Chapitre 3_Amitiés sacrées

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Dès que mon père entre dans le Macdo, je menace Ken de mes yeux verts, précipitamment je retire le plateau que j'avais payé, puis, je lui frappe le tibia gauche.

- Ken : Aïe ! Pourquoi ?

- Comment ça se fait que tu connais mon père ? Ne me répète pas, « tu verra avec lui » ou « demande lui », tu me réponds je te rends le plateau, donnant donnant.

- Ken : Je rêve ou tu fais du chantage ?

- Non tu ne rêves pas alors ! Ryûgûji, réponds moi !

Malgré mon air neutre, me faisant passer pour la fille qui contrôle tout, mon coeur bat la chamade, certes Ken est un joli garçon mais c'est le silence entre nous annonciateur de tempête que je redoute, plus il met du temps à me répondre, plus mes larmes menacent de s'écouler de mes yeux, me rappelant les entraînements ardus avec Taiju pour paraître insensible et détachée, je mets en pratique certaines astuces qu'il m'a donné, d'ailleurs, la prochaine fois je le fou au tapis, hier ce sont mes côtes qui ont pris chers, demain soir on célébrera mon heure de gloire.

Mon ami face à moi laisse planer un silence qui en dit long, déçue, triste, je tape la table de mes deux mains et je me lève rapidement, en passant près de lui, je détourne la tête de l'autre côté pour ne plus le voir, sa main entoure mon poignet gauche et il tire dessus si fort que l'instant d'après je me retrouve sur ses genoux.

Il faut que je reste impassible, les battements de mon coeurs qui s'accélèrent risquent de briser cette carapace durement construite, en fermant les yeux, je compte deux par deux pour apaiser ce sentiment étrange qui pointe le bout de son nez menaçant mon cœur de faire un arrêt cardiaque.

- Ken : Excuse moi, mais je ne peux rien te dire, tout ce que tu dois savoir, c'est ton père est connu pour être un type loyal, c'est un modèle pour moi, il va être le nouveau gérant, de, euh, comment dire, l'établissement qui m'héberge.

La fin de sa phrase sonne comme un aveu qu'il n'a jamais fait à quiconque, étonnée de ses révélations et fière d'être la première personne à qui il se confie, je ne peux pas m'empêcher de rougir de plus en plus et je toussote pour passer à autre chose.

- Tu sais, mon père a dû jouer le rôle de la mère en peu de temps, je m'inquiète beaucoup pour lui, il ne me dit rien et prétexte que je dois suivre des entraînements très durs pour me défendre, je sens qu'il y a quelques choses de louches derrière tout ceci, certes je suis jeune mais à la maison je fais tout, alors il doit savoir que je suis assez grande pour comprendre la complicité d'être un adulte.

- Ken : Ne t'inquiète pas, au pire maintenant tu as mon numéro donc si un soir tu ne te sens pas bien, tu m'appelles d'accord et je serai directement chez toi.
Compte sur moi !

- Toi aussi d'accord ? On se le promet en partageant la frite de l'amitié sacrée ?

- Ken : Ouais ! Tu es bizarre comme fille, tu parles comme un dictionnaire et l'instant d'après tu es toute mimi.

« Toute mimi » « Toute mimi » « Toute mimi »

Pourquoi cette phrase tourne en boucle dans ma tête tout en rythmant un nouveau sentiment perplexe et en accentuant mon coeur qui palpite à dix milles à l'heure, étrange, je pense en parler à Hinata demain à l'école elle doit sûrement savoir de quels maux je souffre.

Malgré mon visage pivoine, ma gêne qui m'empêche de me retourner vers Ken pour lui faire face, je reste perchée sur ses genoux, le plateau de frites étant bien trop loin, je me penche en avant pour le récupérer et nous léchons une frite que nous nous échangeons, procéder assez particulier mais comme nous avons fait ça en même temps je suppose donc qu'une grande amitié entre nous est entrain de voir le jour.

C'est étonnant, de voir à quelle vitesse nous nous sommes entendus, c'est comme si nous étions fait pour nous rencontrer, si tel est le cas, je remercie le destin d'avoir mis sur ma route Ken Ryûgûji.

Derrière le petit muret délimitant le Macdo et la route, des voix aiguës coupent notre pacte d'amitié dès que nous croquons simultanément nos frites d'amitiés, les cris qui résonnent attirent toute mon attention, sur les genoux de Ken, je fais basculer mon corps en arrière et je cherche à localiser les voix plaintives.

Je bondi instinctivement dès que la voix de Hinata parvient à mes oreilles, en sautant de ses genoux, je fais tomber le plateau qui était posé sur la table, synchronisé, Ken court après moi, j'ai beau être une excellente athlète mon ami est plus rapide que moi, nous traversons donc la ruelle face à nous, trois garçons de notre âge commencent à chahuter Hinata et son jeune frère Naoto, il m'en faut pas plus pour foncer tête baissée et commencer à me préparer psychologiquement à un combat.

Mes genoux pliés, j'effectue un bon qui me propulse en haut, les têtes des garçons se lèvent pour riposter, afin de contrer les coups de poings, je vrille sur moi même, mes mains se positionnent sur deux têtes et effectuant une pirouette j'envoie valser les deux crapules plus loin avant de faire un combo de coups pieds à l'autre abruti à côté.

- Hinata : JIN ! Naoto ça va ? Tu vas bien ?

- Naoto : Euh, oui, merci Jin, je voulais défendre Hina mais ils étaient trop nombreux.

Ne jamais baisser la garde est fondamental, mes cours extrêmes avec Taiju jouent énormément sur mes réflexes quasi inhumain que j'ai acquis au cours de ses trois années, un des trois garçons cours vers moi, mes sens aiguisés me permettent de me déplacer rapidement et d'empoigner la lame de son couteau d'une main ferme afin de le bloquer.

- Ken, tu peux mener Hinata et Naoto à notre table, j'ai deux trois affaires à régler ici.

- Hinata : Tu me fais peur Jin, je n'aime pas quand tu as ce regard.

Moi non plus Hinata, c'est un côté de ma personnalité qui me répugne, mais tu peux comprendre au fond de toi, que cette outrage ne restera pas impuni.

- Ken : On a une table en face au Macdo, le chevet porte le numéro 13, allez y, on vous rejoint.

- Naoto : Hinata viens, ils n'ont pas besoin de nous.

- Hinata : Jin, pas de débordement tu me l'as promis.

- Hm.

En voyant Hinata et son jeune frère partir, les trois garçons tentent de profiter de ce moment pour s'enfuir, sauf que Ken les prends par leurs cols et les repoussent au loin, pour être plus à l'aise, je retire la veste et je la noue autour de ma taille.

- Ken : Tu débrouilles ?

- Ouais, on va dire ça, doux ou vicieux ?

- Ken : Doux, vicieuse ?

- Intraitable.

- Ken : Ok Jin, allons alors !

- C'est parti !

A suivre.

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