Iris

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La fatigue pèse dès le réveil, elle s'écroule sur mon corps, aussi frêle que de la porcelaine. J'ai une amie qui me tient la main : la culpabilité. Je culpabilise de n'avoir aucune énergie. Je culpabilise de ressentir ce que je ressens, d'être dans cet état que bien trop de gens ne comprennent pas. Je n'ai envie de rien, pourtant je m'ennuie.

Je ne sais pas comment aller mieux, pourtant j'aimerais. Je suis épuisée après chaque effort, je veux juste fermer les yeux et m'enfoncer dans mon lit éternellement. Je souhaite me reposer, tout le temps, mais lorsque je le fais, je me noie dans mes larmes en pensant à tout ce que je rate. Quelquefois j'essaye de sortir, mais tout me semble sombre à l'extérieur également.

Je n'ai alors qu'une seule envie : m'enfuir. Mais quoi que je fasse, je suis bloquée dans une télévision qui passe le même film angoissant en boucle.

Chaque moment, chaque tristesse, chaque émotion qui me vient en tête me pousse au bout de mes forces, comme si la raison et le problème étaient moi contre le monde.

Aujourd'hui a lieu l'enterrement de maman. Je n'ai pas envie d'y aller, j'ai peur. Je vais me retrouver face à elle qui dort profondément dans son cercueil. Elle doit tellement m'en vouloir. Tout est de ma faute si elle n'est plus de ce monde, si je n'étais pas sortie avec ce monstre il l'aurait laissé tranquille. Elle ne serait pas morte.

Noah et Edward ont préparé mes vêtements. Une robe noire, celle de maman, sa préférée. J'ai honte de la mettre, je vais salir son image, mais ils ont tous les deux insisté. Ils tiennent à ce que je la mette, pour lui rendre honneur et leur faire plaisir.

Je me regarde dans le miroir, c'est une catastrophe. Je ne ressemble plus à rien. Mes yeux sont irrités et gonfler par les larmes. Mon teint est pâle, je ne mange quasiment plus rien depuis plus d'une semaine. Mes joues sont creuses. Je me dégoûte. Le décès de maman et la trahison de Lucas me noircissent l'esprit et me tue petit à petit.

J'ai envie de me maquiller mais ça ne sert à rien, le mascara ne tiendra pas durant la cérémonie et le reste de la journée. Je me contente simplement  de réchauffer mon teint avec un peu de couleur. Tout le monde est déjà prêt, il ne reste plus que moi. J'enfile ma robe et descends rejoindre mon beau-frère et mon beau-père.



***


L'enterrement est terminé depuis plus d'une heure, pourtant je suis toujours devant ce cercueil. Il pleut des cordes mais je ne bouge pas d'un poil. On m'a ramené un parapluie mais je ne l'utilise toujours pas.

Mon regard vide est posé sur le sol, mon esprit est embrouillé, le temps est ralenti autour de moi, il y a juste moi dans mon néant, perdu à nouveau dans un monde fou.

Mes larmes coulent en parallèle avec la pluie, sans arrêt, à cause de la douleur ancrée en moi. Chaque larme est une douleur que j'ai préférée garder en moi, chaque goutte de pluie qui tombe sur mon visage a le goût d'amertume, le goût de mes larmes.

Même quand la pluie tombe, mes larmes s'écoulent sans fin, mon visage goûte chaque goutte de pluie. Mes larmes coulent et tombent au sol, pour les fleurs fanées.

J'ai l'impression d'être dans un monde obscur, je ne ressens rien, Je me sens perdu, je ne suis plus épanoui. J'aimerais sortir de cet enfer, retrouver ma joie. Mais comment si elle n'est plus là ? Ma vie n'a plus aucun sens sans maman...

J'aimerais me réveiller, que tout ce qu'il se passe n'est qu'un mauvais cauchemar. Ou alors tout oublier, devenir amnésique et recommencer ma vie à zéro, comme si je venais de naître. Je ne souffrirais plus de l'absence de maman et je ne penserais plus à lui.

Grayson, The VOID [EN RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant