Grayson, The VOID [EN RÉÉCRITURE]

Lucas

Il fait horriblement froid, les radiateurs ne sont pas allumés dans cette pièce, il doit faire entre 10 et 15 degrés au grand maximum. Nous sommes seulement en automne mais j'ai l'impression que l'hiver a surplombée la saison précédente.

Il n'y a plus d'encre dans la salle des professeurs. Je suis donc contraint à imprimer tous mes documents dans la bibliothèque du lycée. Ça ne fait que quelque temps que je suis ici mais je déteste cet endroit. C'est extrêmement vide, beaucoup trop calme.

Le seul avantage c'est qu'ici, les copies sont imprimées en couleurs contrairement à la salle des professeurs où elles sont imprimées en noir et blanc. Je trouve que les copies de couleurs sont beaucoup mieux que les autres. Cette version est beaucoup plus pratique pour les élèves lorsqu'un graphique ou un schéma se présente à eux.

Mon sang bouillonne, je n'en peux plus. Depuis une semaine rien ne c'est passé. Cette envie est toujours présente, mais quelque chose d'autre prend le dessus. J'ai besoin de me défouler, et c'est que j'ai prévu ce soir. J'ai besoin d'entendre des os craquer entre mes doigts, entre les cris étouffés de mes misérables victimes.

Mais le fait que je ne suis pas passé à l'action depuis plus d'une semaine inquiètent énormément les médias. Les forces de l'ordre, les familles, les futures victimes, ils sont tous anxieux. Cette inquiétude qui survole les rues de la ville est jouissante. Je la savoure mais elle me fait exalter encore plus.

La bibliothèque est vide, seulement quelques élèves donnent vie à cette pièce. J'aimerais tant pouvoir m'amuser avec l'un d'eux, mais ceci serait trop risqué. La panique envahirait l'établissement et je serai le seul qui aurait une réaction neutre.

Peut-être en fin d'année...

Mes copies sont pratiquement prêtes, il en reste seulement quelques-unes et après ça je vais pouvoir rentrer. Mon regard se balade dans la bibliothèque, qui est en réalité plutôt grande pour l'établissement dans lequel elle réside. Il y a des tonnes d'archives et de livres, c'est à s'en perdre la tête.

Les seules étagères de livres qui m'attirent sont celles où sont rangées les encyclopédies de médecine, et je crois que je ne suis pas le seul. L'une de mes élèves s'y trouve. Elle feuillette le manuel avec un grand sourire aux lèvres, comme si elle venait de trouver son bonheur.

Elle a l'air si innocente. C'est seulement ma deuxième année dans ma carrière de professeur, mais aucune de mes élèves n'a jamais été aussi intrigante. Ni même l'une de mes victimes. Même les  filles qui étaient dans la même école que moi ne m'intéressait pas autant.

J'ai besoin de lui parler, de la tourmenter...

Je récupère précipitamment mes copies et les glisse délicatement dans mon sac. Je sors de la pièce et me dirige vers elle. J'ai l'impression de redevenir l'adolescent que j'étais pendant mes années de lycée. Je fonce les yeux fermés vers une histoire qui est risquée. Mais je ne peux pas m'en empêcher, et pour la première fois depuis des années je suis terrifiée...

-Si je serai toi je reposerai cette encyclopédie, elle est trop compliqué pour ton niveau. Dis-je en passant à côté d'elle.

Elle sursaute et referme le manuel. Elle se tourne vers moi et me regarde, ses jolis yeux noisette me regardent. Son regard bouge rapidement, elle m'inspecte. Elle respire difficilement, son torse se soulève et redescend de manière rapide et irrégulière, comme si on venait de la prendre sur le fait d'une scène de crime.

-Je ne vous permets pas de me rabaisser de la sorte. Dit-elle en reposant le manuel.

-Je ne te rabaisse pas, Iris. Dis-je dans un sourire. Je signifie simplement que tu devrais réviser pour vendredi, à la place de traîner ici. Bonne soirée.