La reprise des cours est l'échappatoire qu'il me fallait. Depuis que je l'ai vu au bowling, je tourne le problème dans tous les sens jusqu'à m'en rendre dingue. Avec Isaac je ne montre pas ce qui m'arrive parce que c'est le début entre nous et je veux pas lui parler de ça avant d'être totalement sûre de que compte faire l'autre connard. Je ressasse tout ça la nuit, du coup je suis un peu fatiguée mais c'est pas grave. Je peux surmonter un peu de cernes sous les yeux. J'ai connu pire. Dans tous les sens du terme.
Je rejoins Caleb dans l'amphithéâtre pour notre cours de droit. Il est affalé sur sa table alors qu'une fille lui parle. Quel con malpoli. Arrivée à leur hauteur je met une tape derrière la tête de Caleb, histoire qu'il se redresse. Ce qu'il fait légèrement énervé mais en voyant que c'est moi il s'adoucit.
- Bonjour abruti, tu pourrais au moins regarder cette fille quand elle te parle. T'es impoli là. C'est pas cool.
- Samantha je te présente ma pote Willow, Will je te présente Samantha aka la fille qui vient de te rabaisser pour me mettre dans son lit.
Je hausse les sourcils oscillant entre la surprise et l'amusement. J'explose de rire et Samantha me lance un regard noir. Je l'ignore pour m'asseoir aux côtés de Caleb. Je m'excuse pour le coup sur la tête. La fille repars la tête haute avec un regard mauvais. C'est pathétique.
La prof a presque fini son cours et même si j'étais contente de revenir en cours, là j'ai envie de me pendre. Une vibration contre ma fesse annonce l'arrivée d'un message. Je prend discrètement mon téléphone pour voir qui c'est. Le prénom de mon copain s'affiche et Caleb le sait quand il me voit sourire bêtement. J'ouvre le message, Caleb voit sûrement mon visage devenir inquiet mais il ne comprend pas. Je commence à ranger mes affaires mais mon ami me demande ce qu'il se passe.
- Willow qu'est-ce que tu fais, il reste 20 minutes de cours. Tu peux pas partir comme ça, chuchote-t-il.
- Isaac a besoin de moi.
Il fronce les sourcils d'incompréhension.
- T'inquiète pas, je te raconte tout ce midi, ok ?
Il acquiesce alors je pars dans la précipitation sous les regards surpris des gens. La prof m'interpelle mais je ne fais pas attention à elle. Tout ce à quoi je pense c'est le signe infini que mon copain vient de m'envoyer. Une fois dehors je compose son numéro pour savoir où il est. Mais il ne répond pas. Mon coeur commence a pulser contre ma poitrine, plus fort. Je vais sur snap pour avoir sa localisation. Il est dans les toilettes vers sa salle. Je cours aussitôt en proie à la panique je fonce dans quelques gens. Je bafouille des excuses inaudibles tout en continuant ma course, les mains tremblantes.
Quand j'arrive devant les toilettes je n'attend pas une seconde avant d'y entrer. Isaac fait les cent pas dans l'espace clos. Il tire sur ses cheveux et marmonne des trucs incompréhensibles.
- Isaac ?
Il se tourne vers moi, le visage fermé. Ses yeux, eux, me disent qu'il est stressé. Je m'approche doucement de lui. Avec un sourire que je veux rassurant. Étonnement je ne suis plus tremblotante, je suis calme et posée. Pour pouvoir l'aider lui.
- Tu veux en parler ?
Il secoues la tête de gauche à droite.
- Assied toi avec moi, tu veux ?
Il hoche la tête et nous nous asseyons face à face. Je vois qu'il essaie de parler mais rien ne sort de sa bouche.
- Regarde moi mon coeur. Tu n'es pas obligé de parler. Respire calmement, fait le décompte puis recommence. Ca va aller.
Il s'exécute, un peu rassuré que je sois là. Il fait l'exercice de respiration en même temps que moi et il se calme peu à peu. Entre deux respiration sa main a pris la mienne. Ma main réchauffe la sienne, glacée. Il ne me quitte pas des yeux, et moi je lui caresse la main.
- J'ai reçu un message de mes parents. Ils veulent que j'aille fêter Noël avec eux. Le hic c'est que je les ai pas revus depuis qu'ils m'ont mis à la porte.
Il me regarde pour la première depuis qu'il a commencé à parler. Ses yeux sont devenus humides. Je l'ai jamais vu comme ça, même quand il m'a raconté pour l'agression de sa jumelle. Je lui laisse le temps de me raconter, sans le presser. Il reprend avec de l'émotion dans la voix cette fois.
- Ils payent pour tout ce dont j'ai besoin pour mes études mais c'est la seule chose qui me relie à eux depuis la mort de ma soeur. Mon père m'a foutu dehors quand il a appris que j'étais trop bourré pour ramener ma soeur de la soirée à laquelle ont étaient. Elle est rentrée seule et s'est faite agresser. Si j'avais été là. . . Si seulement. Elle ne serait pas morte.
Je me lève pour me mettre à ses côtés juste à la fin de sa phrase, en même temps que sa voix a flanchée. Je ressens toute la douleur qu'il me laisse voir mais je reste forte pour lui. Il a besoin de moi. Mes bras autour de ses épaules, il se laisse aller contre moi en pleures.
Il se calme au fur et à mesure du temps. Il renifle comme un boeuf, essuie la morve avec la manche de son sweat puis se défait de mon étreinte pour se relever. Je reste à terre pendant qu'il passe de l'eau sur son visage rouge et bouffie par les larmes.
- Tu penses y aller, à ce dîner ? je demande peu sûre de moi.
Il reste silencieux pendant plusieurs minutes.
- Tu viendrais avec moi ?
- Tu veux que je vienne ? Tes parents ne veulent peut-être pas que je sois présente.
- Ils auront pas le choix. Je ne pourrais pas survivre à l'ouragan George Phillips sans toi.
Il prend mes mains, m'aide à me relever et me prend dans ses bras en nichant sa tête dans mon cou. Il se détache à regrets mais nous avons ratés la première heure de cours. Nous nous séparons pour rejoindre nos salles respectives, lui dans un meilleur état et moi encore un peu secouée.
***
Caleb me questionne pour savoir ce qu'il s'est passé. Je décide de rester évasive et ça à l'air de lui convenir. Le reste de la matinée passe à une vitesse étonnante. Nous sommes tous ensemble dans la cafet'. Kat se chamaille avec Caleb à propos d'un débat stupide pour savoir si on met le lait avant ou après les céréales. C'est évident.
- Mais c'est avant Caleb ! Y'a pas de discussion.
Ma tête apparaît sur l'épaule de mon amie avec une moue dégoûtée.
- Elle a raison mon pote. T'es vraiment trop bizarre.
Caleb et Kat repartent dans leurs chamailleries. Isaac est à mon autre côté, silencieux et dans la lune. Max textote depuis toute à l'heure.
- Bah alors Maxou, tu t'es enfin casé ? je me moque.
- Willow. Tu m'insultes là. J'ai une réputation à tenir voyons, dit-il un rictus au coin de la bouche.
- Mouais. T'es scotché à ton téléphone comme un chewing-gum au sol et tu souris bêtement. Tu vois quelqu'un ?
- Mhmm.
Sa réponse attire l'attention de toute la table y compris mon copain. Max relève la tête face au silence.
- Vous aurez les détails quand je serais prêt à en parler, promis.
Tout le monde hoche de la tête, un sourire en coin. Les discussion reprennent de plus belle. La pose est bientôt finie alors nous nous dirigeons tous vers les reposes plateaux. Mon téléphone vibre et je vois mon monde s'écrouler quand je lis le message.
[ Inconnu : Tient toi prête mon amour. Ta petite vie parfaite va voler en éclats et tes précieux amis avec. Il ne te restera plus que moi et m'ignorer te sera impossible. ]
Je suis là, bloquant la sortie de la cafétéria, complètement incapable de bouger. Je suis tétanisée par ce message. J'avais raison sur ce mauvais pressentiment, et j'ai l'impression que je l'ai sous-estimé. Mon ex est de retour et il va détruire ma vie parce que c'est un sociopathe.
Isaac me prend mon téléphone des mains pour voir ce qui me met dans cet état et la seule chose que je fais c'est m'enfuir. Je fuis le plus loin que je peux.
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Personne
RomanceWillow survit. Elle survit depuis CE jour. Étant déjà une jeune femme renfermée et timide, personne ne l'a remarqué. Personne ne sait. Elle va rentrer à l'université, là où personne ne sait ce qui lui est arrivé mais surtout : elle pourra se réinve...