Personne

27 - Enlèvement, rançon

Je crois que je suis en état de choc. Je ne sais pas. L'hôpital paraît être au ralenti. Isaac n'a pas lâché ma main depuis qu'il est arrivé et m'a vue hurler à me brûler les cordes vocales. Il a réussi à me calmer.

Caleb a été pris en charge et sa famille est avec lui. La police cherche activement Peter pour kidnapping. Les parents de Max sont dans la totale incompréhension. J'ai peur de faire ma déposition, parce qu'ils sauront que c'est de ma faute. Mais ça pourrait aider mon ami.

Kat pleure sur sa chaise, Dimitri lui fait un câlin. Isaac caresse ma cuisse de sa main libre. Lui aussi a peur, je le vois bien. Il ne le montre pas pour rester fort pour nous mais je le connais maintenant. Je le sais.

Mon téléphone vibre dans mon jean. C'est forcément Peter qui jubile. Mon coeur reprend sa course effrénée dans ma cage thoracique. Heureusement Isaac ne le remarque pas. Je prétexte aller aux toilettes pour lire le message en privé. Je ne peux pas risquer de les mettre en danger, encore plus.

Enfermée dans les toilettes, je prend mon téléphone les mains tremblantes. Je souffle un coup avant de le déverrouiller pour afficher le texto.

[ Viens seule si tu veux revoir Max le rigolo en vie. Pas de police, pas d'amis qui tiennent. Je te partage la localisation de l'entrepôt. J'ai hâte de te retrouver mon amour. ]

L'état de choc est passé. Tout s'accélère. Mes sens, ma respiration, le monde. Tout est amplifié. Il faut réfléchisse rapidement à un plan pour sortir de l'hôpital sans qu'Isaac me suive ni les flics. Je peux pas retourner les voir avant de partir, je vais prendre les escaliers de secours.

C'est parti, je sors rapidement et cherche la porte qui va me faire descendre jusqu'au parking. J'appelle un taxi en chemin, je dois y être le plus rapidement possible. Je ne veux pas que Max soit avec lui une minute de plus. Une fois dans le taxi, mon téléphone sur mode avion, je me passe tous les scénarios possibles. J'ai tellement peur qu'il soit déjà passé à l'action, qu'il lui ai fait du mal comme il m'en a fait à moi. Il est tout à fait possible qu'il sache pour la mort de sa soeur et qu'il essaie de le faire souffrir avec.

La voiture s'arrête devant un bâtiment abandonné, glauque. C'est l'adrénaline qui prend le dessus maintenant. Mon seul but est de faire sortir Max d'ici quitte à rester ici avec Peter. Mon ami a déjà assez souffert, c'est entièrement ma faute si il se retrouve ici. Je lui dois au moins de faire tout mon possible pour qu'il s'en sorte.

J'avance donc vers ce qui semble être l'entrée. Je fais coulisser la porte en fer dans un bruit assourdissant. Mon regard se pose absolument partout afin d'apercevoir mon meilleur ami. Faite que je sois arrivée à temps. Toujours sur mes gardes, j'entends une voix m'appeler. Peter.

- Mon amour, rejoins moi.

Je me dirige vers cette voix. Des bâches nous séparent mais je les poussent comme si elles n'étaient pas là. Tout ce qui compte c'est de retrouver Max. Mais je regrette d'être entrée sans me préparer avant. La vision qui s'offre à moi me déchire le coeur. Mon meilleur ami, attaché sur une chaise avec un bout de scotch sur la bouche. Quand il m'aperçoit, il bouge et pleure de plus belle. J'imagine qu'il veut que je parte en courant à l'opposé. Mais je m'approche de lui aussi vite que je le peux.

- Je vais te sortir de là Max. T'inquiète pas, ça va aller.

Mes larmes brouillent ma vue tandis que j'essaie de défaire les nuds qui lient ses mains. Ce que j'entend m'empêche de continuer mes mouvements. La sécurité d'une arme. Je me lève lentement, comme si je pouvais encore faire disparaître cette situation.

- Bonsoir, mon coeur. Ecarte toi de cette chaise.

Je fais non de la tête, incapable de parler. Je pose même mes mains sur les épaules de Max.

- Si tu ne t'éloignes pas de cette chaise, je vais utiliser ceci.

Il secoue l'arme puis la pointe sur le front de Max.

- D'accord, c'est bon je m'écarte !

Comme si Max m'avait brûlée, je me décale sur le côté. La boule au ventre à l'idée qu'il tire sur lui. Je suis prête à tout pour le sauver.

- Prend moi à sa place, je t'en supplie laisse le partir, je sanglote.

- D'accord. Pousse toi, je vais le détacher.

J'obéis, il met son arme dans la poche arrière de son jean. Il s'accroupie pour enlever les liens autour des jambes et des bras de mon ami. Quand Max est enfin détaché je prend l'arme de mes mains tremblantes et la pointe sur l'arrière du crâne de Peter.

- Lève toi doucement.

Je me recule quand il s'exécute. Il se retourne lentement, les mains en l'air.

- Max cours, va-t'en loin d'ici.

- Non mais t'es malade, je te laisse pas avec ce taré Wiwi !

- Max je t'en supplie DEGAGE d'ici ! Il ne me fera rien, il m'aime. Je te jure que si tu t'en vas pas maintenant je t'adresse plus la parole de ta vie.

Il pleure, il fait non de la tête. Il ne partira pas. Oh mon dieu je l'aime tellement mais j'ai besoin qu'il parte, qu'il soit en sécurité. Alors je fais ce que je pensais ne jamais faire.

- PUTAIN Willow, fait pas ça ! hurle-t-il.

Le pistolet contre ma tempe je le supplie de partir. Je sais que cette fois il m'écoutera. Il s'en va finalement, à regrets. Une fois qu'il est hors de ma vue je pointe à nouveau l'arme sur Peter. Toujours aussi tremblante qu'une feuille.

- Oh aller Willow, tu ne tireras pas sur moi.

Sans que j'ai le temps de me rendre compte de quoi que se soit, mon ex se faufile vers moi pour reprendre l'arme. Il la dirige sur mon front. Et tout ce que je sais à ce moment là c'est que je ne veux pas mourir.

- Ne tire pas s'il te plaît. Je. Ne fais pas ça. Tu m'aimes pas vrai, tu voudrais pas me faire de mal. . .

- Ce que je veux, c'est t'avoir près de moi. Mais tu es avec cet abruti d'Isaac. Qu'est-ce qu'il a de plus que moi hein ? J'ai fais quoi pour que tu me quittes comme ça. Je n'ai toujours vu que toi. C'ETAIT PAS SUFFISANT !?

Je me recroqueville sur moi, mon coeur va exploser. Je suis terrifiée à l'idée qu'il tire, que ça soit la fin. Un frisson désagréable parcours le long de ma colonne vertébrale quand je le sens s'approcher de moi. Sa main sur ma joue me donne envie de vomir, j'ai un haut le coeur.

J'ouvre les yeux quand je ne sens plus sa présence près de moi. Il tourne en rond, murmurant des choses incompréhensibles. Il tape son arme contre sa tête tel un psychopathe. Et par je ne sais quelle force ni volonté je profite de son inattention pour courir le plus vite possible hors de cet entrepôt.

- T'as intérêt à courir vite Willow parce que si je te trouve tu es morte !

J'accélère autant que je le peux, ouvre la porte par laquelle je suis passée toute à l'heure puis continue dehors. Je ne m'arrête pas.

Un coup de feu retentit. Je me retourne. Et sans savoir pourquoi, je m'arrête. Son revolver pointé vers le ciel, le sourire aux lèvres. Puis il la dirige sur moi, il n'est pas si loin que ça. Deux coup de feu retentissent et je suis projetée au sol. Pourtant je ne sens rien, ni douleur ni sang.

Quand je reviens à moi, je vois Isaac devant moi. Des sirènes de police retentissent autour de nous et mon ex a disparu. Je me relève et regarde à l'endroit où il se trouvait, une housse mortuaire le recouvre. Je regarde ensuite Isaac.

- Willow, est-ce que ça va ?

- Je. Oui je crois.

Son visage s'illumine du plus beau sourire que je lui avais jamais vu. Mais subitement, il grimace et pousse un cri de douleur. Il tombe devant moi et tout ce que je vois c'est la couleur du liquide tâchant son t-shirt. Rouge. Du sang.