Grayson, The VOID [EN RÉÉCRITURE]

Lucas

Les minutes s'écoulent. Cela fait maintenant une dizaine de minutes que je marche dans les rues de la ville. La pluie s'est arrêté, mais le brouillard est à nouveau présent. Il fait sombre, la rue dans laquelle je me trouve est éclairé par des misérables lampadaires tous les 10 mètres.

Elle est devant moi. Elle marche tout en se frottant les bras, complètement refroidis par le vent nocturne. Elle n'a pas remarqué ma présence. Elle est obnubilée par sa musique, je peux l'entendre d'ici. Elle marche d'un pas rapide. Ses yeux jettent de léger coup d'œil de gauche à droite lorsqu'une voiture passe à côté d'elle. Elle a l'air craintive.

Je ne vais pas la tuer, ni la torturer, ni la kidnapper. Je veux seulement la suivre. Elle m'intrigue, elle est étrange... Iris Robin, mon élève de terminale. Elle n'a que 17 ans, je ne peux pas me permettre de gâcher sa vie aujourd'hui. J'ai lu sa fiche à midi, elle a un rêve, celui de secourir des vies.

J'ôte les vies des personnes, je détruis mentalement et physiquement les familles des défunts. Mon rêve c'est de pouvoir tout contrôler, de pouvoir montrer à quel point ce moment est agréable. Elle, elle est différente. Elle veut réparer ce que je détruis. Elle veut être la fleur du mal, celle qui fait naître une lumière dans ce monde obscure. Elle est tout mon contraire.

Je ne sais pas si je tiendrais.

Cette fille est différente des filles de son âge. Elles ne leur ressemblent pas. Son corps n'est pas frêle, il est fin. Ses cheveux sont fins également, ils sont d'une couleur claire. Je ne dis pas qu'ils sont blonds, mais ils ne sont pas marron non plus. Son visage, il est doux. Ses sourcils sont comme le reste de son corps, fins, de la même couleur de ses cheveux. Son nez est légèrement retroussé et ses lèvres rosées sont fines.

Elle est attirante. Aucune de mes victimes ne l'a autant été.

Je la suis depuis qu'elle a fini ses petites heures de travail. Le froid commence à m'attraper également, je regrette légèrement d'avoir fait cela. Je ne sais pas réellement pourquoi j'ai commencé à la suivre, mais j'en ressentais l'obsession. Est-ce son attirance, son charme, qui m'ont hypnotisé et qui m'ont convaincu de la suivre ?

Je ne sais pas.

En fait, je crains que la raison provienne de ces maudites addictions, de ces maudites voix. Je les entends jour et nuit. Elles m'ordonnent d'arriver à mes fins et de me satisfaire. Elles m'encouragent, comme le ferait une mère ou un père envers son enfant. Depuis quand ces voix sont-elles apparues ?

Je ne sais pas.

Elles résonnent systématiquement à l'intérieur de moi, et une fois que je fais ce qu'elles me demandent, je ne ressens rien. Aucun plaisir. Aucune haine. Aucune mélancolie. Il m'arrive de ressentir un état de bien-être après avoir démembré l'un des corps, mais cela se fait de plus en plus rare. Je n'arrive plus à me satisfaire comme auparavant. C'est comme si mes victimes ne me correspondent plus.

Mais elle...

Elle commence à ralentir et à fouiller dans ses poches. Elle doit probablement être arrivée chez elle. Je m'arrête, ne voulant pas créé de soupçons et la regarde du coin de l'œil. Elle commence à grimper de petit escaliers jusqu'à s'engouffrer dans le sasse de sa maison. Je ne m'attarde pas plus longtemps ici et prends le chemin en direction de ma maison également.

***

Il est 14 heures. La pause de midi est terminée pour ma classe. Les élèves ne vont pas tarder à arriver. J'ai de biologie avec les terminales, j'ai donc prévu de leur faire un exercice en groupe sur des révisions de l'an passé. Je dois être sûr qu'ils maîtrisent le chapitre, sinon ma dissection tombera à l'eau la semaine prochaine.