Chapitre 6_Contre-offre

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Cette phrase résonne dans ma tête, sa voix fait écho, elle devient vite un mantra qui laisse l'opportunité à la petite fille qui sommeille en moi d'entre apercevoir les lueurs du jour, la chaleur de ses mains rassurantes fissure lentement la barricade en métal que je me suis forgée, je meurs d'envie de laisser Ken entrer dans le cocon douillet qui englobe quelques personnes, mais, je suis forcée de constater que malgré son sourire en coin et ses légères rougeurs qui apparaissent, je n'arrive pas à dépasser ma peur.

Qu'est-ce que je peux être pathétique des fois, ça devrait être pourtant si simple de faire le premier pas, surmonter ce traumatisme, surtout à mon âge, j'ai l'impression d'être une adulte dans le corps d'un enfant, dès que mon paternel sera de retour, je pense avoir une conversation avec lui, en espérant qu'il ne fuit pas, car il a dû mal à discuter avec sa fille lorsqu'elle pose des questions existentiels, papa poule a peur que sa fille quitte le nid super confortable bien trop vite.

Sans un mot, sans nous détourner, nos regards s'encrent, nous nous observons longuement, nous hésitions à couper le silence pesant, je ne sais plus quoi dire, je ne sais pas comment dire à ce garçon que ses belles paroles dîtes plus tôt ne me permette pas de me laisser aller et cela malgré la conversation avec Hina.

- Ken : Tu ne vas pas venir ?

Nous nous connaissons à peine, je ne t'ai rien dis, pourtant, tu comprends, je n'ai pas besoin d'ouvrir la bouche, de faire de longue discours pour t'expliquer ce que je pense, tu es le premier qui me surprend, que ça soit mon père, mes oncles ou même ma meilleure amie, j'ai toujours eu ce besoin de devoir m'exprimer, car personne n'a sût me comprendre ou même lire mon âme, je vais accepter pour cette raison, je suis curieuse, je me demande qui se cache derrière des traits inexpressifs puis enjoués l'instant d'après, peut-être qu'avec le temps, nous serons plus proches et que j'arriverais à passer outre mes angoisses.

- D'accord, je veux bien vivre avec toi, ou tu peux également venir à la maison, enfin, c'est comme tu le souhaites, il y a deux chambres d'amis, tu peux également dormir dans la chambre de mon père, il a une salle de bain dans sa chambre ainsi qu'une télévision si tu as besoin de plus de confort.

Je donne tout ce que j'ai pour qu'il accepte de venir chez moi, lorsque ses yeux scintillent à la fin de ma phrase, j'affiche un sourire victorieux car je sais pertinemment qu'il va accepter ma contre-offre, Ken tenant mes épaules de ses mains, me secoue d'avant en arrière, le repas que je viens à peine d'engloutir menace de sortir à cause de son agitation répercutée sur ma petite personne, je pose la paume de ma main devant ma bouche et immédiatement il arrête de me secouer comme un pommier.

- Ken : Tu as des consoles de jeux ?

- Oui.

- Ken : Tu as des accessoires de sports ?

- Oui.

- Ken : Sérieux ! Mais tu es blindé en faite !

- Notre famille n'est pas dans le besoin, puis c'est mon père qui est blindé, nuance.

- Ken : J'aimerai récupérer mes affaires chez moi avant.

- Pas de soucis on y va !

- Ken : Je préfère y aller seul.

Un barrière infranchissable se dresse entre nous, Ken suite à sa phrase a reculé d'un pas, la distance qui laisse s'immiscer me déstabilise, si proche a un moment et pourtant si loin l'instant d'après, son regard qui fuit le mien pour se diriger vers le lampadaire à sa gauche me laisse croire qu'il essaie de cacher quelque chose ou qu'il semble gêner que je vienne avec lui, ma curiosité me force à vouloir découvrir ses petits secrets, je passe à l'attaque !

- Pourquoi ? Tu as le droit de voir mon chez moi, mais moi je n'ai pas le droit de venir chez toi, tu disais pourtant que tu m'aimais bien, que c'était pour cette raison que tu avais accepté la proposition de mon père, après, si ce n'était que des paroles en l'air, tu peux être honnête avec moi.

L'effet est immédiat, le garçon à la natte blonde plisse le nez, ses mains se posent derrière sa nuque, il inspire profondément en fermant ses paupières, puis Ken aborde une mine boudeuse laissant sur ses joues quelques petites rougeurs dont la couleur lui va si bien.

- Ken : Chez moi, ce n'est pas un lieu pour toi, vraiment pas, c'est une maison close, je ne veux pas que tu te fasses de fausses idées sur moi, tu peux tomber sur les filles trainantes à moitié à poils, les bruits des clients traversant les murs peuvent être insupportables des fois, je sais de quoi je parle.

- Je te propose un marché.

- Ken : Lequel ?

- Tu me laisses entrer, je te laisse entrer dans mon monde.

- Ken : Pourquoi tu fais ça ?

- Tu es intriguant, vraiment, puis tout me laisser penser que tu sera un très bon ami, puis je suis les conseils de Hinata, qu'est-ce que tu en penses ?

- Ken : OK ! Marché conclu, par contre, on sera toujours pote ?!

- On sera toujours pote !

Quelques mots simples, des sourires échangés, une main donnée et tout en discutant, Ken et moi nous partons donc chez lui afin qu'il puisse prendre ses affaires.

Lorsque nous rentrons à l'intérieur, Ken serre de plus en plus sa main sur la mienne, il doit se sentir mal à l'aise ou il doit penser que je suis en train de le juger, je suis mal placé pour juger les gens il peut être rassurer, afin de lui montrer mon soutien, j'entrelace mes doigts aux siens, mon pouce frôle la peau au-dessus de sa main droite, ce geste certes fort mais discret permet à Ken de continuer d'avancer sans crainte.

Mon ami s'arrête brusquement devant une porte, il resserre sa prise, sa tête s'abaisse pour fixer ses pieds, sa main devient moite, lentement, il détourne sa tête pour croiser mon regard et Ken affiche un sourire forcé sur son visage.

- Qu'est-ce qui ne va pas ?

- Ken : Aucunes filles n'est venues ici.

- Si tu veux je te laisse seul dans ta chambre.

- Ken : Non ! C'est bon, ça me fait bizarre car tu sera la seule.

- Ne dis pas de bêtises.

- Ken : Je suis sérieux !
Tu es et tu sera la seule fille à avoir le droit de venir dans ma chambre !

- Ça ne me dérange pas de ne pas être la seule.

- Ken : Toi peut être, mais moi, je préfère qu'il en soit ainsi.
Tu sera la seule.

A suivre.

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