Emmy
La journée touche à sa fin et avec Maxime, nous sommes toujours en train de travailler sur un projet que le directeur nous a confié ce matin en urgence. Je tente de bailler discrètement, mais le sourire de Maxime me prouve que pour la discrétion, il faudra que je repasse.
— Ne te moques pas, lancé-je en le pointant du doigt.
— Je ne me permettrai pas... Tu aurais dû rester plus longtemps au lit ce matin finalement.
— Si j'avais su ce qui m'attendait aujourd'hui, j'y aurais pensé.
Ce matin est un des rares matin où j'étais très en avance. Et bien évidemment, mes collègues, et surtout Maxime, n'y sont pas vraiment habitués. J'ai plutôt tendance à être la fofolle qui court en talons et qui déboule essoufflée au travail à neuf heures moins cinq.
— Tu crois qu'on va réussir à terminer avant le rendez-vous de Fred ? poursuis-je, en piochant une nouvelle chouquette dans le sachet entre nous. Quoi ? Pourquoi tu me regardes comme ça ?
— Tu as du sucre sur la joue.
— Où ? Demandé-je en tentant de m'essuyer, visiblement sans réussite.
— Attends, je te l'enlève, propose-t-il en saisissant une petite serviette en papier.
Il s'approche avec son pouce et je ne peux m'empêcher de relever mes yeux pour l'observer à la dérobée.
— Voilà.
— Merci, souris-je un peu gênée.
L'atmosphère me paraît soudainement plus chargée lorsque je croise à nouveau son regard bleu acier. On a pourtant réussi à travailler toute la journée ensemble, sans problème. Au contraire même, j'ai trouvé ça hyper sympa de discuter avec lui, même si c'était sur le boulot. Et là, hop, au premier contact physique, rien ne va plus. Je ne comprends pas pourquoi sa proximité m'embrouille autant. Ça fait une éternité que je n'ai pas ressenti ce genre d'intérêt pour un garçon et je ne parle pas que physiquement, même si je sais que son baiser m'a fait un effet « Wahou » et que potentiellement, au lit, ça doit être pas mal. Enfin, j'imagine, mais je ne le saurais jamais. C'est mon boss... et un ami de Martin. Ce ne serait vraiment pas une bonne idée...
— Besoin d'aide ? propose Jérémy en passant la tête dans l'entrebâillement de la porte, ce qui nous fait sursauter.
— Pas de refus, répond Maxime avant de donner quelques consignes à notre collègue.
Nous nous remettons à la tâche avant d'être interrompus par le vibreur d'un téléphone qui sonne à plusieurs reprises. Trop prise dans ma tâche, je ne percute pas tout de suite qu'il s'agit de mon téléphone.
— Oh mince ! Il est déjà 18h45 !
— Et ? demande Jérémy.
— J'avais oublié que je devais aller manger avec Julien avant d'aller au ciné... Je vais le rappeler pour annuler et m'excuser.
— Il commence à être habitué je pense, me lance Jérémy.
— Tu devrais le rappeler et y aller. On a quasiment fini. Je terminerai sans toi, me conseille Maxime.
— Tu crois ?
— Ouais. Connaissant Julien, je suis sûr qu'il a déjà tout réservé. Puis ça te changera les idées avant la journée de demain.
— OK... Je lui dis de me récupérer ici, comme ça je peux encore avancer un peu, dis-je tout en écrivant un SMS.
— Est-ce qu'un jour il y a un mec qui te fera oublier le boulot plutôt que tes rencards ? balance Jérémy innocemment.
Je lui jette un regard noir avant de répondre.
— Ce n'est pas un rencard comme tu dis, mais une sortie entre amis comme je le ferai avec toi, je te rappelle.
— Appelles ça comme tu veux, mais pour lui, dans son esprit, c'est un rencard.
— Pff, balancé-je en haussant les épaules.
Oui, mon sens de la répartie n'est pas génial sur le moment mais il m'agace et il le sait.
Nous terminons notre présentation peu de temps avant l'arrivée de Julien. Finalement il n'y avait plus grand-chose à faire et l'aide de Jérémy nous a permis d'avancer plus rapidement. Je récupère mes affaires, puis répète, pour la énième fois à Max :
— Tu m'appelles si tu as besoin de quoi que ce soit.
— Oui ne t'inquiète pas. Profite de ta soirée. Le boulot est terminé. Il reste juste à imprimer et relier quelques documents. Je devrais m'en sortir.
— D'ac. A demain.
— Je te récupère chez toi ?
Demain, nous partons pour notre team-building de fin d'année. Il s'agit plutôt d'un séjour sur deux journées, à la montagne le plus souvent, même si nous découvrons la destination à la dernière minute, avec quelques activités sportives, détentes et quand même quelques échanges en lien avec le boulot. Cette année, Maxime s'est proposé pour être l'un des chauffeurs. Je ferai donc le voyage avec lui, Jérémy et Laura, une collègue.
— Oui, confirmé-je, à 8 heures, comme on a dit.
— Programme bien ton réveil, me lance-t-il moqueur.
— Ne t'inquiète pas.
— C'est toi qui as dit de ne pas m'habituer à te voir à l'heure.
Je lève les yeux au ciel, désespérée, avant de tourner les talons.
— Bonne soirée, me disent-ils en chœur avec Jérémy.
La soirée avec Julien se passe plutôt bien. Nous avons finalement décidé d'aller d'abord au cinéma et de grignoter après la séance. Il faut avouer qu'avec toutes les chouquettes que j'ai englouties aujourd'hui, je n'avais plus très faim. Alors que nous sommes sur le chemin du retour, je repense à la remarque de Jérémy, mais aussi de Charlotte avant lui, concernant ses intentions. Cela me travaille un peu, et c'est vrai que Julien s'est toujours montré très prévenant avec moi, encore ce soir. Même si je l'apprécie, je sais qu'il n'y aura jamais plus entre lui et moi, et je ne voudrais pas lui donner de faux espoirs en acceptant de sortir avec lui, comme ce soir. Je me décide à lui en parler :
— Euh... Ju...
— Oui ?
— Tu sais que je t'apprécie beaucoup, mais... je voudrais être sûre qu'il n'y a pas de malentendu entre nous. J'aime bien passer du temps avec toi mais...
— Ça n'ira pas plus loin, conclut-il posément. Moi aussi j'aime bien les moments qu'on passe ensemble.
— Donc c'est ok pour toi ? On est sur la même longueur d'onde ?
— Oui. On est juste amis. C'est ok pour moi.
— Ouf. Ça me rassure. Jérèm n'arrête pas de me bassiner sur le fait qu'on n'attend pas pareil toi et moi. J'avoue que ça m'a un peu travaillé ce soir et que je ne voudrais pas te donner de faux espoirs en sortant avec toi, comme ce soir. Désolée de t'avoir embêtée avec ça.
— T'inquiète pas, me répond-il. Il n'y a pas de souci.
— Merci. Et encore merci pour la soirée, dis-je alors que l'on arrive en bas de mon immeuble.
— Il n'y a pas de quoi.
Nous nous faisons la bise, pour nous dire au revoir, et je remonte l'esprit plus serein. Cela me rassure s'il n'y ait pas de malentendu entre lui et moi. J'avoue que j'aurais trouvé ça dommage de devoir me tenir éloignée de lui, car nous nous entendons plutôt bien.
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Quand le hasard s'en mêle
Roman d'amourRencontrer un type canon en soirée, ça peut arriver à tout le monde. Mais quelle est la probabilité de revoir cette personne et de devoir collaborer avec elle aussi bien sur le plan professionnel... que personnel ? C'est ce qui arrive à Emmy et Max...