4 - Le nouveau boss

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Emmy

Encore ce matin, le réveil est difficile. Je savais que je n'aurais jamais dû accepter de sortir samedi. Samedi... j'ai encore du mal à ne pas penser à ce qu'il s'est passé avec le fameux Maxime. Au-delà de sa fuite, c'est la sensation étrange que j'ai ressenti à son contact et lors de son baiser. Cela faisait longtemps que je n'avais pas eu une telle sensation au contact d'un homme. Bon, j'avoue que sa fuite m'a aussi laissé perplexe, et Charlotte, à qui j'ai tout raconté hier, ne trouve pas plus d'explications, mis à part qu'il est peut-être un « gentleman, qui n'a pas voulu profiter d'un moment de faiblesse ». Je t'en donnerai moi du moment de faiblesse...

Bref, on est donc lundi matin, et je suis en retard... encore une fois. Je n'ai pas entendu mon réveil, et il a fallu que ce soit Charlotte qui me sorte de mon lit. Je me prépare donc en quatrième vitesse pour ne pas être en retard au boulot. Je suis chargée de projet dans une agence de communication et d'évènementiel. L'ambiance y est vraiment top et j'adore mon job. Un peu trop, parfois, d'après mes proches, mais je m'éclate vraiment dans ce que je fais.

Après une course folle dans le métro, pour récupérer un peu d'avance, je passe la porte de l'agence et retrouve Jérémy, visiblement heureux de me voir débarquer.

— Enfin ! Te voilà !

Machinalement, je jette un coup d'œil à l'horloge accrochée au mur derrière lui, soulagée d'être finalement en avance de cinq minutes. Ma petite victoire. Je n'aurais pas couru pour rien, perchée sur mes talons.

— Ça va, il n'est que 8h55. J'ai loupé quelque chose ?

Mon collègue secoue la tête positivement avec un petit sourire en coin.

— Ton nouveau chef est arrivé. Et... comment dire... Je m'attendais à un vieux croûton.

— Il y a des « vieux » bien conservés, dis-je comprenant où il veut en venir. Regarde Georges Clooney !

— Mouais... Là, non seulement il doit avoir maxi la trentaine, mais c'est un vrai canon ! s'exclame-t-il.

Je pouffe de rire devant sa mine ravie.

— A ce point ?

— J'en ferais bien mon quatre heures, mais je ne pense pas que l'on joue dans la même cour, suggère-t-il. Tu es une petite veinarde, tu vas pouvoir te rincer l'œil tous les jours.

— Ce n'est pas parce qu'il est à ton goût qu'il sera au miens, dis-je en accrochant mes affaires au porte-manteau. Puis, ça se trouve, c'est un gros con arrogant, plaisanté-je.

Je ne remarque qu'une fois ma phrase terminée le regard d'alerte de Jérémy. Trop tard...

— J'espère ne pas être comme ça.

Oh non... La honte ! C'est bien mon style ça, de faire une bourde dès le premier jour. Et il fallait qu'il m'entende dire ça... Je me retourne en direction de la porte, prête à me confondre en excuses, mais aucun son ne parvient à sortir. Je cligne plusieurs fois des yeux pour être sûre de ne pas rêver. Devant moi se tient Maxime... le Maxime de samedi soir. Mon cœur s'emballe et je sens le rouge me monter aux joues. Lui non plus n'a pas l'air plus serein. Je comprends mieux la réaction de Jérémy : je vous l'ai dit, Maxime peut être classé dans la catégorie beaux gosses, mais attendez de le voir en costard, il est juste... waouh... Puis je réalise. Merde... J'ai failli coucher avec mon nouveau boss ! Oh non, il va sans doute s'imaginer que je suis une fille facile. Après tout, s'il n'était pas parti hier matin, je ne sais pas jusqu'où serait allé notre baiser. Et est-ce qu'il savait qui j'étais lui ? Non, il a l'air aussi surpris que moi. Dans quelle galère me suis-je encore fourrée ?

Mon cerveau carbure à mille à l'heure, interrompu par Fred, le grand patron :

— Maxime, je vois que tu as fait la connaissance d'Emmy.

— On dirait, marmonne-t-il tentant de prendre un air professionnel.

— Emmy est l'une de nos chargées de projet. Elle fera partie de ton équipe, poursuit-il. C'est une des meilleures, elle a toujours plein d'idées, tu verras.

Je reprends une contenance, me forçant à sourire aux compliments de mon chef, tout en jetant des coups d'œil à Jérémy qui finit par intervenir :

— Oh là là, mais c'est déjà l'heure de notre briefing du lundi. Tout le monde va nous attendre.

Et c'est comme ça que nous nous retrouvons dans la salle de réunion pour notre briefing - petit-déjeuner du lundi matin. J'écoute d'une oreille distraite le discours de Fred, qui nous présente Maxime et son futur rôle pour la boîte, en l'occurrence mon futur manager direct. Je croise à nouveau son regard avant de le détourner, fixant mon attention sur Jérémy qui me demande :

— Je ne suis pas sûr de bien comprendre... Il se passe quoi avec le nouveau ?

— C'est le type du bar... samedi.

— Le gros relou ?

— Non... L'autre...

— Ah ! Oh... réalise-t-il en écarquillant les yeux, avant que nous ne nous remettions à suivre le débriefing et profiter du petit-déjeuner qui suit.

Finalement, le reste de la journée s'est plutôt bien passée. Remise de ma surprise matinale, je me suis mise au travail. Bien évidemment, Maxime étant mon nouveau manager direct, j'ai passé pas mal de temps avec lui, ma collègue et Fred pour discuter des missions de chacun, des dossiers en cours et du rôle que jouera Maxime. Et même si ce matin, c'était le bug total, nous avons pu bien échanger sur le boulot. Il a l'air hyper pro et ça a un côté rassurant.

Une fois la journée terminée, je quitte mon bureau et salue Maxime, en passant devant son bureau.

— Bonne soirée !

Il me remercie et je poursuis mon chemin quand je sens une main se poser sur mon avant-bras, et un frisson me parcourt au contact.

— Attends, euh... tu aurais deux minutes ?

Je hoche la tête et suis Maxime dans son bureau. Il se tourne vers moi après avoir fermé la porte.

— Voilà... Je... je voudrais m'excuser pour hier matin. Je suis parti un peu comme un voleur...

— Ce n'est rien, dis-je en tenant de cacher ma gêne.

— Ce n'est pas contre toi... c'est moi qui ai... Bref, se reprend-il sans plus d'explication. Que dirais-tu de repartir sur de nouvelles bases ?

— Ok. Je réfléchis un instant et lui pose la question qui m'a traversé l'esprit ce matin, histoire d'en avoir le cœur net : Je peux te poser une question et après on oublie tout ?

— Bien sûr.

— Euh... Connaissant Fred, je suppose qu'il t'a présenté la boîte avant ce matin... et... euh... est-ce que tu savais qui j'étais avant...

— Non ! m'interrompt-il. Samedi, j'étais juste un mec qui est sorti avec ses potes et a rencontré une fille plutôt pas mal qui m'a d'abord envoyé chier, d'ailleurs.

Je souris à ce souvenir, songeant qu'il ne doit pas y être habitué. Rien qu'aujourd'hui j'ai pu voir comment la plupart des filles ont réagi en le croisant ou en sa présence.

— Ok... Merci. Bon... à demain alors ? lancé-je à la fois flattée et gênée de son presque compliment. C'est quand même mon boss maintenant !

— A demain ! Merci à toi aussi.

Je quitte son bureau, ravie de mettre fin à cette discussion. En même temps, c'est moi qui ai posé la dernière question. Quelle idée...

Quand le hasard s'en mêleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant