24 - Quand la peur s'invite

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Point de vue d'Emmy


Nous arrivons chez Maxime tard dans la soirée. La journée a été longue, et le trajet jusqu'à chez lui, bercé par la lumière des lampadaires, a laissé entre nous une atmosphère de détente. J'entre la première, déposant mes affaires avant de m'installer sur le canapé, sentant la fatigue se relâcher.

Maxime me rejoint avec un sourire, s'asseyant à côté de moi, et sans même réfléchir, je me blottis contre lui, posant ma tête sur son épaule. Il glisse une main dans mes cheveux, les caressant doucement, et je ferme les yeux, profitant de cette chaleur réconfortante.

— C'est bon de t'avoir ici, comme ça, murmure-t-il.

Un sourire naît sur mes lèvres. Je ferme les yeux, profitant du moment, de ses bras qui m'entourent et de la douce chaleur qu'il dégage. Ses doigts glissent dans mes cheveux avec une tendresse infinie, et je me sens apaisée, comme si tout était exactement à sa place. Après un moment, je lève les yeux et croise son regard. Ses lèvres s'étirent en un sourire complice, et il se penche pour m'embrasser, avec une douceur qui fait battre mon cœur un peu plus fort.

Ce baiser me réchauffe autant qu'il me trouble. J'oublie la fatigue, les soucis de la journée, et ne pense qu'à lui, ici et maintenant. Je me laisse aller dans cette étreinte, bercée par ses mains qui glissent le long de mon dos, m'apportant un réconfort profond. Dans ses bras, j'ai l'impression d'être à ma place, en sécurité.

— Moi aussi, je me sens bien, ici, avec toi, dis-je sincèrement.

Il m'attire encore un peu plus contre lui, me serrant dans ses bras, et je sens qu'il partage ce même sentiment. Le silence s'installe, mais il est empli de mille choses non dites. Nous restons ainsi, profitant de cet instant, quand soudain, la sonnerie de son téléphone retentit. Il hésite une seconde et lorsqu'il décroche, sa mâchoire se crispe légèrement.

— Allô ? Oui... Clarisse.

Il se lève, s'éloignant légèrement pour poursuivre la conversation, et je sens un pincement au cœur. Pendant qu'il parle, une pointe d'inquiétude monte. Qu'a-t-elle encore à lui dire ? Et pourquoi Maxime reste-t-il aussi silencieux en l'écoutant ? Quand il revient, il m'explique brièvement qu'elle souhaite le voir pour parler.


***

Point de vue de Maxime


En quittant mon bureau pour me rendre chez un client, je croise Emmy. Je la trouve encore un peu pâle, mais elle a insisté pour venir travailler ce matin.

— Hey, ça va mieux ?

— Un peu mieux. J'ai toujours des douleurs par moment, mais avec du Doliprane ça s'atténue, me dit-elle sur un ton qui se veut rassurant.

— Tu devrais peut-être voir un médecin... hier soir, tu avais vraiment mal. Tu veux que je reste avec toi ce soir ?

— Non, va à ton rendez-vous avec Clarisse. Si c'était Liam...

Je secoue la tête, posant doucement une main rassurante sur la sienne, mon regard cherchant à capter le sien.

— Ce n'est pas Liam... notre relation n'avait rien à voir avec ce que tu as vécu avec lui. Je ne sais pas ce qu'elle veut me raconter mais une chose est sûre, cette séparation est ce qui pouvait m'arriver de mieux.

Elle me sourit, visiblement touchée par la sincérité de mes mots. Son regard semble légèrement apaisé, mais je devine encore des traces de fatigue et de douleur chez elle. Avant de partir, elle me fait un signe de la main, et je me mets en route. Son état m'inquiète un peu, je ne me sens pas serein à l'idée de la laisser seule ce soir.


Quelques heures plus tard, je retrouve Clarisse au café où elle m'a donné rendez-vous. Je ne sais pas trop ce qu'elle me veut, mais ça avait l'air important. La conversation s'enchaîne, Clarisse exposant ses regrets et son souhait de recoller les morceaux... et je réalise combien je suis détaché de ce passé. Que ces souvenirs sont trop lointains pour encore signifier quelque chose pour moi.

Quand mon téléphone vibre dans ma poche pour la troisième fois, je soupire et ignore l'appel, mais le téléphone recommence à vibrer, insistant. Je le sors et vois le nom de Martin s'afficher.

Clarisse, qui remarque mon agacement, me regarde avec un sourire en coin.

— Tu devrais peut-être répondre.

Je hoche la tête, décrochant enfin, et avant même de dire un mot, la voix inquiète de Martin me parvient

— Enfin ! Tu réponds !

— Oui, quoi ?

— Il y a eu un souci... Emmy est à l'hôpital.

Je sens mon cœur se figer et tout autour de moi disparaît.

— J'arrive.

Je raccroche, les mots de Martin résonnant encore en moi. De retour à table, Clarisse m'observe avec une lueur d'inquiétude.

— Tout va bien ?

Je secoue la tête, rassemblant mes affaires.

— Emmy... elle est à l'hôpital. Je dois y aller.

— Tu veux que je t'accompagne ?

— Non, merci... Je dois... juste y aller.

Sans attendre sa réponse, je sors précipitamment. Chaque seconde semble s'étirer à l'infini tandis que je me rends à l'hôpital, le cœur battant, mes pensées tournées uniquement vers elle.


En arrivant, je vois Martin et Alice dans le hall. Ils se lèvent en me voyant arriver, leurs visages fermés par la gravité de la situation.

— Comment va-t-elle ?

Martin m'explique qu'elle est au bloc. Son regard est désolé, tandis qu'Alice m'explique doucement qu'il s'agit d'une grossesse extra-utérine. Les mots se bousculent dans ma tête. Nous avions pourtant pris nos précautions... Mais ces pensées sont vite balayées par l'inquiétude qui m'oppresse. Je me laisse tomber sur une chaise, les mains tremblantes.

Après ce qui me semble être une éternité, un médecin finit par sortir du bloc accompagné de Charlotte, qui était de service. Le soulagement me submerge quand il annonce qu'Emmy est hors de danger.

Je pousse un profond soupir et passe une main dans mes cheveux. Quand je la rejoins dans sa chambre, elle semble dormir paisiblement, loin de se douter de l'inquiétude qu'elle a causée. Je m'assois près de son lit et prends sa main entre les miennes.

— C'est moi Princesse... Tu sais que tu nous donnes du souci.

Je la regarde et tout me paraît évident : je suis dingue de cette fille. En l'espace de quelques mois, elle m'est devenue indispen²sable. Je dépose un baiser sur sa main.

— Je t'aime Emmy, soufflé-je. Ce soir, je n'ai fait que penser à toi... la prochaine fois, je ne t'écouterais pas... Si seulement j'étais restée avec toi ce soir...

Le calme de sa respiration me rassure, et je laisse le poids de mes inquiétudes retomber. Charlotte me rejoint plus tard, et me propose de rester auprès d'elle jusqu'à son réveil. J'acquiesce, reconnaissant de ne pas être seul pour ce moment.


Quand le hasard s'en mêleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant