Ne m'attends pas - Daniel Ricciardo // Max Verstappen

31. infidèle - juillet 2018

L'embellie aura été de courte durée. Max restait sur deux podiums et une victoire à Spielberg avant d'arriver à Silverstone. Mais sa monoplace n'a pas coopéré en Grande-Bretagne. À quatre tours de la fin du Grand Prix, la boîte de vitesses a lâché. Evacué par les stewards, le Néerlandais fait part de sa frustration à l'aide de sa radio: "comment voulez-vous que je devienne champion du monde avec cette putain de voiture?!".

Max regagne les stands d'humeur massacrante. En s'approchant, sa première réaction est de balancer son casque sur le sol. Tu l'évites de justesse en sautant sur le côté. Le pilote se penche en avant pour hurler. Un cri qui laisse place à un silence pesant. Les yeux des mécaniciens et des ingénieurs, prêts à intervenir au cas où le Néerlandais déraperait, sont braqués sur vous.

Tu t'avances craintivement pour poser une main rassurante sur son dos. En sentant tes doigts, Max se relève immédiatement. Il t'adresse un regard sombre, puis repousse violemment ton bras. Il crie:

- Je n'ai pas besoin de ta pitié!

Le pilote espérait tellement de cette course. Il s'était imaginé qu'en accrochant un nouveau podium, il comblerait l'écart sur ses rivaux. Fou de rage, il agrippe ton poignet. Un homme fait un pas vers vous pour intervenir, mais le Néerlandais l'en dissuade en lui décochant un regard assassin. Dans ses yeux, tu lis la même colère qui l'avait poussé à te violer. Sans se soucier des gens qui vous entourent, il t'ordonne:

- Dans la cabine. Maintenant.

Tu crains qu'en le suivant, il te fasse subir la même chose qu'à Shanghai. Rassurée par la présence des autres, tu oses retirer ton bras de sa main. La bouche grande ouverte, Max semble surpris. Tu le toises du regard en annonçant:

- Débrouille-toi tout seul. Je vais voir Pierre. Je reviendrai quand tu te seras calmé. 

Les yeux baissés vers le sol, tu contournes le jeune homme pour quitter les lieux. Tu sens sur toi les regards inquiets des gens qui vous entourent. Ton visage est écarlate. Un mélange de nervosité et de fierté remue ton estomac. C'est la première fois que tu lui tiens tête et tu demandes pourquoi tu n'as pas eu le cran de le faire plus tôt.

Déçue mais pas forcément surprise par le comportement de ton petit ami, tu laisses derrière toi le garage Red Bull pour rejoindre celui de Toro Rosso. Pierre Gasly, qui n'a pas marqué de points, est en grande discussion avec son équipe. Il te remarque et s'excuse pour pouvoir te rejoindre. Le Français te serre dans ses bras. Il remarque immédiatement que quelque chose va mal. Tu sais qu'avant de pouvoir partir, il doit encore se présenter devant les médias. Pour ne pas le retenir, tu lui expliques sobrement:

- On peut rentrer ensemble? L'autre taré a complètement pété les plombs...

- Pas de soucis. Va t'installer dans ma loge. J'en ai pas pour longtemps.

-

Pierre est épuisé. C'est donc à toi que revient la mission de conduire pour rentrer à Milton Keynes. Max t'a laissé un message sur ton répondeur pour te dire qu'il était désolé et qu'il t'attendait à l'appartement. Tu lui as répondu que tu passais la soirée avec ton ami. Tu hésites même à dormir chez le Français pour ne pas devoir l'affronter. Les yeux fixés sur la route, tu ne cesses de te plaindre:

-  Il était parfait ces dernières semaines. Je pensais qu'il avait changé. Je commençais même à croire que Shanghai n'était qu'un événement isolé. Une exception...

- Il ne changera jamais! Il était déjà comme ça quand il était enfant.

- Et dire que je culpabilisais de me servir de lui pour faire avancer ma carrière! J'étais à deux doigts de lui pardonner et de lui donner une deuxième chance!