42 - Personne ?

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Epilogue

Personne n'arrive à se remettre de autant d'épreuves. Personne ne peut s'en remettre. Mais il arrive que cela soit surmontable, supportable. Je ne savais pas comment agir, ressentir quoi que ce soit après la mort de mon copain. J'avais réussi à trouver un équilibre grâce à lui, je gérais mes traumatismes et mes angoisses et il allait mieux. Enfin, c'est ce que tout le monde croyait. Quand je repense au jour de son suicide, je le sentais en fait. Je savais que quelque chose n'allait pas. Mais j'ai préféré mettre ça sur le compte de la famille et de sa mélancolie. Jamais je n'aurais pensé qu'il se suiciderait. C'était une erreur de ma part. Je n'ai pas vu aussi loin en lui que j'aurais dû. J'aurais peut-être pu l'aider, je ne sais pas. Je me sens un peu coupable alors que c'est lui qui devrait ressentir cette culpabilité.

Ma vie n'a pas repris son cours avant un certains temps. J'ai même cru que je ne me relèverai jamais. Cette dépression m'a coûté énormément autant au niveau personnel qu'au niveau social. Je voyais beaucoup moins mes amis, prétextant devoir réviser ou que je n'avais pas envie de sortir. Mais ils m'ont aidés, ils ont su m'aider à m'en sortir et j'aurais aimé que ce soit le cas avec Isaac.

Je suis devenue avocate spécialisée dans les affaires infantiles. Je défends les enfants qui ont subis des agressions, des abus. Je poursuis les personnes qui sont responsables de tentatives de suicides, de harcèlement. Et c'est un travail qui me passionne, qui me pousse à me surpasser. C'était mon exutoire au début, je m'en servais pour oublier ce qu'il se passait dans ma vie. Mais maintenant que je vais mieux, je passe chaque jour que Dieu fait à rendre la vie d'enfants plus supportable. Je me sers de mes blessures passés, de ce que j'ai appris à la fac, d'absolument tout ce que la vie m'a donnée, en bon ou en mauvais et je l'utilise pour aider au mieux, pour comprendre mieux, pour faire mieux.

Je repense à tout cela en me préparant pour le boulot ce matin. Je souris seule dans mon dressing. Je suis fière de pouvoir dire que je m'en suis sortie. C'est grâce à mes amis bien sûr mais pas seulement. Riley est devenue une de mes amies les plus chères, elle est Max au féminin. Elle comprend ce que j'ai vécu parce qu'elle l'a vécu aussi.

- Willow ! On vas être en retard ! cri Max à travers l'appartement.

- J'arrive !

Je me dépêche de mettre mes escarpins pour compléter ma tenue puis je rejoins mon meilleur ami dans l'entrée. Il lève les yeux au ciel devant mon grand sourire mais je sais qu'il s'en fiche d'être en retard. Nous avons été embauchés dans le même cabinet d'avocat. Alors on passe notre temps ensemble. On a déménagé de l'appartement de mon père, c'est Anthony qui y vit avec sa copine maintenant. Trop de souvenirs nous hantaient et encore aujourd'hui, je ne me sens plus chez moi. Ca m'a fait mal de m'éloigner d'une partie de ce que mon père m'avait légué mais j'étais incapable de vivre dans cet appartement englouti par cette journée d'horreur. Et j'aurais tué pour que les bons souvenirs prennent le dessus mais ça n'a jamais été le cas.

La voiture s'arrête dans le parking souterrain du cabinet. Max se rit encore de moi parce que hier, moi dans toute ma splendeur, me suis étalée dans la salle de pause devant la moitié de mes collègues. Tout ça parce que j'étais tellement concentrée sur mon téléphone que je n'ai pas vu la table qui se dressait devant moi.

- Tu sais très bien pourquoi j'avais les yeux sur mon téléphone ! Arrête de te moquer de moi.

- Le ralenti de ta chute, je te jure ! C'était hilarant, rajoute Max.

Je lève les yeux au ciel. Je ferais la même chose si il avait été à ma place mais hors de question de le dire à voix haute. Nous nous dirigeons donc vers l'ascenseur pour rejoindre notre bureau. La porte s'ouvre en cours de route sur Derek Castellano, l'assistant de Max. Il le rend fou et c'est mon divertissement de tous les jours.

PersonneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant