Grayson, The VOID [EN RÉÉCRITURE]

Lucas

Tout est calme. L'écoulement de l'eau et les cris étouffés par l'eau de la jeune femme se sont arrêtés. Ses jambes pendent à côté de moi, alors que le reste de son corps est encore submergé de sang et englouti par l'eau de la baignoire. La couleur du liquide translucide doit être rouge voir légèrement brunâtre. Ça n'a pas duré longtemps, mais ça l'était assez pour me satisfaire et me faire perdre la tête. Je n'ai pas ressenti ça depuis un certain temps.

Cette pauvre femme a dû vraiment souffrir.

Mon téléphone vibre toujours autant, elle ne compte pas lâcher l'affaire. Cette histoire me rend fou. Je ne sais pas ce qu'elle veut ni ce qu'elle cherche. En réalité, je crois que je n'ai pas le courage de décrocher, j'ai honte. Je ne peux pas écouter une nouvelle fois sa voix, celle qui m'a bercé dès mon plus jeune âge. C'est la voix la plus douce que je connaisse. Cette voix pourrait détruire tous les efforts que j'ai faits pour m'en échapper.

Je peux bloquer son numéro, mais maintenant qu'elle a le mien elle peut m'appeler avec des milliards d'autres. Elle m'a laissé des tonnes de messages sur la messagerie, j'aimerais les écouter mais je suis terrifié. Je fais défiler mes notifications sur mon téléphone, la plupart d'entre elles proviennent de ce numéro que je ne veux pas enregistrer. Il y a des messages de toutes sortes, mais les derniers sont ceux qui attirent le plus mon attention.

« Je suis inquiète. Est-ce que quelque chose t'es arrivé ? »

« Je ne suis pas en colère contre toi, Luis. Répond moi, s'il te plaît. »

« Si tu lis ces messages, écoute le dernier sur ta messagerie s'il te plaît. »

Ma main tremble, tout mon corps tremble. Je n'ai jamais été dans cet état-là, cela doit probablement être dû à l'alcool. Depuis que je suis rentré je ne fais que boire, je suis à ma deuxième bouteille de Lagavulin. Je ne sens même plus la brûlure que me provoque ce liquide brunâtre lorsqu'il coule dans mon œsophage.

Je crois que l'alcool va me donner du courage.

« Luis, si tu écoutes ce message je pense que tu as sûrement dû lire mes messages écrits. Je t'en prie, laissons nous nous parler, nous voir, même si ce n'est que 5 minutes. Je suis dans ta ville. Si tu le souhaites envoie-moi un message pour me prévenir du lieu et de l'heure, j'y serai. »

« Rejoins-moi au parc du centre-ville, dans 15 minutes. » Envoie-je

Tout c'est passé dans l'espace de quelques minutes, je ne sais pas ce qu'il m'a pris. Sa voix m'a ensorcelé le temps de son message, cela m'a pris au dépourvu. J'ai complètement craqué. Je ne peux plus retourner en arrière, je dois me confronter à ce que j'ai redouter depuis que je suis partis.

J'espère que mon taux d'alcoolémie va m'être utile...

***

La nuit commence à tomber alors que je marche dans le parc où je lui ai donné rendez-vous. Malgré la forte présence d'alcools dans mon sang, j'essaye de rester le plus neutre possible. Mais je pense que ça risque d'être plus compliqué que je ne l'ai prévu. Je ne sais pas si ma démarche semble normale, je fais de mon mieux.

Je n'ai pas vu ma génitrice depuis tellement longtemps, mais je me souviens toujours à quoi elle ressemble. Je n'avais que 19 ans lorsque j'ai appris cette mauvaise nouvelle, ce n'était pas grand-chose en réalité mais pour moi ça a été un élément déclencheur. L'homme qui vivait avec nous depuis ma naissance n'a jamais été mon vrai père, celui que j'appelais papa était un imposteur.