent habituellement. Elle se sent clairement coupable. C'est notre première dispute. Ce sera sûrement pas la dernière vu nos deux caractères mais je sais qu'on se réconciliera toujours.

- A demain.

- Oui, bisous.

Je raccroche. Mon frère m'interroge du regard dans le rétro de la voiture. Je mime Kat avec mes lèvres, il acquiesce. Un petit sourire en coin apparaît sur le visage du conducteur. Il est content qu'on se réconcilie. Il sait que je l'ai déjà plus ou moins pardonnée.

Le reste du trajet les garçons discutent un peu mais je n'arrive pas à parler. Ma voix est comme bloquée depuis qu'on est passés devant un diner. Ca m'a rappelé la fusillade. Mon frère s'est mis devant la télé, sûrement pour penser à autre chose. Je vais dans ma chambre, Isaac me suit. Je m'allonge dans mon lit, en croix sur le dos. Il reste sur le pas de la porte.

- Bon, je vais vous laisser. Je vais pas squatter ici, surtout aujourd'hui.

- Tu peux rester.

- Non t'inquiète.

- S'il te plaît, suppliais-je presque.

Ses yeux montrent une légère surprise, il hésite quelques secondes puis se décide à me rejoindre sur le lit. Je range mes bras sur mon ventre pour qu'il ait de la place. Il s'assied contre la tête de lit, un bras derrière la tête et l'autre sur sa cuisse. Seule ma tête est tournée vers lui, je vais me faire un torticolis mais c'est pas grave.

- Tu veux regarder un film ?

- Ouais, on peut faire ça.

Il prend la télécommande pour allumer la tv, va sur Netflix et me regarde pour savoir ce que j'ai envie de regarder.

- Avant toi ? je souris de toutes mes dents comme une gamine.

- Tu veux regarder un film devant lequel tu pleures à chaque fois alors que t'es triste ?

- Yup. Allez, je sais que tu kiffes ce film aussi.

Il cède. Je me relève pour me caler contre la tête de lit, à côté de lui. Son bras vient sur mes épaules et me rapproche de lui. Quand je le regarde, il me fait un simple sourire. Je me reconcentre sur le film.

Tout le long du film les doigts d'Isaac font des figures imaginaires sur mon bras. Je n'arrive pas à penser à autre chose que le contact de ses doigts sur ma peau. Ces derniers temps on s'est rapprochés c'est vrai mais là je sens que mes sentiments à son égard évoluent. Quelque chose est entrain de changer.

Le film se termine mais aucun de nous deux ne bouge ni ne parle. Puis le bras qui était sur mon épaule bouge pour que sa main tourne mon visage vers le sien. Nous sommes à quelques centimètres l'un de l'autre et ma respiration se coupe. Mon coeur bat la chamade et j'ai des frissons quand il effleure ma peau de sa main.

- Tu n'as pas pleuré.

- Quoi ? je suis perdue là.

- Tu pleures toujours devant ce film, chaque fois qu'on le regarde au même moment tu pleures. Là, t'as même pas lâchée une larme.

- J'avais l'esprit ailleurs. C'est rien.

Il ne dit rien. Il se contente de me regarder dans les yeux avec les sourcils légèrement froncés. Ce que j'ai envie de l'embrasser. Ma respiration se fait plus lente quand son visage se rapproche du mien avec une lenteur infinie. Ses yeux dérivent un millième de secondes vers mes lèvres puis reviennent à mes yeux. Je suis parfaitement immobile. Son visage s'avance toujours, un petit sourire apparaît au coin de ses lèvres et juste après elles touchent les miennes. Son baiser est doux et langoureux.

Mon regard retrouve le sien, ses yeux chocolats plein de désir me fixent. C'est moi qui me jette sur ses lèvres presque expressément et il rigole contre les miennes. J'ai le sentiment d'être à ma place.

PersonneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant