14 - Discussion

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Le Week-end est passé à une vitesse folle. Entre dormir, manger et regarder la télé je n'ai pas fais grand chose. Je n'ai pas parlé ni vu Isaac non plus. Ce matin, j'ai sport et ensuite je dois rejoindre Katerina pour déjeuner. Je vais en profiter pour lui demander ce que Isaac fait cet après-midi comme ça je pourrais lui parler. J'ai besoin de réponses et je pense que si il ne voulait pas en parler il ne m'aurait pas montrer son tatouage.

- Salut beauté ! cris mon amie à travers la foule de la cafétéria.

- Salut Kat' !

- Comment tu vas ? J'ai plein de trucs à te raconter.

Elle s'assoit en face de moi avec son plateau, un air de malice sur son visage. Aujourd'hui ça va être croustillant.

- Bien, maintenant que t'es installée et que tu as commencé à manger, je veux TOUT savoir.

- Alors, j'ai passé une soirée plutôt torride en boîte comme tu le sais déjà. Petit clin d'oeil de sa part. Il m'a donné son numéro tout en me disant qu'il serait ravi de faire plusieurs autres round. Je crois que je lui ai tapé dans l'oeil.

- C'est pas étonnant en même temps, regarde toi Kat. Tu es magnifique. Tu le revois quand ?

- J'aime que tu saches que je le reverrai sans me poser de question. Et ce Week-end, chez lui. T'inquiètes, j'ai prévenu Max, il sera pas loin en cas de problème.

- Tant mieux, je ne voudrais pas que tu te retrouves séquestrée ou tuée. Il n'y a pas que ton prochain Week-end débauche dont tu voulais me parler, je me trompe ?

- Trop perspicace. Isaac est arrivée chez moi dimanche matin vers six heures. Il a cogné à la porte comme un gorille, j'ai cru que je me faisais cambrioler. Il avait l'air chamboulé, triste et un peu en colère. Evidemment il ne m'a pas dit la raison, j'ai l'habitude. Mais je pensais te demander à toi, vu qu'il était chez vous avant de venir.

- Justement, j'allais te demander si tu savais où il était pour lui parler. Promis je t'expliquerai quand j'aurais fini.

Ma mine sombre l'inquiète je le vois bien mais je ne peux pas lui dire maintenant. Peut-être qu'elle n'est pas au courant pour Isaac, je ne voudrais pas faire de gaffe. J'ai aussi besoin d'un peu de temps avant de lui dire pour moi. Il est vrai que c'est devenue une amie importante pour moi mais je la connais depuis si peu de temps.

- Il est encore chez moi, il veut pas venir en cours aujourd'hui. J'ai pas insisté parce qu'il avait l'air vraiment mal. Je t'envoie l'adresse.

Je la remercie mais quand je m'apprête à partir elle me retient par le bras.

- Promet moi que tout ira bien, pour vous deux.

- C'est promis Kat, merci.

Je l'embrasse sur la tempe, je prend mon téléphone pour commander un taxi et dès qu'il arrive je lui donne l'adresse pour ne pas perdre de temps. Mon cerveau tourne à plein régime, je me demande ce qu'il a vécu et comment ça l'a affecté. En y repensant, la première fois qu'on s'est vu il y avait une lueur dans son regard qui faisait écho à la mienne. J'avais l'impression que lui aussi il avait vécu quelque chose qui l'avait changé à jamais.

Mes pensées m'ont tellement absorbées que j'ai à peine remarqué que j'étais arrivée. C'est au deuxième étage, appartement un. Je prend l'ascenseur, mes mains tremblent un peu tellement je suis nerveuse. C'est vrai quoi, si il veut pas répondre à mes questions ? Et si il m'en pose des questions, serais je capable d'y répondre ? Le temps que je réponde à mes questions je suis déjà devant la porte de mon amie, frappant deux coups pour signifier ma présence.

- Katerina, comment t'as pu oublier tes. . .

- Salut.

- Pourquoi t'es là ?

- T'as disparu de la circulation, fallait bien qu'on discute. J'ai déjeuné avec Kat et elle m'a dit que tu étais là depuis ta fuite.

Je pousse la porte de même que lui pour rentrer dans l'appartement, je ne m'attarde pas trop sur la déco de mon amie considérant l'urgence de la situation.

- Vas-y fait comme chez toi.

- T'es pas chez toi non plus. En ce qui me concerne j'ai des tonnes de questions. Tu peux pas partir comme ça après ce que tu m'as montré !

- J'ai pas envie de parler de ça ok, retourne en cours Willow.

- Si t'avais pas envie d'en parler tu m'aurais pas montré ton putain de tatouage Isaac. Alors maintenant, je te dis pas de me déballer toute ta vie, juste de m'expliquer les grandes lignes. Tu sais ce que ça signifie et je le sais, je m'inquiète.

- Tu me fais chier tu le sais ça ? dit-il en soufflant.

Il me montre le canapé tandis qu'il va nous chercher un truc à boire. Mes mains sont moites mais je suis déterminée à avoir mes réponses. Je veux vérifier qu'il va bien. Il revient, s'installe à l'autre bout du canapé et me fixe. Il n'a pas l'intention de parler le premier.

- Alors comme ça, tu as ce même point virgule tatoué. Il date de quand ?

- Je l'ai fais il y a un peu plus d'un an.

- Et les gars sont au courant ? Ils ont bien dû remarquer ton tatouage à un moment non ?

- Ils ont vu mon tatouage mais ils ne connaissent pas sa signification. Katerina a des doutes mais elle n'ose pas m'en parler, confesse-t-il.

Le silence recouvre à nouveau la pièce. Je n'ose pas vraiment lui poser LA question. Son regard est sombre et torturé, je vois qu'il lutte pour empêcher son histoire de refaire surface mais j'ai réveillé quelque chose qui l'a profondément brisé. Je n'aurais jamais dû. Je pense à partir mais je me dis que j'ai débarqué à l'improviste sans lui laisser le choix de quoi que ce soit donc je dois attendre sa décision à lui.

- Tu sais, je n'en avais pas conscience, avant.

Je ne comprend pas ce qu'il dit. Il continue et tout devient clair.

- Je veux dire, comment j'aurais pu savoir au départ que leurs remarques n'étaient pas normales. J'étais au collège, putain. Puis les remarques sont devenus des insultes à peine voilées et des gestes déplacés. La violence et l'amertume était devenu mon quotidien. Et pourquoi ? Parce que j'étais gros !? L'été suivant, j'ai travaillé comme un dingue pour perdre tout ce qu'il y avait en trop. Le sport, l'alimentation, la psy. J'ai tout fais pour changer parce que j'avais fini par me détester. Heureusement, j'avais ma soeur qui était là pour moi. Au lycée, quand j'ai eu 16 ans, j'ai décidé que j'étais un survivant et que je méritais de me le rappeler de manière infinie et définitive.

- Je suis désolée.

Une larme roule sur ma joue, c'est la seule que j'autorise à tomber parce que je n'ai pas le droit de pleurer, pas à sa place. Je me lève de ma place pour lui faire un câlin. Je pense qu'on en a tous les deux besoin.

- Merci, de m'avoir écouté, murmure Isaac.

PersonneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant