Chapitre 11_Qu'une soeur

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Allongée sur mon lit, les jambes contre le mur, j'essaie de faire passer un sandwich bien trop consistant préparé par Ken, les premières notes d'une musique classique résonnantes sur mon téléphone se font vites couper par l'appel d'Hinata auquel je réponds immédiatement.

- Hinata : ALORS ! TU SÈCHES LES COURS POUR UN MEC !

- Migraine, je suis malade.

- Hinata : Mon cul oui ! Tu es nul, vraiment, on devait rendre un projet sur les astres, dont la maquette d'un volcan qu'on a fait toutes les deux, de plus, tu as oubliée que tu devais être évaluer pour poursuivre tes enseignements dans une école en France !

La porte de ma chambre se ferme à ce moment précis.

- Écoute Hina, j'abandonne mes études en France.

- Hinata : EXCUSE MOI !

- Hurles encore une fois et je dis tout à qui tu sais.

- Hinata : Non, ça va pardon, mais tu n'es pas sérieuse là, être médecin c'était ton rêve non ?

- Les rêves changent.

- Hinata : Laisse moi deviner, il est plus grand que toi, il est blond, il vit chez toi, il s'entend à merveille avec ton père, ton coeur bat dès qu'il s'approche de toi, il -

- Oui Hinata c'est tout à fait ça, sauf que maintenant tout est foutu car tu étais en haut parleur.

- Hinata : Raccroches et file le voir.

Elle n'avait pas besoin de me donner d'ordre, c'est déjà fait, je raccroche immédiatement la communication, j'enfile mon téléphone dans la poche arrière de mon sac que je tire en arrière, a bout de souffle par ma course, je crie sur Ken pour qu'il arrête de fuir, mais il se détourne pas, alors, je décide d'aller plus vite, ma main se pose sur son épaule et j'arrive à lui faire faire un demi tour sur lui même.

Ses yeux sont légèrement tuméfiés, mon coeur battant la chamade se calme dès que nos regards se croisent, je comprends vite qu'il a entendu la conversation, Ken repousse ma main sur son épaule et il recule d'un pas.

- Ken : Tu vas partir.

Le timbre de sa voix est tranchante, froide, lointaine, comme si il été déjà plus qu'un lointain souvenir poussiéreux, étant dans l'impossibilité d'émettre le moindre son, je secoue ma tête de gauche à droite pour lui mimer un triste « non ».

- Ken : Tu peux. Après tout, j'ai l'habitude.

- Je.

- Ken : Pas grave, en même temps j'en étais sûre, nous venons de deux mondes différents, nous sommes différents, j'étais con de croire que j'avais enfin trouvé une amie, je te voyais comme une soeur.

Je te voyais comme une soeur.

Cette phrase lancée au fer chaud perce mon coeur avec une violence inouïe, mes larmes menacent de s'écouler sur mon visage pour transformer le sol en piscine olympique, mais je garde la tête haute, je rebâtis silencieusement cette barrière qu'il a sut effriter et je lui souris de toutes mes dents.

- Tu me connais très mal, je vais rester ici avec toi, Hinata et mon père.

- Ken : Tu gâches ton futur pour eux.

- Je gâche mon futur pour toi.

Le salon de tatouage est éclairé, épuré, les meubles sont parfaitement assortis aux murs, dont certains pans sont différents, certains détails de cette pièce me donnent une impression de déjà vue, fronçant les sourcils, mon cerveau tourne à pleins régime pour se remémorer ce souvenir qui me tiraille l'esprit, la main de Ken dans la mienne m'arrache de mes rêveries quand il l'a serre plus fort.

- Ken : Tu es toute pâle, ça va ?

- J'ai l'impression d'être déjà venu ici, mais pas avec mon père.

- Ken : Sûrement ta mère quand tu étais plus petite ?

- Hm, sûrement.

- Ken : Dis, j'ai une question.

Détournant la tête pour faire face à Ken, je croise son visage qui semble légèrement rougir, ses yeux tentent de fuir les miens qui souhaitent que s'ancrer encore et encore dans ce noir si profond d'orne ses pupilles, mon coeur émet des battements plus dynamiques, n'oublis pas ce qu'il t'a dit, tu es comme sa soeur.

- Ken : On fait le même ?

- Excuse moi ?

- Ken : Tu as l'air bizarre depuis toute à l'heure.
Tu es malade ?

- C'est, depuis notre altercation, tu ne m'a rien dis.

- Ken : J'étais gêné.

- Moi aussi.

Un sourire se dessine sur son visage qui balaie ses yeux rougis, le fossé nous séparant commence à se reboucher, le rideau qui sépare la salle de torture et l'accueil s'ouvre en grand, un homme tout en muscle nous regarde à tour de rôle, son regard se porte derrière nous puis ses yeux examinent nos têtes.

- Tatoueur : C'est pour qui ?

- Ken : Pour elle !

- Pardon ?!

- Ken : Oui, Jin !

- Tatoueur : Attend, Jin, Jin de Asano ?

- C'est mon paternel en effet.

- Tatoueur : Je me doutais que tôt ou tard j'allais te voir ici, c'est à ton âge que ta mère a fait son premier tatouage ici même à l'époque c'était mon père qui détenait les locaux.

- Est-ce que je suis déjà revenue ?

L'homme croise ses bras entièrement tatouer, ses doigts ornés de grosse bagues en argent roulent sur elles mêmes, il  tire deux poils de sa barbe qu'il entortille puis après des minutes de réflection il écarquille ses yeux, sort de sa poche un téléphone à clapet et il nous montre une photo de moi accompagné de ma mère et d'un jeune garçon ressemblant à ma génitrice.

- Tatoueur : Ta mère et toi, vous veniez souvent accompagnée de ce petit garçon, c'était le seul endroit où vous avez le droit de venir, je pensais que tu te souvenais de lui.

- Ken : C'est vrai que vous avez des airs.

- Je ne sais pas qui il est.

- Tatoueur : Les Asano et leurs secrets.

- Pardon ?

- Tatoueur : Rien petite, qui veut passer le premier ?

- Euh...

- Ken : Euh...

A suivre.

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