Personne

32 - A quoi bon ?

Katerina pleure, Isaac est entrain de se rendre compte de la bourde qu'il a faite. Que la personne qui m'a fait tant de mal et dont je lui avais parlé est ma mère. Caleb est abasourdi et Max a posé sa main sur mon épaule pour me soutenir. Je sens son émotion dans mon dos, je sens les émotions de tout le monde.

- Qu'est-ce que tu fais là Marla, demande Anthony.

- Je suis venue à la demande de Isaac, il m'a dit que Willow était prête à mettre nos différents de côté, répond-t-elle.

- Sors d'ici avant que je n'appelle la police.

- Tu veux mettre ta mère dehors mon chéri ? Mais que t'arrive-t-il ? Cette petite peste t'as complétement retourné le cerveau ma parole. Je suis ta mère, je l'ai toujours été et je le serais toujours. Tu ne peux pas me rayer de ta vie !

- Quand tu es venue me rendre visite en il y a quelques mois, je t'ai dit que si tu osais revenir dans notre vie je te détruirais. Tout les documents et les vidéos que j'ai de toi et Gabe, toutes vos petites magouilles. Je t'avais prévenue. A la minute où tu quitteras cet appartement j'effacerai tout à condition que tu partes très très loin. Sinon, je donnerai tout aux flics.

- Tu ne feras pas ça. Pas à ta mère.

- Teste moi.

Le regard de mon frère est froid. Il le fera. Elle l'a compris. Et à ce moment elle essaie de me sauter dessus pour me faire du mal. Je ne réagis même pas, c'est un réflexe. J'ai été habituée à ne plus répondre à ses provocations pour éviter le pire. Mais Max me passe derrière lui à l'aide de son bras et Isaac et mon frère retiennent Marla. Ils la jette dehors et quand la porte est fermée, Katerina me prend dans ses bras. Ses sanglots sont étouffés par mon cou.

- Je vous jure que ça va d'accord ?

- Comment tu peux aller bien avec tout ce que tu as vécu Willow, demande Caleb dans l'incompréhension.

- Caleb, vous venez tout juste de l'apprendre mais moi ça fait déjà des années que je vis avec. Je vois une psy depuis pas mal de temps et je dis pas que je vais totalement bien mais j'ai appris à vivre avec cette nouvelle version de moi.

Ils accusent le coup, moi je vais enlacer mon frère. Il m'a manqué même sur ce cours lapse de temps. Puis je salue sa copine, Amelia. Elle me sourit tristement. Je dis à tout le monde de se mettre à table pour terminer le repas presque fini. Je vais chercher des assiettes à dessert et repars pour le gâteau. Personne n'ose parler. La buche glacée dans mes mains, je la dépose au centre de la table.

- Je vous laisse deux minutes pour vous remettre de ce que vous venez d'entendre à mon sujet. Ensuite on reprend le repas dans la joie et la bonne humeur. Cette personne ne réussira pas à gâcher notre fête préférée vous m'entendez ?

- C'est ta fête préférée Wiwi, dis Max. Moi je préfère mon anniversaire.

- Mais c'est pas une fête ça Max ! se moque mon frère. On parle d'une fête nationale, que tout le monde fête.

- Mon anniversaire devrait être fêté tous les jours et par tout le monde déjà ! s'insurge-t-il.

Les conversations reprennent leur cours même si l'ambiance n'est plus la même. Je vois bien que Isaac s'en veut atrocement. Kat ne me regarde même plus dans les yeux et Caleb fait semblant de sourire pour éviter d'éclater en sanglots.

Le repas s'est terminé sur une note plus positive et je sais qu'à la minute où il se finira, Isaac et moi parlerons. Alors je fais tout pour retarder l'inévitable, même si je ne lui en veux pas vraiment. Il ne savait pas que c'était ma mère la responsable de tout mes pires traumatismes. Mais le fait est que sa venue a ruinée la fin de la soirée. Maintenant, plus personne ne me regardera de la même manière et ça me tue. Je n'ai jamais parlé de ça en partie pour cette raison. Je ne voulais de la pitié de personne. Je ne veux pas être prise pour une fille fragile qu'on regarde avec pitié et compassion pour ses malheurs parce que j'ai enfin réussi à m'accepter. A accepter ce que mon passé a fait de moi.

- Je vais terminer la vaisselle, vas te coucher, propose Max.

- Qui êtes vous et qu'avez-vous fait de mon meilleur ami ? Tu fais la vaisselle toi maintenant ? je me moque de lui.

- Bon, j'aurais tout mis dans le lave-vaisselle. Pourquoi tu t'embêtes alors que tu peux laisser une machine le faire ?

- Parce que ça m'aide à me détendre.

Il me regarde l'air de dire "te détendre mon cul". J'imagine qu'il a deviné mais il ne dit rien. Ce qui me frappe le plus c'est l'admiration que ses yeux me transmettent. Pour quelles raisons est-ce qu'il aurait de l'admiration pour moi alors que tout les autres me regardent avec de la compassion ?

- Tu es la personne la plus forte que je connaisse Wiwi, souri-t-il fièrement. Enerve toi un bon coup et pardonne lui sa maladresse. Tu verras, ça te fera du bien.

- Tu es devenu sage par la magie de Noël ?

- Pétasse !

Je souris. Fière de moi. Je le gratifie d'un câlin rapide avant de me diriger vers ma chambre. Je retrouve Isaac, allongé sur notre lit avec son téléphone à la main. Il vient de sortir de la douche, des goûtes roulent de ses cheveux à son front. Il relève la tête quand je ferme la porte.

- Te voilà enfin, j'ai cru que tu dormirais sur le canapé.

- Non. Je voulais juste faire redescendre la pression pour ne pas m'énerver contre toi, je répond.

- T'énerver contre moi ?

- Mais qu'est-ce qui t'as pris de l'inviter au repas de Noël !?

- Je pouvais pas savoir que c'était elle, la méchante de ton histoire ! Tu m'as seulement dit que vous étiez en mauvais termes, pas qu'elle était ton pire cauchemar

- Quand bien même. Tu pensais que cette soirée était le bon moment pour régler une dispute mère/fille ? Même si elle n'avait pas été le monstre de mon histoire, on utilise pas une soirée de fête pour régler les comptes des familles.

- Je suis désolé d'accord. Je ne pensais pas à mal, je voulais juste t'aider à aller mieux.

- Je sais.

Mes jambes me conduisent dans les bras de mon copain, des larmes de frustration coulant sur mes joues. Si seulement elle n'était plus personne. Elle n'aurait jamais gâché une partie de cette soirée que j'aurais voulu parfaite.