29 - Une semaine

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Depuis cette horrible journée, une semaine est passée. Isaac est dans le coma et les médecins ne savent pas quand il va se réveiller. Apparemment la balle a provoqué plus de dégâts qu'elle n'aurait dû à cause de l'angle ou je ne sais quoi. Le jargon médicale, j'y comprend rien.

En plus du stress et de la frustration de ne pouvoir rien faire pour lui, je suis en colère. Franchement quand il se réveillera il va m'entendre pour s'être pris une balle. Même si c'était pour moi. L'état dans lequel j'étais, je ne veux plus jamais revivre ça. Je ne pourrais pas le perdre. Je ne le supporterais pas.

Il y a aussi ses parents qui ne sont pas venus lui rendre visite. Ils n'ont même pas demandé de ses nouvelles. Et je sais qu'ils sont au courant de tout ce qui s'est passé ce soir là. Parce que c'est moi qui leur ai envoyé un message via le téléphone d'Isaac et qu'ils ont lu le message. Je suis tellement peinée pour lui que ses parents soient autant inexistants pour lui.

En ce qui concerne Caleb et Max, ils vont voir un psy pour parler de ce qu'il s'est passé. Je suis aussi retourné voir le doc. Caleb ne semble pas vraiment secoué, du moins pas autant que Max. Il n'a pas dit aux autres ce qu'il a vu dans ce hangar, moi tenant l'arme contre ma tempe prête à mourir pour qu'il s'en aille et qu'il soit en sécurité. Il ne m'en parle pas parce qu'il n'ose pas me demander. Il n'ose pas poser la question qui fâche parce qu'il sait qu'il n'aimera pas la réponse. Et moi non plus.

Katerina nous couvent tous, de peur de revivre cette soirée encore une fois. Elle fait des cauchemars mais ne veut pas nous en parler. Et j'ai l'impression que tout ce silence face à la situation est dû au coma d'Isaac. Il semblerait que aussi longtemps que mon copain sera dans le coma, tout le monde restera muet.

Nous sommes tous réunis à son chevet après les cours, nous lui racontons notre journée. Et je me demande si il nous entend ou si il est enfermé dans son propre enfer. J'espère qu'il ne l'est pas, parce qu'à son réveil ça va le retourner.

- Mademoiselle, vous devriez rentrer chez vous. C'est bientôt l'heure de la fin des visites, m'informe une infirmière.

- Prévenez-moi quand l'heure sera écoulée, je veux rester avec lui jusqu'au bout de chaque journée.

Elle s'en va légèrement irritée. Je ne lui rend jamais la tâche facile mais vu que je ne suis pas son épouse je n'ai pas le droit de dormir dans la chambre la nuit. Je ne suis pas considérée comme un membre de sa famille. La blague. Sa famille n'est jamais venu le voir. Et nous, ses amis, sa vraie famille sommes là tous les jours depuis qu'il a été admis. Alors je reste autant que je le peux dans l'espoir de le voir se réveiller.

- Tu penses qu'elle serait capable de me faire virer par la sécurité cette vieille peau ? Rigolais-je.

Ma main sur celle de mon copain, une larme m'échappe. Je donnerai n'importe quoi pour qu'il ouvre les yeux.

- Je crois oui.

Une toux se fait entendre suite à ses mots. Je n'en crois pas mes yeux, il est enfin réveillé. Je lui apporte de l'eau puis appelle un médecin. Plusieurs arrivent dans la chambre, font des examens avec un visage lumineux. Ça s'arrange enfin. J'ai été entendu par je ne sais qui, il est sorti de son coma.
Une fois tout le monde sorti, je me rue dans ses bras non sans un grognement de sa part.

- Je suis désolée. Tu n'imagines pas à quel point j'ai eu peur de te perdre.

- Aïe.

- Ça c'était pour t'être pris une balle imbécile ! Il s'est passé quoi dans ta tête hein !?

- De rien, mon amour.

Mon regard faussement sévère ne le trompe pas le moins du monde. Néanmoins, l'inquiétude qui m'habitue est réelle et il le sait. C'est pour ça que quand il ouvre grand ses bras je m'y réfugie. J'écoute les battements de son cur en pleurant silencieusement. Ce sentiment de soulagement est puissant.

- Comment vont Caleb et Max ?

- Caleb est sorti en début de semaine, Max n'était pas blessé gravement non plus. Ils vont bien, physiquement.

- Ils ont dû être secoués, Kat aussi.

- Oui. Les gars vont voir un psy, Kat fait des cauchemars mais ne veut pas en parler. Et moi, je suis retournée voir le docteur Hall.

Il embrasse le sommet de mon crâne avant de légèrement se reculer. Son regard me dit tout ce que j'ai besoin de savoir. C'est à dire que lui aussi aurait bien besoin d'aller chez un psychologue pour parler. Mon sourire douloureux accompagne ses larmes. Je m'allonge à ses côtés, contente d'avoir négocié une nuit avec les médecins. Dans tes dents vieille peau. Mes bras encerclent son cou, sa tête repose au creux de mon épaule et ses doigts s'accrochent désespérément à mon pull. Je ne l'avais jamais vu dans cet état. Ce que je redoutais le plus, c'est qu'il se réveille en aillant l'envie de se rendormir aussitôt. Parce que je sais qu'il a vécu dans son enfer personnel, je l'ai su aussitôt ses yeux ouverts. J'espère simplement que parler à quelqu'un lui fasse du bien, comme ça m'en a fait à moi.

- Mes parents sont au courant ?

Je lui dis que oui.

- Ils ne sont pas venus c'est ça ?

- Non.

- C'est pas grave. On ira pas au repas de Noël.

- D'accord. Mais ça va aller toi ?

- Ils ne sont plus là pour moi depuis bien longtemps, j'ai appris à l'accepter. Je ne peux compter que sur moi-même. Enfin sur toi et les gars maintenant. Ce que je veux dire c'est que je suis habitué à leur absence.

Je ne répond pas. Je suis stupéfaite de voir à quel point il prend bien la chose. Il est si résilié quand il parle de ses parents. Ca me fend le coeur.

Même si j'en voudrais à ma mère pour le restant de mes jours, que si elle venait me voir je la mettrais dehors, savoir qu'elle n'a pris aucune nouvelle de moi me ferait un truc.


Je veux dire, les enfants sont censé être la raison d'être de leur parents, envers et contre tous. Alors même si les parents sont fâchés avec leurs enfants, ne pas être là dans un moment pareil serait cruel. J'ai appris que dans les moments comme ceux-ci il faut savoir mettre l'orgueil et la fierté de côté. Surtout dans le cas d'Isaac, quand on sait que ses parents étaient tellement tristes et en colère d'avoir perdu un enfant qu'ils ont rejetés la faute sur l'autre enfant.

PersonneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant