Iris

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Bonne lecture.

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Je dois éteindre l'eau. Elle est glaciale et je suis frigorifiée. Mes membres tremblent. Ma vue est trouble. Mon cerveau tambourine. Mes lèvres sont si soudées, immobiles, que j'ai l'impression qu'elles sont congelées. Mon souffle se fait lent, échappant des nuages de fumée à chaque soupir. Je reste ici, sur le carrelage froid de ma salle de bain, recroquevillée sur moi-même, ma joue droite sur mes genoux et le regard dans le vide. Plus aucune émotion ne me transperce. Rien. Le néant. Un trou noir.

Le jet d'eau dégouline sur mon corps alors que je ferme les paupières. Il roule sur mes épaules, glisse sur mes bras et ruisselle le long de mon buste. Je n'ai même plus la force de pleurer. Mon esprit se balance encore et sans cesse entre la vie et la mort, sur un pont au-dessus d'un vide infini et il me reste un pas à faire pour tout lâcher.

Il faut que je reste forte.

Je soupire et presse un peu plus les yeux, comme si cela allait m'aider à oublier la vérité. Je veux tout oublier. Sauf que ça fait près d'une heure que je suis ici et la douleur qui me martyrise la poitrine est toujours aussi vive.

Les mains dans les cheveux, je me relève, chancelante, et ferme le robinet. Je m'efforce de sortir de cette douche, un pied devant l'autre et me sèche rapidement avant d'enfiler des vêtements. Ne pas y penser. C'est ce que je me répète sans arrêt depuis une semaine. Je frotte mes paumes contre mon visage, les coudes appuyés sur le lavabo et les cheveux dégoulinants. Le soufflement qui s'échappe de mes lèvres est tellement déchirant que je grimace. La douleur est trop dure à supporter.

Cela fait une semaine que je reste chez moi à rien faire mis à part pleurer. J'ai reçu une tonne de messages de Lucas et de Rose, je n'en ai répondu à aucun. Je n'ai prévenu personne de cette tragique nouvelle. Il faut que j'aille le faire, j'ai besoin de voir Lucas.

Tout le monde dort encore, le jour est seulement en train de se lever. J'ouvre la porte et mets les pieds à l'extérieur après une semaine à être resté enfermé dans ma chambre. Je commence à marcher, plus j'avance, plus mon rythme s'accélère. Il fait encore nuit et peu de lampadaires sont allumés, mais malgré ça je trouve tout de même le chemin.

Les larmes roulent de nouveau sur mes joues. J'ai beau les essuyer avec ma manche, elles reviennent à chaque fois. Je ne vois pas de lumière dans la maison de mon professeur. Il dort peut-être... Pourtant, sa voiture n'est pas garée comme à son habitude, elle n'est pas là. Je risque peut-être de toquer et de ne trouver personne. Tant pis, j'attendrais devant le seuil de la porte pour le voir.

Je monte les marches et tape doucement contre la porte. Personne ne répond. Je tape une deuxième fois et j'entends quelque plainte à l'intérieur. Il est là. Je ne sais pas pourquoi mais mon cœur s'emballe, j'ai peur de le voir. Je ne sais pas pourquoi... J'entends le bruit des clés s'insérer dans la serrure et la porte s'ouvre sur Lucas complètement endormi, les cheveux ébouriffés et seulement vêtus de son jogging.

Lorsqu'il me voit ses yeux s'agrandissent et il me prend dans ses bras. Sa chaleur me fait du bien, elle me réconforte. Sans que je ne le contrôle, mes larmes coulent à nouveau et s'écrasent sur le torse du brun.

-Iris j'ai eu tellement peur ! Qu'est-ce qui t'es arrivé ? Pourquoi tu n'as répondu à aucun de mes messages ?

Il prend mon visage entre ses mains et dès le moment où il le voit son visage se décompose. Je sais à quoi je ressemble en ce moment. Je parais misérable. J'ai maigri, mes joues sont creuses. Mon visage est complètement pâle, les cernes sont présents même après une heure de sommeil et mon visage est rempli d'eau salée.

Grayson, The VOID [EN RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant