Grayson, The VOID [EN RÉÉCRITURE]

Lucas

Les minutes défilent, ça me rassure. Ce maudit cours ne va pas tarder à toucher à sa fin. Je ne me sens absolument pas bien, j'ai l'impression d'être malade, au bord du malaise. Sa présence dans cette salle est comme un poison. C'est à cause de cette fille que je suis rentré dans cet état, que ces voix ressurgissent dans ma tête. Cela paraît insensé. Comment une fille de 17 ans que je ne connais pas pourrait me faire cet effet ? Je ne sais pas, mais j'en ai la certitude que cela provient d'elle. Depuis qu'elle est rentré dans cette salle, que son regard s'est posé sur moi, je ressens des vertiges.

Bordel qu'est-ce qu'il m'arrive...

Plus les minutes passent, plus je me sens mieux, malgré ces vertiges qui reprennent lorsque mon esprit me ramène à elle. J'essaye de me concentrer sur les copies que je dois préparer mais cela est compliqué. J'ai beau passer outre de sa présence, le fait de savoir qu'elle se trouve tout de même près de moi me désoriente. C'est comme si j'étais connecté à elle, mais cela n'est que l'invention de ces maudites voix qui veulent simplement que j'en finisse par de terribles moyens.

Je pense que si je me regarde dans une glace, je serai effrayé par mon propre reflet. Mon teint doit probablement être blanchâtre ce qui fait accentuer la noirceur de mes cernes. Je ressens des sueurs froides, cela doit également se voir, je peux sentir quelque chose de frais couler lentement sur ma tempe depuis quelques minutes.

Si je viens à me retrouver face à une victime à ce moment présent, je ne suis absolument pas crédible. Je ressemble à un putain de comédien dans ce piteux état, je n'ai pas besoin de le voir pour le conclure. J'en ai honte. Je suis censé émaner la peur et l'angoisse, je ne suis pas censé ressembler au bouffon du roi.

Je ne peux pas m'empêcher de regarder l'horloge toutes les minutes. Il ne me reste plus qu'une quinzaine de minutes, les élèves ne vont pas tarder à rendre leurs copies. Je m'en impatiente. J'ai besoin de prendre l'air avant qu'un drame se produise.

J'essaye de me concentrer et de rester sérieux. Je ne veux pas paraître étrange auprès de mes élèves. Iris a déjà compris que quelque chose n'allait pas lorsque nos regards se sont croisés, je ne peux pas commettre cette erreur une seconde fois...

Une chaise grince contre le sol, signe qu'un élève vient sûrement de se lever. Mon regard monte en direction de ce qu'il se trouve en face de moi, et j'avais raison. Un élève marche vers moi. Elle marche vers moi. Elle me regarde étrangement, comme si un inconnu se trouve en face d'elle.

Je pose mon regard sur elle alors qu'elle continue d'avancer. Elle est envoûtante. Qu'est-ce qui m'attire chez elle ? Ce n'est qu'une gamine de 17 ans qui est en train de découvrir la vie. Il y a quelque chose de fort chez elle qui me procure cet effet. J'ai besoin de savoir ce que c'est, j'ai besoin de me rapprocher d'elle.

Il n'y a qu'un seul moyen pour que cela arrive...

Je la regarde avec insistance, je n'arrive pas à le contrôler. Mon regard doit la gêner, elle détourne le sien et baisse la tête vers le sol alors qu'elle se positionne devant mon bureau. Elle y dépose sa copie, et ne retire pas ses doigts de celle-ci. Ses cheveux couvrent son visage. On dirait une enfant qui essaye de se cacher après s'être fait chamailler.

C'est amusant.

Mes yeux descendent vers sa copie que j'analyse rapidement. À vu d'œil, elle semble avoir tout juste, et ça ne me plaît pas. J'ai besoin qu'elle loupe toutes ses évaluations, si elle ne le fait pas je vais être contraint à lui mettre des mauvaises notes même si elle ne le mérite pas.

Tout ça parce que je dois être près d'elle.

Mes doigts se posent également sur la copie, près des siens. Le léger courant d'air qui passe entre nos doigts nous fait croire que nos phalanges se frôlent...