Chapitre 5

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Plusieurs jours passèrent jusqu'au samedi fatidique. Harry avait continué à s'entraîner à la magie sans baguette sous l'œil exigeant de Voldemort et il était désormais capable d'attirer à lui les petits objets sur quelques mètres de distance. Mais ses sorts restaient lents et requerraient toute sa concentration, bien loin de ce à quoi Voldemort était capable.

Harry n'avait pas vu le temps passer et s'était surpris à trouver ce quotidien agréable, même s'il s'en sentait toujours un peu coupable. Ron et Hermione lui manquaient mais les savoir en sécurité l'aidait grandement à supporter cette distance. Il les avait mis si souvent en danger qu'il ne pouvait aussi s'empêcher de penser qu'ils étaient mieux sans lui, d'autant que Nagini ne l'avait presque jamais quitté, comblant efficacement son besoin d'affection.

Le samedi matin, il se trouva incapable d'avaler quoi que ça soit tant il avait l'estomac noué par le stress. Il allait être séparé de Nagini tout le temps de sa présence au Ministère et cela ne l'aidait pas à se calmer. Voldemort ne manqua pas d'ironiser sur la situation.

- Tu m'as affronté plusieurs fois sans faillir, décapité un Basilic, volé l'œuf d'un dragon et tu es effrayé par une bande de journalistes !

- Je préfèrerais encore devoir repasser l'épreuve du Magyar à pointes. Et je sais que la vie de mes amis dépend de ce discours donc oui je ne peux pas m'empêcher de stresser.

- Le texte que tu avais rédigé me semblait très convaincant. À moins que tu n'aies décidé de profiter de cette tribune pour révéler tous mes secrets...

- Arrêtez-ça. Je n'ai pas changé d'avis, je ne suis pas inconscient au point de tout foutre en l'air. Je ferais ce que j'ai à faire.

Voldemort les fit transplaner une heure avant le discours jusqu'à la demeure de Corban Yaxley. Harry portait des vêtements spécialement achetés par Narcissa Malefoy sur ordre de Voldemort et il avait l'impression de se préparer pour une pièce de théâtre tant rien de tout cela ne lui semblait naturel. La robe sorcière qu'il portait était amidonnée et brodée de fils d'argent et de petites pierres vertes. Elle était noire et descendait jusqu'à ses chevilles, lui donnant une allure de parfait descendant de Serpentard. Il avait attaché ses cheveux en arrière pour éviter de les avoir dans les yeux et mettre en valeur la cicatrice sur son front mais cette apparence était tellement éloignée de celle qu'il arborait à Poudlard qu'il se demanda si ses amis n'allaient pas douter de son identité. Désormais il était trop tard pour se changer. 

Voldemort se désillusionna et Yaxley les fit rejoindre le Ministère par le réseau des cheminées. L'estrade apprêtée pour Harry n'était désormais qu'à quelques mètres et il sentit son angoisse monter. Il était encadré par Pius Thicknesse et Corban Yaxley mais ils avaient rapidement été rejoints par Lucius Malefoy et Dolores Ombrage. Cette dernière l'avait gratifié de son sourire le plus horripilant, lui donnant une furieuse envie de lui jeter un sort. Dans la foule il reconnu quelques visages, dont Percy et Arthur Weasley, ainsi qu'Albert Runcorn, le sorcier dont il avait pris l'apparence lors de leur infiltration. Il prit une profonde inspiration et réajusta ses lunettes sur son nez. Il savait ce qu'il devait dire.

- Bonjour à tous. Tout d'abord je voudrais remercier le Ministère, qui me permet de m'expliquer publiquement sur mes actions de ces six derniers mois. J'ai inquiété de nombreuses personnes par ma conduite irresponsable et je m'en excuse. Depuis mon entrée à Poudlard, le professeur Dumbledore avait été comme un père de substitution pour moi et son décès m'a profondément choqué. Il m'avait abreuvé de ses exploits et si souvent raconté ses aventures que je me suis inventé une mission. Tous mes amis savent combien j'ai toujours détesté ces surnoms d'Élu ou de Survivant, d'autant qu'à mes yeux je ne les mérite en rien, et en inventant cette histoire, je voulais quelque part mériter ce pouvoir que les gens me prêtent. Je ne veux surtout pas justifier mon comportement, je suis entièrement responsable des mauvaises actions que j'ai pu commettre. J'ai fugué le lendemain de mes dix-sept ans, sans prévenir qui que ce soit, je me suis mis en danger et j'ai mis en danger ma meilleure amie qui a cru à mon histoire. J'ai honte de ma conduite et j'ai de la chance que des Aurors soient finalement parvenus à me retrouver. Je dois aussi remercier monsieur Malefoy qui a généreusement accepté de m'héberger jusqu'à la fin de mes études. Je vais retourner à Poudlard et essayer de rattraper mon retard pour passer mes ASPICS à la fin de l'année. Merci de m'avoir écouté.

Dépendant au serpentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant