13 - Révélation

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La soirée se termine quand Max fini bourré et que Katerina revient des toilettes les lèvres gonflées et les joues rouges. Il y en a une qui s'est fait plaisir à ce que je vois. Nous descendons les escaliers pour la rejoindre, il est quatre heure du mat' et après une soirée comme celle-là nous sommes tous un peu fatigués.

Anthony propose à Isaac et Caleb de rester à l'appart' pour cette nuit car ils ont bu et ne peuvent pas conduire. Moi je suis légèrement pompette et Katerina reconduis Max chez lui. Elle a pas beaucoup bu cette nuit, elle a forniqué. Je glousse toute seule dans la voiture en pensant au mot de vieux que je viens d'utiliser. Tout le monde me regarde bizarrement.

- Pourquoi tu ricanes toute seule toi ? demande Caleb, suspicieux.

- J'ai pensé à un truc drôle.

- La prochaine fois dit nous ta blague, je veux rire.

- Mhmm.

Mon sourire est moqueur mais mes yeux trahissent ma tristesse je crois, Isaac me fixe comme si il savait que j'étais dans une mauvaise passe. C'est déstabilisant. Ma main se dirige automatiquement vers mon tatouage, une habitude depuis que je l'ai quand je suis pensive, nerveuse, triste, en colère. Un peu tout le temps en fait. Isaac gigote à mes côtés comme si il était dans une situation inconfortable.

- Qu'est-ce que t'as ? je lui demande.

- Rien. J'ai juste envie de pisser.

Je ne dis rien. J'ai l'impression qu'il n'y a pas que ça. Nous venons d'arriver en bas de l'immeuble. Dieu merci, l'ascenseur me sauve. Une fois rentrés dans notre humble demeure je dis au revoir à mon frère et mes amis d'un geste de la main puis me dirige vers ma chambre ; trop fatiguée pour bavarder.

Mon cerveau ne veut pas me laisser dormir. Je tourne dans mon lit depuis une heure, j'ai faim. On ne dirait pas que j'étais en boîte il y a encore deux heures. Je décide de me lever sans faire de bruit pour aller chercher de la glace. Je ne sais pas pourquoi mais depuis le viol, c'est la seule chose qui m'aide à tout oublier.

Mon frère dort dans sa chambre et celle d'ami est sûrement occupée par les garçons. Ma maladresse légendaire ne se fait pas prier pour me mettre dans le pétrin car je me cogne contre la porte de la salle de bain en allant à la cuisine. Je prie intérieurement pour n'avoir réveillé personne, mon frère a un sommeil lourd mais les deux autres je sais pas.

J'ouvre le congélateur, sors le saint graal j'ai nommé : la glace à la pistache. Je me tourne pour attraper une cuillère dans le tiroir et pousse un cri de stupeur quand je vois Isaac devant moi.

- Bordel tu m'as fait peur abruti ! je cris en chuchotant.

Un léger rire lui vient, comme si c'était drôle de surgir de nulle part comme ça.

- Arrête de rire, le fantôme. Pourquoi t'es debout ?

- Et toi alors, tu te réveilles simplement pour manger la nuit ? Quelle goinfre tu fais !

- Chut. Je n'arrivais pas à dormir voilà tout. Critique pas, t'es pas là pour manger peut-être ?

- Touché.

Je prend une deuxième cuillère et lui tends. Il regarde le pot de glace et je croirais voir ses yeux briller.

- Tu aimes la pistache ? demande-t-il.

- Cette glace c'est la meilleure.

- Meilleure.

Je le regarde, surprise. Tout le monde se fou de moi quand je leur dis mon parfum de glace préféré, et c'est son parfum favori aussi. Que de surprises. Je sors de la cuisine avec le pot pour m'installer dans le canapé. Il ne me suit pas tout de suite. Il semblait comme figé dans le temps et l'espace puis il se reprend et me rejoint.

- On regarde un truc ? je propose.

- Ouais si tu veux. Mais pas un vieux truc hein.

- Je vais mettre mon film préféré. Et avant de râler quand tu vas voir le résumer, regarde et dis moi à la fin.

- Oui m'dame.

Je lance Avant toi, le meilleur film d'amour triste de tout les temps. Je le vois hausser un sourcil du genre "t'es sérieuse ?". Je ne fais pas attention, j'attends de voir sa réaction à la fin.

- Je peux avoir un autre pot de glace s'il te plaît ?

J'y vais, il a l'air tellement concentré sur la télé c'est trop mignon. Quand je reviens, je lui tends le pot de pistache et son regard s'attarde sur mon poignet tatoué. Ses yeux trouvent les miens puis reviennent à mon poignet.

- Je peux savoir pourquoi tu me regardes comme ça ? je demande.

- Tu. . . attends.

Il prend la télécommande et appuie sur pause.

- Je pensais que j'avais mal vu dans la voiture mais apparemment non. Bordel !

- Chuut tu vas réveiller tout le monde, abruti. Et de quoi tu parles ?

- Je parle de ça, chuchote-t-il en prenant mon poignet gauche. Ce tatouage.

- Oui et bah quoi ? C'est juste un tatouage, pourquoi tu te met dans des états pareils ?

Il ne dis rien pendant plusieurs minutes. On pourrait croire que la mort rôde autour de nous, c'est flippant. Il se déplace en aller-retours semblant être en plein milieu d'un conflit intérieur. Il fait les cent pas, sa poitrine monte et descend rapidement. Ma pression artérielle augmente au fur et à mesure qu'il marche, si il ne s'arrête pas je vais avoir un vertige.

- Tu veux bien arrêter de marcher dans tous les sens ? Qu'est-ce qui t'arrive à la fin ?

- Ce qui m'arrive !? Voilà ce qui m'arrive !

Il enlève son t-shirt rageusement, montrant son flan gauche. Au début je ne vois rien à cause du peu de lumière mais j'allume la lampe de lecture sur la table à côté du canapé. Il a un tatouage. Bordel.

- BORDEL !

Il accourt pour mettre sa main sur ma bouche histoire que je ne réveille pas tout le quartier, les yeux ronds. La lumière du couloir s'allume, je n'ai pratiquement pas le temps de cligner des yeux que Isaac a remis son t-shirt, pris ses affaires dans l'entrée puis s'est barré. Mon frère entre dans le salon avec des yeux endormis et un brin fâché.

- Putain, Willow il est six heures du mat', pourquoi tu gueules comme ça ?

- C'est rien, j'ai eu peur en entendant un bruit de verre brisé. C'est sûrement des cons dehors. Je suis désolée.

- Mouais, bon je vais me recoucher. Tu devrais y aller aussi, profite de ce week-end pour rattraper ton sommeil.

- Oui, d'accord.

Il vient embrasser ma tempe et pars se recoucher pendant que moi, je reste là ne sachant pas quoi faire. Bordel de merde, il est parti comme un voleur. Il peut pas faire ça, pas après m'avoir montré un truc pareil.

PersonneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant