Chapitre 18_Sous les flots de larmes et d'un baiser dérobé

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L'eau chaude stagnante parfumée de bergamote et de citron, la lumière tamisée de la salle de bain et les huiles essentiels s'évaporant du diffuseur font évanouir tout les petits tracas du début.

Ken, Emma, Emma, Ken, leurs visages écarlates, leurs lèvres qui se frôlent ...

- AHAHAA ! Saleté de pensée !

Me hurler dessus est puéril, pourquoi ai-je si mal au coeur en y repensant ?
Pourquoi il a fallut que je trouve ce garde fou pour Manjiro ?
Pourquoi il ne me regarde pas comme ça ?
Pourquoi il a fallut que ça soit Emma ?

Logiquement on dit que avec des « si » on refait le monde dans mon cas ça serait plus avec des « pourquoi ».

Au plus je me pose des questions, au plus mon visage s'enfoui dans l'eau qui devient froide, le changement de température ne me gêne pas, l'horloge accroché au mur gris en face de moi affiche 21h30, je ferme les yeux pour laisser cette énergie négative s'évaporer et je me laisse emporter par les clapotis de l'eau s'échappant du robinet de la baignoire italienne.

Un cingler hurle en frappant derrière la porte noir matte de la salle de bain, j'ouvre mes yeux en portant un regard sur mes mains toutes fripées, je suis restée longtemps dans l'eau, non seulement l'horloge affiche 23h mais la peau de la paume de mes mains risquent de se dissoudre si je ne sors pas immédiatement.

Étant légèrement maladroite à des moments, je fais bien attention à poser mes pieds sur le tapis rose, avant de m'enrouler dans mon peignoir portant mes initiales brodées au fil d'or.

Dans ma bulle la plus hermétique au monde, je tourne la poignée de la porte et aussi tôt je me fais percuter par Ken qui a les yeux rougis et les larmes aux bords de ses yeux.

- Ken : MAIS PUTAIN JIN ! RÉPONDS QUAND JE T'APPELLE !

- Le téléphone n'a plus de batterie, puis je prenais un bain comme tu peux le constater.

- Ken : Ouais, mais, pardon, je vais te laisser.

- Attends, désolée d'être partie si vite.

- Ken : Pas grave, tu descends j'ai commandé des pizzas.

- Oui, j'arrive deux secondes j'enfile un pyjama.

- Ken : Pas de soucis.

Nous nous sourions puis il ferme la porte derrière lui, seule, je retourne devant l'évier, mes yeux se heurtent à mon reflet dans le miroir, avoir revue Ken suffit à ce que je pleure encore une fois, j'en ai marre d'être faible, surtout a cause de lui, mes doigts frôlent l'ivoire qui fait office d'évier, ils continuent leurs courses avant de s'arrêter devant l'armoire à pharmacie, j'ouvre la porte et je prends une boîte d'antidépresseur que je repose immédiatement.

Je ne suis plus cette personne, j'ai dépassée ce stade, je suis plus forte qu'avant, j'ai des gens qui m'aiment, je ne dois plus retomber dedans, plus jamais.

Après m'être changée dans ma chambre, je pars rejoindre Ken dans le salon, muni d'un gros pull plus que large ainsi qu'un short, je traîne mon doudou en forme de lapin rose, en entendant mes petits bruits de mastication d'air, Ken se tourne vers moi et hurle de rire en me voyant bailler aux corneilles.

- Ken : Sérieux ?

- Quoi ? Tu n'aimes pas mon pyjama ? Ah non, toi tu préfère les blondes en pyjama autant pour moi.

Mince, je n'ai pas put m'empêcher, c'est sorti bien trop vite, mes mots ont dépassés ma pensée, Ken me fait les yeux ronds, moi je pose une main devant ma bouche en pensant pouvoir remonter le temps ainsi, je prie pour qu'il ne dise rien mais c'est lorsqu'il se tourne dos à moi pour regarder la télévision que je sens le fossé qui nous sépare.

- Ken : J'ai toujours préféré les brunes en pyjama.
Jin, tu veux que je parte ?

- Non, je m'excuse je crois que je suis jalouse.

- Ken : De ?

Que ça peut être dur à exprimer, la jalousie est un sentiment que je déteste ressentir, ça me donne l'impression d'être dépendante de l'affection de l'autre, ça me donne l'impression d'être égoïste, je me déteste de ressentir ça, honteuse, je fixe mes pieds, j'avance lentement, face à lui, je remonte ma tête avec une détermination sans nom, mais croiser ses yeux d'une nuance profonde me rend toute chose et ma détermination se transforme en chamallow grillé sous le feu d'une cheminée ardente.

Je pleure, encore, depuis que je le côtoie je suis devenue une pleureuse, intérieurement je me donne des claques monumentales mais mon moi profond se fait violence et je m'écroule sous le poids de cette jalousie maladive sous les yeux interloqués de Ken.

- Je suis amoureuse de toi, toi tu vois Emma comme si elle était ton tout, alors oui je veux que tu partes mais je te veux également à mes côtés.
Alors, voilà, moi ça me soûl, car j'étais très bien avant, je ne pensais pas que tout ceci allait prendre de telle proportion, je ne pensais pas que j'allais être jalouse de Emma, car je l'aime Emma même si je ne lui dis jamais, mais là ! Je la hais, je vous hais tout les deux, c'est, c'est ...

La colère crispe mes muscles, je hurle tout ma haine, je m'étouffe car a travers ce monologue honteux je n'ai pas pris le temps de respirer, j'ai sortie tout ce que j'avais sur le coeur y compris mes sentiments, il m'a coupé la parole en posant un doigt sur ma bouche et son câlin étouffe mes sanglots qui font vaciller ma tête dangereusement.

Ken reste silencieux, mes mains agrippent son haut, son parfum gonfle mes poumons, sa fragrance devient de l'oxygène, elle passe à travers tout mon corps et son menton qu'il pose sur le creux de mon épaule avant de frôler sa bouche sur la mienne fait tressauter mon petit coeur qui est fragile en ce moment.

- Ken : Je ne comprends pas tout, mais je sais que je ne veux pas partir ni loin de toi, ni loin d'elle.
Je ne veux pas être celui pour qui tu pleures.
Tu m'excuses ?

- Hm, désolée, réaction de fille émotive.

- Ken : J'aime bien la Jin émotive.

- Si Emma, tu l'aimes, sache que jamais je me mettrais en travers de votre chemin, elle tout aussi importante que toi, elle est gentille Emma, douce, attentionnée, belle et très intelligente.

- Ken : Pourquoi tu dis tout ça ? Je ne sais pas moi, on a que dix ans.

- Car je sais, qu'entre elle et moi, si j'avais été à ta place, j'aurais choisi Emma.

- Ken : Pourquoi tu te vois comme ça ?

- Car je ne me suis jamais aimée.
Je suis désolée, je ne voulais pas dire ça, euh, faut que je parte, j'ai mon entraînement.

- Ken : À 23h30 ?

- Oui à 23h30.

- Ken : Nous n'avons pas fini notre conversation.

- Tout est dit.

- Ken : Je ne pense pas que tu vas sortir ce soir, tu me dois des réponses à mes questions !

- Tu te prends pour qui la ? Je te déconseille de m'interdire quoi que ça soit !

- Ken : Pourquoi tu vas faire quoi ?

- Ne me sous-estime pas !

- Ken : Toi non plus !

- Merde ! Lâche moi !

- Ken : Hors de question !

- Mais tu fais chier ! Pourquoi ? Pourquoi tu fais ça ?!
Lâche moi je te dis ! KEN ! LÂCHE MOI MERDE !

- Ken : NON ! JAMAIS JE TE LÂCHERAI !
PARCE QUE MOI AUSSI JE SUIS AMOUREUX DE TOI BORDEL !

- Quoi ?

A suivre.

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