28 - Si on s'aimait ?

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Point de vue d'Emmy


La brise fraîche qui s'engouffre par la baie vitrée du pub est vivifiante. Adam et moi discutons, profitant du calme environnant. Je l'ai retrouvé cet après-midi, pour boire un verre après sa journée de travail. Il n'a rien perdu de son côté protecteur, mais je sens bien qu'il mijote quelque chose. Il m'observe avec cet air de conspirateur, un sourire énigmatique aux lèvres, et je commence à me demander ce qu'il mijote.

— Alors Emmy, comment tu te sens ? L'air frais irlandais te fait du bien ? demande-t-il l'air innocent.

Je hoche la tête, un léger sourire aux lèvres :

— Ça va... Je crois que j'en avais besoin.

Adam approuve d'un signe de tête, son sourire s'élargissant.

— Et Maxime... Tu as des nouvelles ?

Je fronce les sourcils, surprise par sa question.

— Quoi ? se défend-il. Je n'ai pas le droit de m'inquiéter pour ma petite sœur de cœur ?

Il y a une lueur de malice dans ses yeux, mais derrière son ton léger, je ressens son soutien sincère.

Je m'apprête à répondre quand son regard s'attarde à l'entrée. Je me retourne, et mon cœur fait un bond en découvrant Maxime qui vient d'entrer, les yeux rivés sur moi.

Je tourne alors un regard surpris vers Adam, mi-reconnaissante, mi-étonnée.

— Adam... tu n'as pas fait ça ?

Il hausse les épaules, amusé.

— Je me suis dit que vous aviez besoin d'un petit coup de pouce tous les deux. Allez, file.

Je le regarde, touchée, puis me lève pour aller à la rencontre de Maxime, une chaleur nouvelle se diffusant en moi.


Je rejoins Maxime, un peu nerveuse, mais surtout heureuse de le retrouver.

— Salut, me dit-il avec un sourire qui apaise mes hésitations.

— Salut... Qu'est-ce que tu fais ici ?

— Tu me manquais, m'avoue-t-il, un éclat tendre dans les yeux. Et disons qu'Adam a des arguments convaincants... et aussi ta grand-mère.

— Parce qu'elle est de mèche, elle aussi ?

Maxime hoche la tête, et un éclat de rire m'échappe. Bien sûr qu'elle est de mèche.

— Et tu t'es laissé convaincre ?

— On va dire que je n'ai pas trop su résister.

Je ris doucement, la chaleur du moment dissipant mes doutes.

— On va se balader ?

Il acquiesce et nous sortons du pub.

Nous marchons en direction du front de mer, côte à côte, sous une brise saline qui s'engouffre dans mes cheveux. Maxime et moi échangeons quelques regards, mais restons silencieux, comme si chacun cherchait ses mots. Ce silence, étrangement, m'apaise, et pour une fois, je me sens prête à affronter cette conversation.

Après un instant, Maxime s'arrête et se tourne vers moi, l'air sérieux.

— Ecoute... je sais que tu souhaitais prendre du recul, prendre le temps pour réfléchir à tout ça mais... je suis là, Emmy. Tu comptes pour moi... énormément. Et... je veux être là pour toi, même dans les moments où tu doutes.

Ses mots me touchent profondément, et je baisse les yeux, sentant le poids de ma propre hésitation.

— Je suis désolée Max, avoué-je, la voix un peu tremblante. J'ai pris la fuite et laissé mes angoisses prendre le dessus... On est allés si vite sans jamais prendre le temps de penser à ce qu'on attendait de l'avenir l'un de l'autre. Depuis que tout ça est arrivé, je me dis que... je te prive de construire quelque chose de réfléchi et stable, peut-être même de fonder une famille, chose que je ne suis plus sûre de pouvoir t'offrir aussi facilement. Et... je me demande si, en me jetant dans cette histoire, je ne suis pas en train de tout faire à l'envers...

Maxime prend une grande inspiration, en me prenant doucement les mains, ses yeux fixés sur les miens, puis répond d'une voix apaisante.

— Je t'aime Emmy. Je comprends ce que du ressent, mais... Je n'ai pas besoin d'un avenir préfabriqué, tu sais. Tout ce que je veux, c'est être avec toi, et on prendra le temps pour le reste. En avançant à notre rythme, on trouvera notre équilibre. Peu importe les obstacles ou les incertitudes, on les affrontera ensemble parce qu'à deux, on est plus fort.

Je sens mes yeux s'embuer face à son regard, empli de sincérité et de... d'amour ? Ces mots, que je ne m'attendais pas à entendre, me coupent le souffle. Mon cœur bat plus fort, et je le regarde, émue, réalisant à quel point j'avais attendu cet instant.

— Je t'aime aussi, Maxime.

Il m'attire doucement contre lui, et nos lèvres se rejoignent dans un baiser empli de tendresse et de promesses. Je ressens une sérénité inattendue, comme si la réponse avait été là tout ce temps : peu importe le futur, nous le construirons ensemble. Tout semble s'éclaircir, comme si enfin, nous avions trouvé notre chemin.


En quittant le rivage, nous prenons le chemin de la maison de ma grand-mère. Lorsque nous arrivons, ma grand-mère est là, assise près de la fenêtre, un sourire malicieux aux lèvres. Je ne peux m'empêcher de rire en sachant qu'elle et Adam avaient effectivement tout orchestré. Maxime, en voyant son sourire, me chuchote :

— Elle est aussi convaincante que son complice, je te jure.

Je lui glisse un regard complice, amusée. À peine entrés, ma grand-mère s'exclame :

— Alors, c'est donc toi le fameux Maxime, celui qui a fait tourner la tête de ma petite-fille.

Maxime rougit légèrement.

— Oui, Madame. Enchanté de vous rencontrer.

— Oh, appelle-moi Maureen. « Madame », c'est pour les vieilles, plaisante-t-elle.

Maureen rit doucement et se tourne vers moi, un sourire satisfait aux lèvres. Elle annonce que le dîner est presque prêt et qu'on a installé Maxime dans la chambre d'amis. Pendant qu'il va prendre sa douche, je la rejoins dans la cuisine.

— Ça va ma chérie ?

Je sens mes joues rosir, et un sourire attendri me monte aux lèvres.

— Oui... Merci Granny.

Elle hoche la tête, l'air malicieux.

—Tu sais, parfois, il suffit juste d'un petit coup de pouce pour que les choses rentrent dans l'ordre.

Je ris et la serre dans mes bras, reconnaissante pour tout son soutien. Dans ses bras, je me sens enfin prête à avancer, portée par cette confiance et l'amour que j'ai décidé d'accepter pleinement.


Quand le hasard s'en mêleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant