Ne m'attends pas - Daniel Ricciardo // Max Verstappen

37. loin de tout - 31 décembre 2018

L'heure est venue. Il est temps de t'enfuir. La vieille horloge indique 18:00. Tu jettes un dernier coup d'œil à la chambre vide. Tes mains tremblent. Ta respiration s'emballe. Tu inspires profondément pour essayer de te calmer. Ce que tu t'apprêtes à faire demande du courage. Et un peu d'inconscience.

Tu n'emportes rien avec toi, si ce n'est le Kelly Hermès que Max t'avait offert pour ton anniversaire. Il contient ton téléphone, ton porte-monnaie, les clés de la Ferrari et tous les bijoux que le Néerlandais t'avait achetés. Il peut garder tout le reste: les tonnes d'habits et de chaussures que tu as amassés ces derniers mois, les dizaines de polo Red Bull Racing immondes, mais surtout les rêves brisés et les souvenirs douloureux. C'est terminé.

En quittant la pièce, tu te promets de ne jamais plus regarder en arrière. De ne rien regretter. Et surtout de ne plus jamais être l'esclave d'un homme. Tu refermes doucement la porte, puis dévales les escaliers qui conduisent à la salle de bal. Tu ne portes pas de chaussures au cas où il faudrait courir pour atteindre la voiture. Le marbre glacé des escaliers du château rencontrent tes pieds. Tu frémis. La légère robe de soie ne suffit pas à te réchauffer.

Tu atteints le rez-de-chaussée. La musique que tu as spécialement choisie pour ta prétendue entrée en scène résonne derrière la porte de bois. Tu souris en espérant que les paroles destinées à Max font leur petit effet. Tu n'as plus beaucoup de temps. Tu te diriges vers l'entrée du château sans attendre.

Des dizaines de voitures sont alignées sur l'allée en gravier. Il te faut quelques secondes pour distinguer la Pista. Tu te décides à braver le froid pour la rejoindre, mais un bruit te fait sursauter. Quelqu'un s'approche. Tu distingues une silhouette sur ta gauche. Ton cœur s'arrête. À seulement quelques mètres de ton but, tu t'immobilises.

C'est lui. Il est venu. Tu changes de direction pour courir à sa rencontre. Tu t'arrêtes net en arrivant à sa hauteur. Daniel dans toute sa splendeur. L'Australien porte un costard noir sur une chemise blanche. Autour de son cou, une chaînette d'argent. Il ne sourit pas. Tu aimerais lui sauter dans les bras et l'embrasser, mais le temps presse. Il semble comprendre. Tu lui jettes les clés de la voiture qu'il attrape au vol. Vous courez ensemble jusqu'à la Ferrari.

Daniel s'assied derrière le volant. Tu prends place à sa droite. Le jeune homme ne tarde pas à faire rugir le moteur du puissant bolide. Sans même regarder ses rétroviseurs, il effectue une marche-arrière maîtrisée. En un rien de temps, vous rejoignez la route qui mène au château. L'Australien accélère. Il passe les vitesses avec assurance. En voyant le bâtiment rétrécir dans votre dos, tu laisses échapper un soupir de soulagement. Tu as réussi.

Un sentiment d'euphorie incomparable s'empare de toi. Ton corps tout entier tremble encore. Tu peines à te remettre de tes émotions. Tu réalises ce qu'il vient de se passer: Daniel est venu. Il est assis là à côté de toi. Vous n'avez pas encore parlé. Tu n'oses pas le toucher. Tu as bien trop peur qu'il s'évapore.

Les yeux fixés sur la route, l'Australien est concentré. Tu détailles son profil. Il est si beau quand il est déterminé. Son regard est le même que quand il pilote une Formule 1. Il a l'air affamé. Il remarque que tu l'observes:

- Et on va où?

Tu souris. À vrai dire, tu n'en as aucune idée. Le but était de s'éloigner le plus possible de Max et de passer la nuit dans un hôtel du coin avant de réfléchir à la suite. Tu lui laisses le choix:

- Où tu veux.

- Je connais un endroit. C'est à un peu plus de deux heures.

- D'accord. Mais j'ai besoin d'une pause...

Daniel te jette un regard inquiet. Tu le rassures en lui souriant. Tu as simplement besoin de reprendre ton souffle. Il engage la Ferrari sur une petite route de campagne. Vous roulez une petite dizaine de minutes jusqu'à ce que vous atteigniez l'orée d'une forêt. Rien ni personne ne pourra vous déranger ici. Tu quittes l'habitacle. L'Australien en fait de même.