À mon réveil, le lendemain matin, une tenue de Terrienne standard m'attendait à bras ouverts. Je me redressai difficilement et me dirigeai vers les vêtements. Mon Jean et Sweat-shit avaient été débarrassé de toute trace de poussière orange ; mes Converse noires n'avaient jamais autant étincelé qu'à cet instant. Je ne pus m'empêcher de sourire à la vue de mon arsenal vestimentaire terrien. J'enfilai mes habits en quatrième vitesse et me ruai dans la salle de bain. Si on me les avait apportés, ça signifiait que l'heure de mon départ approchait. Je me débarbouillai le visage, attachai mes cheveux en queue-de-cheval en prenant soin de laisser deux mèches libres encadrer mon visage. J'avais du mal à réaliser qu'aujourd'hui était enfin le jour J. Une bouffée de soulagement enfla dans mon cœur à l'idée de revoir mon frère et mes parents. Un dernier coup d'œil au miroir et je filai hors de ma chambre, un sourire enfantin flottant sur mes lèvres.
Aussitôt l'hôpital quitté et la Tour des Représentants atteinte, nous découvrîmes une foule massée autour du bâtiment. Ils clamaient tous vouloir nous saluer et nous voir une dernière fois. En cette journée si spéciale, le travail et les cours dans les écoles encore fonctionnelles étaient suspendus, permettant aux habitants de Melganar de nous rendre un dernier hommage. Je fus surprise de voir qu'autant de gens étaient venu après la catastrophe de l'attentat.
- Est-ce vraiment nécessaire ? bougonna Ethan.
- Visiblement, si on est là, rétorqua Romy en adressant à la foule un sourire de star de cinéma.
- Je doute tout de même de l'utilité de la tâche, lâchai-je.
Toutefois, je leur fus secrètement reconnaissante pour leur présence. Bien que j'avais du mal à le concevoir, j'avais fini par m'attacher à ces braves gens.
Le flash d'une caméra m'aveugla temporairement. Bien que les Martiens n'aient pas inventé d'appareils photos à proprement parler, celles intégrées aux tabelots faisaient largement l'affaire.
- Quel effet cela vous fait d'enfin rentrer chez vous ? Êtes-vous tristes de quitter notre belle planète ?
Aucun de nous ne daigna de donner une réponse au journaliste. Nous scrutâmes seulement la foule, éberlués par l'excès d'attention qu'on nous accordait.
- Tu penses que si je me jette sur les gens, ils vont me porter comme les chanteurs dans les concerts de rock ? me chuchota Nils.
- Tu peux essayer. Soit ils te portent, soit tu te noies et tu finis écrasé sous leurs talons. Dans un cas ou dans l'autre, je viens bien m'amuser.
Je me retins d'éclater de rire face à la moue de Nils. Je me voltai vers la foule et la ratissai du regard. Si au moins je parvenais à entrevoir les triplés pour les saluer...
Soudain, une femme monta sur le piédestal, l'allure sérieuse.
- Veillez me suivre, s'il vous plaît. Les Représentants requièrent votre présence.
Pour le tact, on repassera.
Les exclamations des gens furent étouffés par les portes en verre épais qui se refermèrent derrière nous dès que nous les eûmes franchies. La dame arborait des cheveux aussi rouges que les flammes pourpres qui semblaient se consumer dans son regard et son tailleur s'accordaient à merveille avec son teint chocolaté. Elle nous décocha un sourire glacial et déclara :
- Les Représentants vous attendent au sous-sol. Je vous y accompagnerai dans quelques minutes. Avant ça, nous vous avons fait venir quelques camardes à saluer.
Sur ce, elle se retira dans un coin sombre du hall. Je fronçais mes sourcils. Des camardes à saluer ? Mise à part les triplés, de qui pouvait-il s'agir ?
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La Clé de Mars
FantasíaÀ la base, moi, je n'avais rien demandé. Déjà que j'allais devoir déménager à Bruxelles, changer d'école et de maison, loin de moi l'idée de m'engager dans une série d'évènements louches. Étrangement, quand j'ai rencontré un groupe d'élèves de mon â...