Grayson, The VOID [EN RÉÉCRITURE]

Lucas

J'aurais aimé aller plus loin, j'aurais aimé qu'elle craque et qu'elle me dise la vérité. Mais je ne voulais pas l'effrayer. Je sais qu'elle m'a menti, je sais qu'elle ressentait ce que je ressentais. Sa manière de bouger et de respirer ont changé dès le moment où je me suis collé à elle. Mais son comportement a aussi changé au fil de la soirée, il suffisait que mon genou touche le sien pour qu'elle décale de quelques centimètres sa chaise.

Elle était si attirante ce soir-là. Ses cheveux attachés mon fait découvrir son visage une nouvelle fois. J'ai découvert de nouvelle tache de rousseur, et un grain de beauté dans le coin de son œil gauche habituellement caché par ses mèches de cheveux. Cette fille me plaît vraiment, elle est intelligente, polie, gentille et belle. Elle est totalement différente des filles de son âge. Elle ne saute pas sur chaque garçon attirant qu'elle peut voir, elle est à fond dans ses révisions. Elle pense à son avenir. Je crois que c'est ce que j'apprécie chez elle et qui me fait tomber petit à petit.

Je suis actuellement en train d'attendre au coin de la rue d'Iris. Je lui ai envoyé un message, j'espère qu'elle va me rejoindre et que je n'attends pas comme un imbécile. Il est 23h37, je l'ai probablement réveillé, nous sommes la veille de la rentrée mais aussi un autre jour. Aujourd'hui pourrait être un jour spécial pour la plupart des personnes. Ils sont pour la plupart tous excité leur jour d'anniversaire arrive, moi je ne le suis pas. Aujourd'hui j'ai 25 ans. J'atteins enfin l'âge auquel je suis tout le temps associé par des inconnus.

Les personnes de mon entourage ne connaissent pas la date de mon anniversaire, je ne reçois donc jamais de message et de cadeaux. Cela ne me déplaît pas pour autant, je suis heureux comme ça. Je m'offre quotidiennement des surprises lorsque je dissèque un corps, je découvre de nouvelles choses. Aujourd'hui c'est différent. Je veux m'offrir un cadeau en particulier, c'est le fait de la voir, et de pouvoir goûter ses lèvres.

Des petits bruits de pas résonnent derrière moi. Je me retourne et l'aperçois, elle m'illumine avec la lumière de son téléphone. Je lui ai envoyé le message il y a 5 minutes, elle a été rapide. Elle est encore en pyjama, elle ne s'est pas changé. Ses yeux ont encore l'air endormi, je m'en veux de l'avoir réveillé, mais je suis heureux qu'elle soit venue me voir.

-Bonsoir. Dit-elle en rangeant son téléphone.

-Bonsoir, Iris. Dis-je en m'adossant au grillage.

-Pourquoi vous voulez me voir ?

Elle se rapproche de moi et s'adosse aussi au grillage, se mettant face à la rue tout en baillant. Ses yeux brillent dans l'obscurité comparée aux miens où l'on voit seulement le blanc. Elle sent bon, un mélange fleuri et de framboise chatouille mes narines.

-J'avais envie de te voir.

Elle ne me répond pas. Son regard est toujours fixé sur la route, et le mien n'arrive pas à se détacher de son visage. Iris m'a fait réaliser énormément de chose. Avant, je croyais souvent qu'il ne fallait pas chercher l'amour, mais en réalité, c'est comme si au fond de moi je n'avais pas attendu. Je cherchais son rire, son odeur, sa peau, son souffle ; tout ce que je rêvais étant gamin est là, sous mes yeux.

Il faut que j'arrête d'hésiter, de me voiler la face. Je ne suis peut-être pas amoureux mais je ne veux qu'elle. Je veux que mon coeur batte que pour elle, je veux que mes lèvres se posent sur les siennes, je veux que mes yeux ne se posent que sur son corps, son âme, son regard. Et inversement. Son sourire lui va si bien. Lorsque je la vois j'ai l'impression que le mien ce mélange au sien et que mes fossettes se dessinent dès que je la voie...

Un long silence nous entoure. Je ne veux pas qu'elle parte, pas encore, elle vient seulement d'arriver. Pourtant je n'ai rien à lui dire. Alors je lui énonce une phrase qui m'est chère. Une phrase que je n'ai jamais prononcée. Une phrase que ma mère m'a conseillé de dire à la première personne pour qui je ressentirai quelque chose...