L'existence de Naola, sorcière trentenaire pas complètement sans histoire, bascule quand ce qui devait être la simple exploration d'une ruine précataclysmique se transforme en chasse à l'homme, dont elle est la cible. Cette fois, les relations de so...
Le leader de l'Ordre et son escorte avaient à peine quitté le pub que Mordret tirait violemment son ancienne serveuse de sous le bar et l'entrainait dans la salle attenante. La bibliothèque, orgueilleuse collection d'antiques bouquins du vieux vampire, était une pièce grandiose, avec ses hauts rayonnages et son agencement hexagonal, mais c'était surtout un espace aveugle, ouvert seulement d'une coupole de verre opaque durant la journée. Mordret colla la jeune femme au fond d'un des fauteuils à disposition pour consulter les ouvrages et se pencha sur elle, un grondement dans le fond de la gorge.
« Vous voici dans de beaux draps ! s'exclama-t-il, accusateur.
- D'ici quelques semaines, l'incident sera oublié, souffla Naola en se massant le bras.
- J'en doute, Mademoiselle.
- Fillip Tomislav vivant, la situation est moins grave que je le pensais.
- Détrompez-vous. Votre compagnon ne vous aurait pas annoncé son décès sans raison : il y a une énigme derrière sa survie et l'Ordre pourrait vous en croire dépositaire. »
Le vampire s'assit dans le fauteuil en face d'elle. Il avait retrouvé son expression impassible, mais ses doigts tapotaient l'accoudoir, nerveusement. Naola pinça les lèvres à la justesse de la remarque. Elle se laissa aller au fond du siège et se passa les mains sur les joues, dépitée.
« Merde... grogna-t-elle. Qu'est-ce que je vais faire ?
- Vous irez rejoindre vos parents outre-Atlantique, dès que possible. »
La sorcière se redressa, le visage fermé.
« Hors de question.
- J'ai conclu un accord avec eux, lorsqu'ils ont quitté la Fédération. Dès l'instant où je ne serais plus en mesure d'assurer votre sécurité à Stuttgart, je vous renverrais auprès d'eux.
- Je n'ai plus dix-huit ans, Mordret ! s'exclama Naola.
- Je ne suis plus en mesure d'assurer votre sécurité, ni ici ni sur ce continent. »
La jeune femme se renfrogna.
« Je... j'ai besoin de réfléchir. Il faut que je contacte les mécas, que je retrouve Kímon, que je les prévienne : il y a une taupe à Niemen.
- Cessez de prioriser les presque-organiques sur votre propre sauvegarde. L'Ordre ne vous laissera pas faire un pas dehors, la menace m'a semblé assez claire. »
Naola se leva et marcha de long en large, de grandes enjambées pour évacuer son angoisse.
« Procurez-moi une invitation pour le gala présidentiel », lâcha-t-elle d'un coup.
Mordret la dévisagea et l'incita à préciser son idée, d'un léger froncement de sourcils. La fédération se trouvait en période électorale, une formalité qui reconduirait, sans surprise, faute d'adversaire, Karl Zerflighen, comme l'un des trois présidents du pays. Depuis des semaines, toutes les strates de la société sorcière ne parlaient plus que du gala, grande fête mondaine organisée pour célébrer sa victoire.
« L'Ordre n'osera pas m'attaquer en public et il y aura forcément des mécas, au service ou à la sécurité, je pourrais faire passer mes messages.
- Je ne vous permettrais pas de courir ce risque inconsidéré.
- Procurez-moi une invitation, j'irais à la soirée, puis on se penchera mon départ. »
---
Le vampire est plus populaire que moi.
Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
