Lucas

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Je suis fier de moi. J'ai réussi à rendre Iris heureuse grâce à une seule petite chose. Je crois que cette sortie lui tient à cœur. Son rêve de rentrer en École de médecine est impressionnant. Elle ne m'a pas dit la raison de cette envie, mais je pense que cela a un rapport avec ses parents. Si elle ne m'avait pas parlé de ce qu'elle aimerait réaliser, je n'aurais probablement jamais demandé à Monsieur Andros de l'emmener.

Il est tard, la nuit est déjà tombée. J'aurais aimé aller voir Iris à son travail, mais je ne veux pas la presser. Je suis assis sur mon canapé, regardant les informations à la télévision. Ceci n'est pas dans les habitudes, mais cette fois-ci j'en avais envie. Je sais qu'on parle souvent de moi à la radio ou à au journal télévisé, mais je n'ai jamais fais attention. Je suis curieux ce soir.

« Une éventuelle piste aurait été découverte sur le tueur en série, The Void. Les brigades criminelles ont retrouvé le corps de la jeune fille de 8 ans qui avait disparu, il ne présente aucune blessure. Les médecins légistes sont donc en train d'examiner son appareil digestif pour voir ce qui aurait pu provoquer sa mort. À côté de son corps a été trouvé une empreinte de chaussure qui pourrait probablement appartenir à son bourreau. Cette trace a permis de donner l'idée aux policiers de regarder les caméras de surveillance des habitants et voici les images qu'ils ont pu relever. »

Je suis attentif. Mes yeux sont fixés sur l'écran, je ne perds pas une seconde d'image. Mon coeur palpite, mon sang bouillonne. Les autorités n'ont jamais découvert d'indice sur moi depuis que mes meurtres ont commencé. J'en suis terrifié mais à la fois excité. Je n'attends pas grand-chose de ces images, j'ai surveillé les alentours et aucune caméra ne pouvait montrer une parcelle de mon visage.

L'écran affiche la rue dans laquelle j'étais avant-hier soir. La qualité d'image est très médiocre. On voit ma silhouette de dos, je suis recouvert de vêtements noirs. Sur mon épaule se trouve le cadavre de l'enfant que je lâche parterre sans délicatesse. Je regarde aux alentours... Lorsque je regarde ces images, mon coeur cesse de battre. Mon regard fixe l'objectif de la caméra. Mes yeux sont apparemment et ça ne me plaît pas du tout.

« Cet homme fait à peu près 1 mètre 80, ses yeux semblent être de couleur marron foncé. La qualité de l'image laisse à désirer, les autorités font de leur mieux pour améliorer celle-ci. Nous espérons du fond du cœur que cet homme soit repéré très prochainement et qu'il soit arrêté. Concernant les- »

J'éteins ma télévision et me dirige vers ma cuisine. Je sors un verre de whisky et me sers ma bouteille préférée, Lagavulin. Le liquide brunâtre coule dans mon verre, je le remplis à ras bord. Je porte le verre à mes lèvres et laisse glisser l'alcool dans ma gorge. Ça me brûle, le goût est si savoureux, je ne m'en lasse jamais. Je bois tout d'un coup et repose brutalement le verre sur la table. Je m'en sers un deuxième, un troisième... Je ne les compte plus.

Ma tête me fait mal, mon estomac me brûle. Mon coeur bat beaucoup trop vite, je suis au bord du coma éthylique. Je repense à cette idiotie que j'ai faits, je me suis faits avoir à mon propre jeu. J'ai envie de recommencer, de leur montrer qu'ils ne pourront pas me trouver, comme le jeu du chat et de la souris. J'ai envie de faire pire, de créer plus de peur et souffrance. Hélas je ne peux pas, c'est trop risqué.

Il faut que je calme ce besoin, il me ronge, il me hante. C'est une addiction, mais il va falloir que je la remplace pendant un petit moment. Je pense à tout ce que j'ai dans ma cave : des coeurs, des poumons, des yeux, des rates, et j'en passe. Je peux m'occuper avec ça, peut-être que cela calmera ces maudîtes voix.

Je m'empresse de rejoindre la cave. Une fois dedans je récupère mon marteau et mon couteau. Ma cave est remplie de tache de sang, que ce soit sur les murs, le sol, les tables. J'aime ça, et j'aime l'odeur de l'humidité mélanger à ce sang séché. Je sors les coeurs du frigidaire et les dépose sur la table. Je les regarde, je les imagine en train de battre tout en expulsant du sang de la veine cave supérieur et de l'artère aorte... Je sais que du sang se trouve encore dedans. Je vais me faire un plaisir de le verser dans un verre, que je ferai boire à ma prochaine victime. Le goût du sang n'est pas mauvais, il est sucré et a un goût de fer...

Grayson, The VOID [EN RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant