Chapitre 14_Bikeurs et famille

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Même l'air frais du soir ne suffit pas à mes poumons pour qu'ils se calment, une chaleur les irradiant coupe ma respiration, la course effrénée pour échapper au policier me provoque la nausée, je n'ai pas l'habitude de courir aussi longtemps, le sifflement provoqué par ma gorge en est la parfaite démonstration, mes bras aussi mous que du caramel poussent les passants qui me regardent comme si j'étais une folle sortie de l'asile psychiatrique, je ne sais même plus où je suis ni qu'elle heure est t'il, mais je sais, qu'il faut que je sème ce flic qui a une endurance à toute épreuve.

Une autre sirène de police retentit derrière moi, cette nuit quelqu'un m'a maudite, ça ne fait aucun doute, personnes ne me laisse un répit, un moment pour respirer, mes jambes tremblent, mes cheveux collent sur mon visage, la douleur du tatouage me fais grimacer, je n'ai rien avaler de la journée et je sens mes forces me quitter.

Une décharge électrique émise par mon corps éveille mes membres engourdis, je remercie mes parents de m'avoir véhiculée une telle force, je remercie mon instinct de conversation d'être à son paroxysme, haletante, dégoulinante de sueur, je trouve refuge entre deux petites ruelles d'un quartier aisé, mon dos tape violemment contre le mur et je m'écroule aussi vite au sol.

- Saleté de flics.

Même insulter mes poursuivants c'est trop compliqué pour moi, le lampadaire face à moi émet un grésillement puis il s'éteint, la ruelle devient très sombre, elle se transforme en coupe gorge en quelques instants, deux motos foncent devant moi, les motards donnent un coup d'œil sur leurs rétroviseurs puis ils font demi tours, le regard que me lance le premier conducteur hérisse mes poils, tout mon sang bouillonne dans ma tête, mes poings se serrent automatiquement, l'instinct de survie me pousse à anticiper le pire, quand le deuxième motards sort une arme blanche.

- Motard : Alors petite fille ? Ce n'est pas un lieu pour une si belle enfant.

- Je ne suis pas seule. J'attends un ami.

Effectivement, dans ma hâte, j'ai composé le numéro de téléphone de mon blond préféré, enfin mon deuxième préféré car le premier ne m'a pas répondu et je compte bien lui mettre une petite nuque bien placée.

- Motard : Tu entends ça, Kiel, elle n'est pas toute seule, la blague !

Kiel est le motard tenant le couteau dans sa poigne munie de bague avec des têtes de morts, ses cheveux mi blonds mi bruns longs s'arrêtant sous sa clavicule lui donnent un air de bikeur peu fréquentable, ses yeux clairs s'illuminent lorsque je trahis mon calme inébranlable par un pince de lèvre très furtif, j'ai peur, certes mes entraînements avec Taiju m'ont permise de faire face à des situations comme celles-ci, mais il ne faut pas oublier que ce sont des hommes d'un âge qui dépasse le mien et que le coteau ainsi que la matraque qu'ils brandissent risquent de me compliquer la tâche.

Autant rester prudente et gagner du temps.

- Que voulez-vous ?

- Kiel : À toi de nous dire ce que tu peux nous proposer.

- Motard : C'est que tu es bien formée pour ton âge en plus.

- Si voulez juste me faire peur, sachez que c'est réussi, si vous voulez plus sachez que c'est puni par la loi et que non seulement ton pote a dévoilé ton prénom il y a peu de temps.
Alors soyez intelligents et posez vous deux minutes avant que je vous conduise personnellement en enfer.

Je sais pertinemment que cette petite phrase risque d'avoir deux issues, soit ils partent, soit ils s'énervent et mon trépas aura lieu ce soir.

Kiel avance vers moi d'un pas décidé, ses yeux se portent sur ma poitrine qui est tracée par le noir de la combinaison qui est serrée, un rictus mauvais s'étire de ses lèvres, l'une de ses dents blanches tire sur le morceau de chair charnue de sa lèvre inférieure, sa main se tend vers le haut de ma tête et le couteau s'enfonce profondément au niveau de mon bas ventre.

Je ne hurle pas, je ne lui donne aucune satisfaction à son geste, je me contiens du mieux que je peux tout en priant pour qu'il arrive très vite, des pas résonnent dans cette ruelle, l'obscurité de ce coupe gorge ne me permets pas de savoir qui se cache derrière cette capuche grise, le vent qui souffle vers sa direction ôte son masque de tissu qui couvre sa crinière blonde, ses yeux noirs se portent immédiatement sur moi et quand ils les fait descendre pour suivre ma main qui se porte sur mon ventre, il retire son pull brusquement pour le nouer sur ses reins et il fonce vers les bikeurs.

Dans cette noirceur, le garçon aux cheveux blonds s'élancent dans les airs, la douleur provoquée par le couteau ainsi que le manque de nutriment dans mon corps me font vaciller, ma visions se trouble, seul le sang sur mes mains est perceptible, je puise dans mes dernières réserves pour réussir à apercevoir ce garçon mais ma tête en décide autrement et une migraine foudroyante accélère les battements de mon cœur et un haut-le-cœur me prends.

Une matière chaude, a l'odeur de madeleine se pose sur ma tête, les manches de ce pull entoure ma nuque, une sensation familière apaise la régurgitation qui risquait de me gêner, des lèvres chaudes se posent sur mon front et quand nous faisons faces je comprends immédiatement qui a sauté comme un diable sorti de sa tanière.

- Tu ne m'as pas répondu.

- Sanzu : Manjiro se bat, tu as trouvé ?

- Oui, Ken, il sera le garde fou parfait, tu peux te reposer.

- Sanzu : On passe à la suite du plan.

- Nous : Protéger Manjiro.

A suivre.

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