Ne m'attends pas - Daniel Ricciardo // Max Verstappen

5. l'échange - mai 2016

Daniil Kvyat s'est fait virer. Enfin... pas vraiment. Mais tu n'auras plus besoin de voir sa tête tous les jours. La nouvelle t'a réjouie. Après tout, le Russe fait partie de la même catégorie que Daniel Ricciardo. Celle des gros connards avec qui tu ne veux absolument plus avoir à faire.

Il a été remplacé par le tout jeune Max Verstappen. Tu es sur le point de le rencontrer pour la première fois. Un rendez-vous a été fixé dans l'une des salles de conférence de l'usine pour vous permettre de faire connaissance. Rien de plus normal. Assise seule, tu patientes, le regard dans le vague.

La dernière semaine t'a épuisée: la rumeur, Sotchi, l'éviction de Daniil, ... tu as le sentiment que tout part en vrille. Même si tu es convaincue de faire du bon travail, tu as de la peine à t'intégrer. Depuis la fameuse soirée, tes collègues sont distantes. Tu n'oses plus te promener librement dans les bâtiments, par peur de tomber sur Daniel. L'arrivée de Max Verstappen, tu en conviens, tombe à pic. Un nouveau départ.

« Bonjour ». Sa voix traverse la pièce. Tu lèves les yeux vers lui. Il a l'air si jeune et pourtant, il transpire la maturité. Tu peux à peine l'expliquer. Tu quittes ta chaise pour aller à sa rencontre, une main tendue vers lui. Le Néerlandais la serre avec intensité, son regard plongé dans le tien. Il relâche tes doigts, mais ne te quitte pas deux. Parce que tu as 24 ans et lui 18, tu te sens obligée de diriger la séance:

- Bienvenue à vous. Laissez-moi vous dire que je me réjouis de travailler avec vous.

Au moment où les mots quittent ta bouche, tu te rends compte de l'impression qu'ils donnent: tu es heureuse du départ de Daniil.

- C'est un plaisir pour moi aussi. On m'a dit que vous étiez très compétente.

Le compliment te surprend. Tu ne sais pas qui aurait pu parler de toi à Max Verstappen. Peut-être qu'il essaie simplement d'être poli. Dans tous les cas, tu es ravie de voir que vous êtes sur le même longueur d'onde.

Tu l'invites à s'asseoir à ta droite. Pendant un peu moins d'une heure, vous passez en revue ses besoins et ses attentes. Tu comprends qu'il n'a pas l'intention de changer sa personnalité pour faire plaisir aux médias. Il t'avoue qu'il n'aime pas beaucoup les conférences de presse et qu'il ne veut pas enchaîner les couvertures de magazines de mode. Max n'a rien de Lewis Hamilton. Assise près de lui, tu réalises qu'il ne deviendra jamais une icône mondiale. Il est trop discret.

Par contre, tu en es certaine, ce jeune homme fera partie des meilleurs pilotes de l'histoire. Sa détermination fait froid dans le dos. Tu plains ceux qui devront lutter avec lui sur les circuits. Maintenant qu'il bénéficie d'une monoplace compétitive, Max est une menace.

- Bien. Je crois qu'on a fait le tour, Max. Avez-vous des questions pour moi?
- J'aimerais que l'on se tutoie, si cela ne vous dérange pas.

Tu souris et accepte d'un signe de tête. Pour la première fois depuis votre rencontre, Max esquisse lui aussi un sourire. Son regard est doux. Tu sens le rose monter à tes joues. « Bon sang! Il a 18 ans! ». Tu baisses les yeux sur tes jambes croisées. D'un geste, tu remets en place ta jupe. Quand tu relèves la tête, le jeune homme est déjà debout à tes côtés. Il s'excuse avant d'expliquer qu'il a beaucoup de choses à faire aujourd'hui. Tu l'accompagnes jusqu'à la porte:

- Je te verrai en Espagne.

En t'entendant, Max semble se souvenir de quelque chose d'important.

- Ça serait bien si tu pouvais m'accompagner au circuit jeudi matin. Je n'ai pas envie d'affronter tous ces journalistes seul.

Tu sais que ça ne fait pas partie de tes responsabilités. Max en est conscient, car il ne tarde pas à préciser:

- J'en ferai la demande à tes supérieurs.
- Alors tout est réglé.