Chapitre 18

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- Ça, Harry, c'est un nid de Runespoor. Prends-en un délicatement pour le mettre dans la boîte. Il sera ton familier.

Harry écarquilla les yeux. Il avait vécu la mort d'Hedwige comme un déchirement et avec la chasse aux Horcruxes, il n'avait pas imaginé une seule seconde prendre un nouveau familier. À présent il avait une maison, il vivait en sécurité et ne risquait pas de repartir à l'aventure. Cependant il avait du mal à croire que Voldemort ait pu faire quelque chose d'aussi désintéressé.

- Vraiment ?!

- Tout à fait. Pourquoi crois-tu que nous sommes ici ? Les Runespoor peuvent se rendre très utiles. Ils produisent un venin puissant et acquièrent une taille respectable en grandissant. Il fera un familier digne de toi. J'ai pensé que cela te plairait.

- Oui ! Ça me fait vraiment plaisir ! Merci !

Pour peu, il en aurait sauté de joie. Il expira longuement pour se calmer et se concentra pour soulever l'un des œufs avec toute la délicatesse dont il était capable. Voldemort l'incitait si souvent à utiliser sa magie pour manipuler des objets, qu'il pouvait désormais influencer très précisément la force de son emprise en fonction de la fragilité d'un objet. Sa magie était devenue une extension parfaite de ses doigts et il n'en était pas peu fier.

La boîte que Voldemort avait préparée, semblait être faite exprès pour contenir un œuf de cette taille. L'intérieur était gravé de runes et Harry eut juste le temps d'en reconnaître quelques-unes, notamment une propre aux enchantements de protection et une autre liée à l'idée de stase, avant que Voldemort ne la referme sur son futur compagnon. Il n'avait encore que survolé la création d'objets magiques mais il avait le sentiment que Voldemort devait avoir créé celui-ci juste pour cette occasion.

- Cette boîte protégera l'œuf jusqu'à notre retour à la maison. Je créerais un vivarium pour qu'il puisse éclore dans de bonnes conditions. Maintenant, partons, il ne vaudrait mieux pas que la mère nous trouve dans les environs.

Alors qu'ils s'étaient éloignés de quelques pas, Harry s'immobilisa soudain.

- Pourquoi vous faites tout ça pour moi ?

- Je te l'ai déjà dit. Je veux t'attacher à moi par la dévotion, Shesha. Être à la fois ta famille, ton mentor, ton dieu...

Harry ouvrit la bouche mais ne trouva pas quoi répondre. Il était extrêmement prétentieux de la part de Voldemort de le verbaliser ainsi et pourtant il était bien en train d'y parvenir. Harry avait beau avoir conscience de se faire manipuler en beauté, il était d'autant plus effrayant de ne pas arriver à y résister. C'était comme si ses émotions ne lui appartenaient plus. Voldemort savait exactement où appuyer pour le faire réagir justement parce qu'il le connaissait mieux que lui-même. Finalement il haussa les épaules et secoua la tête.

- Je crains de faire un piètre dévot. J'ai toujours refusé de croire en l'existence de dieux car sinon, cela voudrait dire qu'ils s'étaient montrés singulièrement injustes envers moi.

- Je pensais pareil étant jeune. C'est pour cela que j'ai décidé de devenir mon propre dieu. Et regarde aujourd'hui mes Mangemorts... Ils me vénèrent, prient pour recevoir mes faveurs, se soumettent face à ma colère. Il ne leur viendrait pas à l'esprit de me défier et acceptent que j'aie le droit de vie et de mort sur eux... Et je ferais de toi mon champion.

Voldemort s'était arrêté pour le regarder dans les yeux et Harry ne put soutenir son regard. Parce qu'il avait hâte de voir son familier éclore, parce qu'il adorait Nagini et parce qu'il se sentait extrêmement fier des progrès qu'il avait réalisés grâce à au mage noir. En résumé, il ressentait exactement ce que Voldemort voulait qu'il ressente.

Dépendant au serpentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant