Grayson, The VOID [EN RÉÉCRITURE]

Lucas

Je n'ai pas su me retenir, la tentation était trop forte. On est en pleine journée, je risque gros, mais ça me fait tellement de bien de voir cette femme se noyer dans la rivière. Ma nouvelle technique favorite ; lui accrocher la cheville à quelque chose de lourd pour la faire couler.

Je n'ai pas craqué pendant plus de deux semaines, je n'en pouvais plus. C'était soit cette stupide femme qui me regardait à en baver, ou alors j'allais commettre bien pire dans la nuit. Je n'ose même pas l'imaginer. Des bulles remontent à la surface. Je la vois se débattre en essayant de remonter la surface, mais en vain. Sa seule échappatoire est la mort, la faucheuse l'attend les bras ouverts.

Je ne sais pas si cette idiote est mariée, s'il elle a un enfant ou si elle a un travail, peu importe. Nous sommes huit milliards d'humains sur terres, une personne de moins ne changera pas grand-chose. Bien le contraire. On devrait me remercier, et remercier tous les gens comme moi qui nous débarrassons de ces pourritures humaines. La terre n'a pas besoin de gens comme eux, de femmes qui sont capables de tromper leurs hommes en ouvrant leurs jambes à un homme qui ne lui accorde pas la moindre attention. Ça vaut de même pour les hommes qui ose violer des femmes innocentes. Mais cette catégorie n'est pas pour moi.

Nous sommes cachés de la civilisation. Je suis juste derrière un centre commercial où l'accès est très restreint. Personne ne peut nous voir ici. Je l'espère. Le corps ne s'agite plus, c'est à présent un cadavre. Les derniers bulles remontent à la surface, elle a lâché alors qu'il lui restait encore un peu d'air dans les poumons. Petite fragile.

Elle a hurlé comme aucune autre victime n'a hurlé avec moi. Elle a pleuré, elle a pleuré des larmes mélangées à du sang. Je ne me suis pas seulement contenté de la noyer, je l'ai aussi frappé à sang à l'aide de ma bague. Je me suis amusé et j'en ai pris du plaisir.

Contrairement à ce qu'on pourrait croire en me voyant, mon sang ne comporte aucun gramme d'alcool. Je suis simplement insensé, cinglé. Je le sais. Je sais que quelque chose cloche chez moi et que j'aurai dû me faire soigner dès les premiers symptômes. Mais une partie de moi refuse de l'admettre. Mon cœur et la raison le savent, mais mon cerveau contrôlé par ces maudites voix me le fait oublier.

J'ai arrêté de compter le nombre de victimes. Il y en a trop. Ma collection ne s'agrandit plus et cela me démange, hélas aujourd'hui je ne pourrais pas rajouter un de ces petits bijoux. Je ne vais pas plonger dans cette eau trouble seulement pour récupérer un œil. Si j'avais été plus intelligent je l'aurais faits avant de la jeter à l'eau, comme je l'ai faits lorsque j'ai marqué mes initiales sur sa peau avec du feu.

J'ai envie de fumer, mais je n'ai plus de cigarettes. Il va falloir que j'aille m'en acheter sur le chemin du retour. J'attends encore quelques minutes avant de partir, pour être sûre qu'elle soit bien morte et invisible depuis la surface. Ce serait dommage qu'il la répète aussi vite. Au début je voulais faire une chasse au trésor mais version chasse à la dépouille. J'ai vite abandonné l'idée, c'est bien trop risqué. Je ne veux pas prendre le risque de perdre à cause de mon écriture, d'une caméra ou de mes empreintes digitales.

Je dépose mon casque sur mes oreilles et écoute ma musique. Je marche doucement mais je sens les petites brindilles s'écraser sous mon poids. Je ne dois pas être repéré. Je sais que l'alerte disparition a déjà été lancée, j'ai reçu une notification. Après tout cela fait deux heures que je suis ici. Mon charme a fait tout le travail.

Je sors de la minuscule forêt et contourne le centre commercial. Des chiens abois, et j'entends des personnes m'appeler. Je me retourne pas, je fais semblant de ne rien entendre avec mon casque. J'accélère le pas. Il faut que je m'éloigne, j'ai bien peur d'être découvert. Je rentre par l'une des portes du centre et essaye de me faufiler dans la foule le mieux possible.